Un rapport du gouvernement révèle que le secteur français de l’énergie a « 30 ans de retard »

Du fait des « incohérences politiques » et de la dérive sans but de la politique énergétique depuis le milieu des années 90, la France a perdu la perspective de subvenir à ses propres besoins en énergie, notamment en électricité.

Le rapport de 372 pages présenté au parlement jeudi est le résultat de six mois d’enquête par une commission multipartite.

Le document est, selon le quotidien centristeLe Monde« une longue histoire d’erreurs stratégiques remarquables, d’avertissements ignorés, de chances manquées, de réflexions à court terme, d’hypothèses infondées, de paris risqués et d’écrans de fumée réglementaires et législatifs. »

« Aujourd’hui, la France est au pied du mur » en matière d’approvisionnement énergétique, selon deux des membres de la commission, Antoine Armand du groupe Renaissance et Raphal Schellenberger des Républicains de droite.

La commission a passé 150 heures à interroger des experts, des scientifiques, des chefs d’entreprise, des hauts fonctionnaires, d’anciens ministres du gouvernement et deux ex-présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande.

En six mois, raconte Antoine Armand, « on est passé de l’incompréhension à la surprise à la consternation ».

Un secteur coincé dans le passé

Les faits donnent effectivement à réfléchir. Le mix énergétique français n’a guère évolué en trois décennies.

Le pays produisait 87% de son électricité à partir de sources non carbonées en 2022, mais n’a pas réussi à capitaliser sur cette énorme avance dans la course mondiale pour abandonner les combustibles fossiles.

Le rapport a révélé qu’alors que la France aurait dû investir dans les secteurs solaire et éolien, à la fois pour la production d’électricité et pour vendre la technologie française dans le monde, une série d’échecs politiques ont laissé la porte ouverte aux Chinois, qui dominent désormais le monde.

Le développement du secteur nucléaire a été ralenti sous la présidence Hollande en réaction à la catastrophe de Fukushima en 2011.

Aujourd’hui, ce secteur, censé fournir 70 % de l’électricité nationale, produit les deux tiers de moins qu’en 2005, car 32 des 56 réacteurs français sont fermés pour une maintenance essentielle mais chronophage.

Le fiasco de l’eau sous pression

Pire, l’industrie nucléaire française a perdu son statut de leader mondial en raison des retards et des pannes liés à la prochaine génération de réacteurs.

La commission dit clairement que la décision de construire les soi-disant centrales nucléaires à eau sous pression était malavisée, puisque ni la technologie ni la conception n’avaient été finalisées. L’unité de Flamanville 3 accuse désormais 12 ans de retard et des milliards d’euros de dépassement budgétaire.

Le rapport indique que peu d’efforts ont été faits pour se préparer à prolonger la durée de vie utile des réacteurs nucléaires français, malgré le fait que tout le monde savait qu’ils approchaient de leurs dates de péremption.

La commission fait 30 propositions, la plus importante étant l’appel à l’établissement d’une législation pour encadrer les besoins énergétiques et climatiques au cours des 30 prochaines années.

Cette loi tiendrait compte des besoins énergétiques probables, au regard des impératifs environnementaux, et comporterait l’obligation d’un contrôle strict par le parlement et diverses institutions expertes.

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