Un artiste d’origine française trouve l’inspiration sur l’île de Pâques isolée

RAPA NUI, Chili (AP) Rapa Nui, le territoire chilien éloigné du centre du Pacifique largement connu sous le nom d’île de Pâques, abrite une église catholique présentant des œuvres d’art qui reflètent la culture ancestrale des insulaires ainsi que les croyances chrétiennes. Parmi les œuvres accrocheuses figurent des vitraux – créés par un artiste d’origine française qui représentent des personnages ressemblant à des habitants de Rapa Nuis.

L’artiste, Delphine Poulain, est née à Paris il y a 52 ans et est amoureuse de Rapa Nui depuis sa première visite en 1994. Elle sourit au souvenir.

Je montais à cheval sur la plage quand j’ai pensé pour la première fois que je voulais vivre ici, a-t-elle déclaré.

À l’époque, Poulain vivait à Tahiti, travaillait comme marin professionnel et voyageait souvent dans d’autres îles de la Polynésie. Un voyage à Rapa Nui a suffi pour imaginer une future maison dans ce pays de volcans éteints et de statues monolithiques appelées moai, bien que près de trois décennies se soient écoulées avant que ce rêve ne devienne réalité.

À certains moments, Poulain a travaillé comme infirmier. Elle est devenue décoratrice de bateaux. Elle revient occasionnellement à Paris, mais sa fascination pour la Polynésie la ramène à plusieurs reprises dans le Pacifique.

Lors d’un de ces voyages de retour en France, elle est tombée amoureuse de l’homme qui avait été son petit ami adolescent. Maintenant, ils ont eux-mêmes deux enfants et tous les quatre ont élu domicile à Rapa Nui depuis 2014.

Poulain dit qu’elle chérit la liberté et la tranquillité procurées par l’éloignement de l’île, qui abrite environ 7 700 personnes.

L’année dernière, reconnaissante pour les bénédictions que Rapa Nui lui a accordées, Poulain a offert un cadeau : des vitraux représentant les 14 Chemins de Croix de l’église Sainte-Croix, située à Hanga Roa, la ville principale de l’île.

De nos jours, la communauté Rapanui est majoritairement catholique, mais ses pratiques religieuses sont intimement liées à ses croyances ancestrales.

Les thèmes musicaux que les fidèles chantent pendant la messe racontent des passages bibliques traduits en langue rapanui. Les statues en bois qui représentent la Vierge Marie et le Saint-Esprit n’ont pas été inspirées par l’iconographie occidentale, mais par le physique et l’héritage des ancêtres insulaires.

La statue de Marie, près de l’autel de l’église, ressemble à un moai. Près de l’entrée principale, le troisième symbole de la Sainte Trinité n’est pas une colombe, mais plutôt un manutara – un oiseau considéré comme sacré au XIXe siècle.

L’adaptation de l’iconographie catholique à la culture ancestrale de Rapa Nui a été essentielle pour maintenir l’adhésion à la religion que les missionnaires européens sont venus répandre au XVIIIe siècle.

Les Rapanui protègent leur identité, n’accueillant pleinement les étrangers que s’ils s’efforcent d’embrasser la culture insulaire. Sur une tombe à l’extérieur de l’église Sainte-Croix, où sont conservés les restes du missionnaire bien-aimé Sebastin Englert, l’épitaphe se lit comme suit : Il a vécu parmi nous et a parlé notre langue.

Poulain a déclaré que gagner l’acceptation des locaux n’était pas facile, mais elle a été patiente. Ses vitraux ont été une autre étape sur le chemin : depuis qu’elle a commencé à les placer dans l’église le 24 décembre 2021, certains Rapanui qui ne l’avaient pas saluée auparavant agitent maintenant la main lorsqu’ils la voient passer.

J’ai tellement de respect pour l’île et les gens, dit-elle. Avant j’étais seule, mais maintenant les gens connaissent mon mari et mes enfants.

L’engagement de Poulain à s’intégrer à l’île fait partie de son quotidien. Sa famille habite au bord de la plage où, il y a longtemps, elle rêvait de s’installer ici. La couleur de leur maison ressemble à la roche volcanique des zones, afin de ne pas altérer le paysage. L’eau utilisée à la maison est collectée à partir des précipitations. Ils dépendent d’un panneau solaire pour l’électricité.

Lorsqu’ils se sont installés ici, la famille n’avait qu’une tente pour se protéger. Maintenant, leur maison est un dépositaire de ce que l’île leur a donné.

Le toit a été construit en tôle et le reste en bois. La vaisselle est lavée sur ce qui était autrefois le fond d’une baignoire ; au-dessus de la salle à manger se trouve une lampe qui était autrefois une poubelle en métal.

Il y a eu beaucoup de difficultés, mais aussi beaucoup de bonheur. C’était mon rêve et vivre votre rêve est incroyable, a déclaré Poulain.

À l’intérieur de son atelier, il y a un arbre à côté du bureau de fortune où l’artiste trouve l’inspiration. Son travail commence par des croquis sur une feuille blanche. Ensuite, elle prend ses images sur la toile avec de la peinture acrylique.

Pour les vitraux promis à l’église, elle a besoin d’un pigment qu’on ne trouve qu’en France, donc l’obtenir prend du temps et il lui reste encore 10 des 14 vitraux à finir.

Poulain n’a jamais étudié formellement l’art. Mais ses parents avaient des livres à la maison et elle se souvient en avoir lu un sur les mystères du monde, où elle a découvert Rapa Nui pour la première fois. Son style artistique a varié au fil des ans, mais l’esthétique de la Polynésie a été une constante

En plus de ses œuvres d’art, Poulain possède sept chevaux, gagnant un revenu en proposant des promenades à cheval aux touristes.

Elle s’assoit parfois à l’extérieur de sa maison, sirotant du vin, regardant ses chevaux approcher pour leur repas du soir. La scène pourrait être un paysage imaginaire d’une de ses peintures ; au lieu de cela, c’est son rêve de longue date devenu réalité.

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La couverture religieuse d’Associated Press est soutenue par la collaboration des AP avec The Conversation US, avec un financement de Lilly Endowment Inc. L’AP est seul responsable de ce contenu.

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