Poilievre : le nouveau chef de droite des conservateurs du Canada

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Ottawa (AFP) Le nouveau chef des conservateurs du Canada est un politicien de carrière de droite avec un flair pour les zingers qui a déjà augmenté l’adhésion au parti, et maintenant il est prêt à défier Justin Trudeau lors des prochaines élections.

Lorsque cela arrivera, probablement en 2025, Pierre Poilievre – qui a fait campagne pour suivre le parti vers la droite – deviendrait le quatrième chef conservateur à affronter les bousculades contre le premier ministre libéral.

Né à Calgary et abandonné à l’adoption par une mère célibataire adolescente, Poilievre n’avait que 25 ans lorsqu’il est entré en politique en 2004 et a été élu sept fois pour représenter un district de la banlieue d’Ottawa.

En 2018, il a épousé une ancienne assistante du Sénat, Anaida Galindo, qui a émigré avec sa famille du Venezuela. Ils ont deux enfants, Valentina et Cruz.

Il a été ministre subalterne à deux reprises avant l’entrée en fonction de Trudeau, mais avant sa candidature réussie à la direction à 43 ans, il était surtout connu pour ses attaques acharnées et pleines d’esprit au Parlement.

Il a devancé cinq prétendants au poste de conservateur en s’élevant contre l’inflation et les mandats de vaccination contre Covid, en promouvant les crypto-monnaies et les pipelines et en soutenant le convoi de protestation dirigé par des camionneurs qui a occupé la capitale en février.

Grandes foules

Il a attiré de grandes foules dans les mairies et de nombreux téléspectateurs sur ses vidéos en ligne effrontées – portant sa femme sur le dos et expliquant les longues files d’attente dans les bureaux des passeports, par exemple, comme une invitation à « aller camper » dans les terrains du gouvernement.

Il a également augmenté le nombre de membres du parti à un nouveau sommet.

Lors de son dernier rassemblement à Victoria, il a accusé Trudeau, qui a déployé des mesures d’urgence pour dégager les camionneurs, de « laisser les gens se sentir intimidés et impuissants ».

« Je serai le premier ministre anti-réveil du Canada », a-t-il tweeté.

Kim Bathija, une mère de deux enfants de la banlieue de Toronto, a déclaré à l’AFP que les messages de Poilievre sur les problèmes de portefeuille et moins de réglementation résonnaient en elle.

« Personne n’aime qu’on lui dise quoi faire, ou que son gouvernement ne puisse rien faire pour lui », a-t-elle déclaré, soulignant les mandats de Covid-19 et la flambée des prix à la consommation.

Le professeur de l’Université de l’Alberta, Frederic Boily, a décrit Poilievre comme un « populiste protestataire » qui a puisé dans la colère et la frustration qui ont commencé dans l’Ouest canadien riche en pétrole à propos des actions climatiques, et qui ont explosé pendant la pandémie contre ce que certains considéraient comme des blocages tyranniques de la santé publique.

Geneviève Tellier, professeure à l’Université d’Ottawa, a déclaré que Poilievre – malgré ses années en politique – apporte un « visage frais et jeune » et est beaucoup plus charismatique que ses prédécesseurs.

« Il est très à droite et veut aligner le Parti conservateur sur les provinces de l’Ouest et le secteur pétrolier et gazier », a-t-elle déclaré.

Trop polarisant ?

Mais ce n’est pas un idéologue, conviennent les deux universitaires. « Poilievre ne parle pas de politique identitaire, comme Marine Le Pen en France, par exemple », a déclaré Boily.

Pourtant, ses détracteurs l’accusent d’enhardir les franges politiques, alors qu’il cherche à saper les partis d’extrême droite parvenus blâmés pour les récentes pertes des conservateurs aux urnes, en divisant le vote.

Les conservateurs progressistes ont menacé de quitter le parti, qui, selon la sénatrice Marjory LeBreton, est « en proie à une crise d’identité ».

La députée Michelle Rempel Garner, qui a soutenu un rival à la direction, a déclaré qu’il y avait un « manque de consensus sur les questions critiques » au sein du parti, marqué par « des combats physiques presque manqués, des coups d’État, des diffamations, des enregistrements divulgués et des e-mails confidentiels ».

L’homme d’affaires célèbre Kevin O’Leary dans un e-mail aux membres du parti a qualifié Poilievre de « trop ​​polarisant » pour gagner une élection générale.

Tellier et Boily ont suggéré qu’il devrait pousser le parti vers le centre pour gagner, mais risque alors d’aliéner sa base.

Un récent sondage a montré que l’électorat est prêt pour un changement de gouvernement alors que Trudeau entame sa huitième année au pouvoir.

Les conservateurs et les libéraux sont statistiquement à égalité, tandis que la cote personnelle de Trudeau est au plus bas depuis sa victoire écrasante en 2015, a déclaré à l’AFP Tim Powers, responsable d’Abacus Data. « Donc il est vulnérable. »

En même temps, a-t-il ajouté, « Poilievre est peut-être populaire dans les cercles conservateurs et a peut-être du vent dans les voiles, mais pour le grand public, c’est un livre qui reste à écrire. »

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