Retour sur un mois de colère des agriculteurs en France
Qu’ils bloquent les autoroutes, apparaissent à la télévision, manifestent devant les bâtiments gouvernementaux et les centrales d’achat des supermarchés, travaillent sur des sites industriels, conduisent leurs tracteurs et se font sentir au bureau du Premier ministre français et à l’Elyse, les agriculteurs sont devenus une force dominante, même omniprésent, présence en France depuis près d’un mois maintenant.
Cependant, lorsque les éleveurs français ont établi le premier barrage routier sur l’autoroute A64 près de la ville de Carbonne, dans le sud-ouest de la France, le 17 janvier, personne n’aurait pu imaginer l’ampleur de la mobilisation qui allait s’étendre à tout le pays. Une vague de colère latente avait commencé à s’exprimer. Les agriculteurs ont exprimé leurs frustrations et envisagent de les intensifier à l’occasion de l’ouverture du plus grand salon agricole d’Europe : le Salon international de l’agriculture de Paris, le samedi 24 février.
Les agriculteurs ont conduit leurs tracteurs dans le centre de Paris vendredi avec deux convois de véhicules et des rassemblements publics prévus par les syndicats d’agriculteurs avant le salon de l’agriculture. Ils ont également prévu de maintenir la pression sur le gouvernement puisqu’une délégation devait rester devant le lieu du spectacle pour accueillir Emmanuel Macron à son arrivée samedi.
Malgré l’appel officiel des syndicats agricoles à l’arrêt de la mobilisation le 1er février, des mouvements de protestation ont continué à s’organiser à travers le pays. De la vérification de l’origine des produits alimentaires dans les magasins au déversement de fumier devant les bâtiments publics en passant par les opérations « escargots » visant à ralentir la circulation, les actions de protestation des agriculteurs ont pris de nombreuses formes. Le syndicat Confdration Paysanne, par exemple, a lancé mercredi 21 février une attaque contre Lactalis, le plus grand groupe laitier au monde. Près de 200 manifestants ont pris d’assaut le siège du géant laitier à Laval, dans l’ouest de la France, et ont exigé une rencontre avec son PDG. , Emmanuel Besnier, dans le cadre de la revendication syndicale de meilleurs salaires pour les éleveurs.
Bataille électorale stratégique
Les questions de compensation et de concurrence déloyale ont été au cœur des premières mobilisations paysannes des viticulteurs des célèbres vignobles de Bordeaux et du Languedoc qui ont dû écouler leurs surplus de vin à prix cassés ; aux éleveurs de bovins, d’ovins et de caprins qui luttent depuis des années pour obtenir des prix de vente décents. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été l’épizootie hémorragique qui a touché les troupeaux de bovins du sud-ouest de la France à l’automne 2023. Une augmentation de la taxe sur le gazole tout-terrain (GNR) a également servi de catalyseur.
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