Pourparlers militaires France-Niger en cours sur fond de spéculations sur le retrait des troupes

Une source au sein du ministère de la Défense, qui a choisi de rester anonyme, a confirmé que des pourparlers concernant le retrait de certains éléments militaires ont commencé. Cependant, aucun détail précis sur les négociations n’a été divulgué.

Relations tendues : les retombées entre le Niger et la France

Le fossé entre le Niger et la France, alliés historiquement proches, s’est creusé depuis que Paris a confirmé la légitimité du gouvernement élu du président Bazoum et dénoncé le régime post-coup d’État. Le 3 août, les putschistes ont encore exacerbé les tensions en renonçant à plusieurs accords clés de coopération militaire avec la France.

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Le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine, nommé par la junte militaire, a indiqué lundi que des discussions étaient en cours pour accélérer le départ des troupes françaises. Malgré les relations tendues, Zeine a exprimé le désir de maintenir la coopération avec la France, reconnaissant leur histoire commune.

Une source proche du ministre de la Défense Sébastien Lecornu a révélé que les discussions portaient également sur la facilitation des mouvements des moyens militaires français au Niger. Notamment, les forces françaises sont principalement stationnées sur un aérodrome près de la capitale, Niamey, qui a été le théâtre de récentes manifestations exigeant leur retrait.

Une région en ébullition : impact sur l’influence française

Le coup d’État au Niger marque un revers important pour l’influence française dans la région, après les précédentes prises de pouvoir militaires au Mali (2020) et au Burkina Faso (2022). De plus, le 30 août, un coup d’État au Gabon a renversé le président Ali Bongo Ondimba, dont la famille était au pouvoir depuis plus de quatre décennies.

La réponse de la France à ce changement de pouvoir au Gabon a été nettement plus mesurée que sa réaction à l’éviction de Bazoum.

Manifestation au Niger
Une grande manifestation a eu lieu récemment devant l’ambassade de France à Niamey, au Niger. (Source de l’image : Twitter)

La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a réaffirmé la reconnaissance par la France du président Bazoum et de son gouvernement comme autorités légitimes au Niger. Elle a souligné que les troupes françaises avaient été initialement déployées à leur demande pour s’engager dans des opérations antiterroristes. Cependant, avec la suspension de la coopération antiterroriste à la suite du coup d’État, cette mission est devenue intenable.

Colonna a souligné que c’est désormais la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et non la France, qui prend les devants dans la région. L’affirmation du président Macron selon laquelle le concept de «Francafrique» – dénotant l’influence néocoloniale de la France – n’est plus applicable, a repris Colonna.

« La démarche de la France est d’écouter les Africains, pas de décider à leur place. La Francafrique est morte depuis longtemps», a-t-elle déclaré.

Un bref aperçu de l’histoire des relations France-Niger

Si l’on regarde l’histoire, les relations franco-nigériennes sont profondément enracinées dans les liens coloniaux et la coopération post-indépendance. Le Niger, ancienne colonie française, a obtenu son indépendance en 1960.

Pendant l’ère coloniale, le Niger, comme de nombreux autres territoires africains, a été une source de ressources et de main-d’œuvre précieuses pour la France. L’héritage de cette histoire coloniale est encore palpable au Niger, de sa langue officielle (le français) à son système juridique et administratif. Ce patrimoine historique partagé a laissé une empreinte indélébile sur la culture et les institutions du pays.

Après l’indépendance, la France et le Niger ont continué à entretenir des relations diplomatiques, la France jouant un rôle de premier plan dans le soutien aux efforts de développement de Niamey. L’aide économique, l’assistance technique et les échanges culturels ont été des éléments essentiels de cette relation. La France a également fourni une assistance militaire au Niger, notamment dans la lutte contre le terrorisme.

La situation sécuritaire dans la région du Sahel, caractérisée par la présence de groupes jihadistes et diverses formes d’instabilité, a encore approfondi la collaboration entre la France et le Niger. La situation stratégique de Niamey et ses frontières poreuses avec les pays voisins en ont fait un partenaire essentiel dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Les forces militaires françaises sont stationnées au Niger dans le cadre des efforts régionaux plus vastes de lutte contre le terrorisme.

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Cependant, l’histoire des relations franco-nigériennes n’a pas été sans défis. Les événements récents, comme le coup d’État de juillet 2023, ont tendu les relations. La décision de la France de reconnaître la légitimité du président Mohamed Bazoum après son élection et sa condamnation ultérieure du régime post-coup d’État ont entraîné des retombées diplomatiques importantes. Le renoncement des putschistes aux principaux accords de coopération militaire avec la France a encore souligné la dynamique évolutive de cette relation.

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Dans ce paysage géopolitique en évolution, le sort de la présence militaire française au Niger reste incertain, les négociations entre l’armée française et l’armée nigérienne déterminant la trajectoire de leur engagement dans la région du Sahel.

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