Ukraine : la France renforce sa présence militaire en Europe de l’Est
Des avions de chasse Rafale pour protéger les pays baltes
Depuis 2004, les tournées de police du ciel dans le cadre de l’OTAN étaient confiées aux Mirage (F1, 2000C, 2000-5 encore ce printemps) mais cette fois, la France envoie un signal en envoyant des avions de chasse Rafale pour protéger les trois démocraties baltes, membres de l’OTAN. C’est le ministre des Armées Sébastien Lecornu qui en a fait l’annonce aujourd’hui au Sénat, parmi d’autres capacités qui rallieront l’Europe de l’Est dans les mois à venir.
La France déployait déjà quatre Rafale en Jordanie et sept aux Émirats arabes unis. La quinzaine d’avions en opex sera donc atteinte, soit 20% des Rafale de l’Armée de l’Air et de l’Espace, un effort capacitaire qui n’est donc pas du tout négligeable, puisqu’il faudra évidemment poursuivre plus que jamais la dissuasion nucléaire. posture et la défense du ciel français, tout en maintenant une capacité d’intervention réactive depuis la France.
Déjà des Rafale en Pologne en 2014-2015
A ce stade, seule la destination des Rafale est connue en Lituanie, où les Français ont déjà été déployés à plusieurs reprises. Le choix de ce pays plutôt que l’Estonie, dernière zone d’emploi des combattants français (du 15 mars au 1er août cette année) n’est pas détaillé, mais c’est l’Otan qui affecte les contributeurs aux zones d’emploi pour cette mission, confiée pour la partie exécutive au CAOC (centre combiné des opérations aériennes) d’Uedem (Allemagne). Les Rafale (à l’époque monoplaces du régiment de chasse 2/30 Normandie Niemen) avaient déjà navigué en Pologne, à Maalbork, en 2014-2015, lors de la première guerre d’Ukraine, partageant leur mandat avec des Mirage 2000.
Les mêmes Rafale du Neu-Neu ont été mobilisés dès le 24 février pour effectuer des missions au-dessus de la Pologne, depuis la France, des vols longs de huit heures, entrecoupés de quatre à cinq ravitaillements en vol. En février, le CASAE avait proposé ce choix (plutôt que de baser des Rafale à l’Est) à l’ECS afin de ne pas déstabiliser la formation et la préparation opérationnelle.
Message à la Russie
Le fait d’envoyer des Rafale, plutôt que des Mirage 2000-5, dont la vocation première est de le faire, est aussi un message adressé à la Russie. La France envoie ce qu’elle a de plus moderne. Contrairement aux vols effectués depuis le 24 février en configuration lourde (avec trois canisters et une demi-douzaine de missiles Mica et Meteor), les vols de police du ciel ont une configuration plus légère, avec deux missiles en moyenne, l’un à guidage radar actif et l’autre à guidage thermique. Les canons sont systématiquement armés.
Le manque de précisions disponibles sur cette posture aérienne pourrait s’expliquer par son caractère récent : la volonté de répondre rapidement par un signal fort aux dernières attaques russes en Ukraine, et de ne pas laisser un récit dans lequel la France resterait sans action, au-delà de l’indignation , au sein de l’OTAN en tout cas.
Chars Leclerc pour la Roumanie et Griffon en Estonie
Car pour le reste des annonces du ministre des Armées, dans le domaine terrestre, tout était prévu en fait depuis l’été : un escadron de Leclerc (donc a priori 13 chars) et une compagnie de VBCI (c’est-à-dire , 17 véhicules blindés au moins) gagneront la Roumanie, probablement d’ici la fin novembre. Et en Estonie, la France enverra une compagnie d’infanterie sur le Griffon (qui sera le deuxième déploiement opérationnel, après le Mali), portant le nombre de soldats à 400, en plus du cap symbolique des 1 000 qui sera atteint en Roumanie (qui accueille également une section Mamba sol-air de l’Armée de l’Air française). En marge de la présentation à l’IHEDN, le 6 octobre, la CEMAT avait expliqué à Air & Cosmos avoir « proposé au CEMA » cette possibilité d’envoyer en Estonie une compagnie sur Griffon, soit 16 véhicules (12 sur transport d’infanterie et quatre de commandement).
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