TSE et le développement de l’agrivoltaïque en France

En mars 2023, la France a adopté une loi pour accélérer la production d’énergie renouvelable. Dans cette interview, Bertrand Drouot L’Hermine, directeur général adjoint du développement commercial chez TSE, évoque le rôle important que jouera l’agrivoltaïque non seulement pour sevrer le pays des énergies fossiles, mais aussi pour apporter des avantages aux agriculteurs français.

8 juin 2023

Quel est le potentiel de développement des projets agrivoltaïques en France ?

Bertrand Drouot L’Hermine : Nous sommes à la fin d’un premier cycle de développement solaire au sol en France. Depuis 15 ans, le gouvernement favorise les centrales solaires à grande échelle sur les terres dégradées. Or ces sites se font de plus en plus rares avec de plus en plus d’enjeux, notamment en matière d’enjeux environnementaux. Pour accélérer le développement de l’énergie solaire, plusieurs intérêts doivent coexister sur un même projet, qu’il soit d’ordre écologique ou agricole. L’agrivoltaïque est un élément très important pour le développement du photovoltaïque en France, dès lors qu’il est bien conçu, c’est-à-dire que l’installation PV est vertueuse pour l’activité avec laquelle elle coexiste, au-delà d’une simple rémunération.

En quoi le couplage agro-solaire peut-il être bénéfique pour les terres et les activités agricoles ?

Bertrand Drouot L’Hermine : La combinaison d’une source d’énergie solaire avec une terre cultivée ou une ferme d’élevage offre différents avantages. Tout d’abord, il offre à la culture une protection contre les aléas climatiques tels que la grêle ou les températures extrêmes en créant une ombre tournante sur la parcelle. Cela permet la régulation de la température et le décalage entre les moments d’eau et le stress thermique des plantes. Il réduit également l’évapotranspiration et, par conséquent, la consommation d’eau. Par exemple, sur la première récolte de soja de notre projet à Amance, nous avons constaté une réduction de 75% du stress hydrique sous le système par rapport à la parcelle de référence !

Chaque développeur a un ensemble spécifique d’exigences pour la solution qu’il a conçue. TSE a développé une gamme de produits répondant aux besoins spécifiques et aux contraintes du terrain pour apporter des solutions agri-PV pour les cultures, les sites d’élevage, les jachères, etc.

TSE Directeur Général Adjoint Business Development Bertrand Drouot L’Hermine

Image : TSE

Quelles sont les caractéristiques technologiques à considérer ?

Bertrand Drouot L’Hermine : Les principales contraintes que nous intégrons sont liées à l’orientation des parcelles, leur typologie, leur topographie, et bien sûr, aux exigences traditionnelles des centrales solaires. La spécificité des solutions TSE est qu’elles sont conçues en fonction des besoins de l’activité agricole. L’enjeu pour nous est de fournir à l’agriculteur un service qui s’adapte à ses pratiques agricoles, que ce soit en termes de culture ou de mécanisation. Notre auvent permet le passage de la quasi-totalité des engins agricoles grâce à un espace inter-poteaux de 27 mètres dans le sens de la culture avec un point bas à 5 mètres.

Quels sont vos différents partenaires et comment travaillez-vous avec eux ?

Bertrand Drouot L’Hermine : Nous développons de grands volumes de projets en phase avec l’incroyable défi auquel le pays est confronté. Nous nous appuyons sur des partenaires à la fois bien implantés localement et capables d’industrialiser de gros volumes, comme Huawei pour nos onduleurs.

Comment l’agrivoltaïque peut-elle contribuer à atteindre les objectifs de la transition énergétique en France ?

Bertrand Drouot L’Hermine : La crise énergétique dans laquelle la France est plongée depuis deux ans est davantage liée à une crise de capacité qu’à l’invasion russe de l’Ukraine. La France doit développer sa capacité de production d’électricité de façon exponentielle dans les 10 à 15 prochaines années pour trois raisons : premièrement, nous devons décarboner notre mix énergétique, qui est encore composé à 61 % d’énergie fossile. Cela passera par l’électrification des usages et le développement des énergies décarbonées comme l’hydrogène ; deuxièmement, nous devons remplacer l’énorme capacité nucléaire qui sera supprimée entre 2030 et 2035 en espérant que ces centrales fonctionneront jusque-là dans des conditions acceptables en termes de coût et de disponibilité ; et enfin, parce que nous voulons réindustrialiser le pays, l’énergie solaire comme source d’énergie la moins chère, la plus rapide à déployer et la plus acceptée sera la meilleure réponse possible pour compléter notre parc nucléaire historique.

En France, la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables du 10 mars 2023 a donné un cadre aux installations photovoltaïques sur les terres agricoles. Qu’est-ce que cela change pour l’industrie?

Bertrand Drouot L’Hermine : Bien qu’imparfaite, cette loi a une double valeur. C’est la première loi dédiée aux énergies renouvelables, montrant la volonté d’accélérer. Elle donne également un cadre clair et contraignant à ce qu’est et doit être l’agrivoltaïque : la coexistence de deux activités, la production d’énergie solaire apportant un bénéfice à l’agriculture qui n’est pas seulement financier. Il faut maintenant attendre les décrets d’application pour s’assurer que ces exigences sont effectives !

Quels sont les jalons que vous comptez atteindre dans les années à venir ?

Bertrand Drouot L’Hermine : Sur le plan technique, nos innovations sont désormais matures et validées. Nous nous engageons à développer davantage de projets pilotes avec les meilleurs partenaires techniques, chambres d’agriculture, coopératives comme Dijon Crales, INRAE ​​(Institut National de la Recherche Agronomique), l’école d’agronomie de Purpan, ou l’Institut de l’Elevage, afin de démontrer les services que nos solutions fournissent. D’autre part, nous développons plus largement nos solutions sur l’ensemble du territoire. TSE est le producteur d’énergie solaire avec la plus forte granularité territoriale. Nous développons des projets partout en France.

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