Un tribunal français confirme l’interdiction de l’abaya dans les écoles publiques | CNN
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Ces dernières années, la France a appliqué une série d’interdictions et de restrictions controversées sur les vêtements habituellement islamiques, qui ont fréquemment suscité la colère des pays musulmans et des groupes de défense des droits internationaux.
Paris
CNN
La plus haute cour de France a confirmé jeudi l’interdiction faite par le gouvernement aux élèves des écoles publiques de porter l’abaya, un vêtement long ressemblant à une robe souvent porté par les femmes musulmanes, dans une décision qui, selon les groupes de défense des droits, entraînerait davantage de discrimination.
En l’état, le juge considère que l’interdiction du port de ces vêtements ne constitue pas une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale, indique le tribunal dans un communiqué publié en ligne.
Cette interdiction trouve son fondement juridique dans une loi votée en 2004 interdisant le port de signes religieux ostentatoires dans les écoles françaises.
Le tribunal a estimé que le port de l’abaya s’inscrivait dans une démarche d’affirmation religieuse, comme le montrent les propos tenus lors des discussions avec les étudiants.
La contestation judiciaire de l’interdiction a été présentée vendredi dernier et les arguments des deux parties ont été entendus mardi. Action Droits Des Musulmans (ADM), le groupe de défense des droits musulmans qui a déposé le recours, a fait valoir que l’interdiction porte atteinte aux droits fondamentaux, tels que le droit à la liberté personnelle.
L’avocat du groupe, Vincent Brengarth, a déclaré aux journalistes avant l’audience que l’interdiction avait été imposée de manière arbitraire car elle ne contient aucune définition légale de ce à quoi ressemble une abaya.
Suite au jugement de jeudi, ADM a déclaré dans un communiqué que le tribunal n’avait pas rempli son rôle de protection des libertés fondamentales des enfants, garantissant leur accès à l’éducation et le respect de leur vie privée, sans aucune forme de discrimination.
L’ADM a également fait part de ses profondes inquiétudes quant aux conséquences que cette décision pourrait avoir sur les jeunes filles, qui risquent de subir au quotidien des discriminations fondées sur leur apparence ethnique et religieuse, la violence de ces interrogatoires vestimentaires et les traumatismes et harcèlements qu’ils provoquent, entravant ainsi leur accès à l’éducation et leur réussite scolaire.
Le ministre français de l’Éducation, Gabriel Attal, a cependant salué la décision du tribunal, la qualifiant de décision importante pour les écoles de la République.
La vocation des écoles est d’accueillir tous les élèves, avec les mêmes droits et devoirs, sans discrimination ni stigmatisation, a déclaré Attal sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter.
Le président français Emmanuel Macron avait précédemment défendu cette interdiction, qui est la dernière d’une série de restrictions controversées dans le pays sur les vêtements associés aux musulmans. Macron a déclaré que l’interdiction ne stigmatisait personne, mais que les gens qui prônent l’abaya le sont.
Ces dernières années, la France a appliqué une série d’interdictions et de restrictions controversées sur les vêtements habituellement islamiques, qui ont fréquemment suscité la colère des pays musulmans et des groupes de défense des droits internationaux.
L’année dernière, les législateurs ont soutenu l’interdiction du port du hijab et d’autres symboles religieux visibles lors des compétitions sportives. L’amendement a été proposé par le parti de droite Les Républicains, qui a soutenu que le hijab pourrait mettre en danger la sécurité des athlètes qui le portent lorsqu’ils font du sport.
L’interdiction antérieure par la France du port du niqab par certaines femmes musulmanes violait les droits humains de celles qui le portaient, a déclaré le Comité des droits de l’homme des Nations Unies en 2018.