paysage de l’écoblanchiment : législation existante et à venir au Royaume-Uni et dans l’Union européenne | JD Supra

Bref

La situation: Le Royaume-Uni et l’Union européenne ont récemment annoncé des propositions visant à introduire de nouveaux instruments juridiques qui traitent de l’écoblanchiment présumé. Une fois mise en œuvre, une telle législation régulerait et limiterait à terme les revendications environnementales que les entreprises en Europe peuvent faire valoir dans leurs communications publiques, comme c’est déjà le cas en France.

Le résultat: Les communications au public qui affirment qu’un produit particulier est, par exemple, « propre », « vert » et/ou « respectueux de l’environnement » doivent être étayées par des preuves documentaires convaincantes pour démontrer l’exactitude de ces allégations, compte tenu de l’ensemble cycle de vie du produit concerné.

Regarder vers l’avant: Les réformes législatives prévues au Royaume-Uni et dans l’Union européenne conféreront aux régulateurs des pouvoirs élargis pour exercer un recours en cas d’allégations d’écoblanchiment faites par des entreprises dans le cadre de la promotion, de la publicité et de la vente de leurs produits. Ces réformes pourraient bien entraîner une augmentation des réclamations initiées par les consommateurs, les ONG et d’autres tiers.

LÉGISLATION À VENIR AU ROYAUME-UNI ET DANS L’UNION EUROPÉENNE

Le Royaume-Uni et l’Union européenne ont annoncé une nouvelle législation sur l’écoblanchiment.

Au Royaume-Uni, le projet de loi sur les marchés numériques, la concurrence et la consommation devrait être publié plus tard cette année et conférer à la UK Competition and Markets Authority (« CMA ») de nouveaux pouvoirs pour infliger des amendes aux entreprises en cas de violation du droit de la consommation (gouvernement britannique , déclaration d’automne 2022). Si cette législation est votée, la CMA aura le pouvoir d’imposer des amendes aux entreprises jusqu’à 10% de leur chiffre d’affaires global.

La Financial Conduct Authority du Royaume-Uni a également proposé de nouvelles règles à la fin de l’année dernière axées sur le prétendu écoblanchiment. Les règles limiteront la manière dont des termes tels que « ESG », « vert » et/ou « durable » peuvent être utilisés en ce qui concerne les produits d’investissement.

L’Union européenne a publié, le 22 mars 2023, une nouvelle proposition, 2023/0085(COD), de directive européenne sur la justification et la communication des allégations environnementales explicites (directive sur les allégations vertes) qui fixerait des critères minimaux pour faire des allégations environnementales. Cette proposition prescrit en détail comment les allégations écologiques pour les produits doivent être faites et comment ces allégations doivent être étayées afin d’éviter des « allégations environnementales peu claires ou mal étayées ». En outre, la proposition contient des dispositions détaillées sur la méthodologie, la transparence et l’utilisation des étiquettes vertes ainsi que des allégations concernant les performances environnementales futures. Enfin, la proposition exige des États membres qu’ils mettent en place un système de surveillance surveillant le marché et ayant le pouvoir d’enquêter et de faire respecter la conformité au moyen de recours, y compris des injonctions et des « sanctions effectives, proportionnées et dissuasives » en cas d’infractions.

Ces nouvelles lois viendront compléter les régimes existants respectivement au Royaume-Uni et dans l’Union européenne, qui sont de plus en plus utilisés par les autorités, les concurrents, les ONG, les consommateurs et d’autres tiers pour faire valoir des allégations d’écoblanchiment au Royaume-Uni, en France, en Allemagne et ailleurs.

RÉGLEMENTATION EXISTANTE DU GREENWASHING

Le Royaume-Uni

Les consommateurs, les entreprises et les groupes au Royaume-Uni peuvent faire part de leurs préoccupations au sujet d’allégations d’écoblanchiment à divers organismes, notamment la CMA et l’Advertising Standards Authority (« ASA »).

CMA. La CMA est habilitée à enquêter sur l’écoblanchiment (entre autres) en vertu du Consumer Protection from Unfair Trading Regulations 2008 (« CPUT ») et du Business Protection from Misleading Marketing Regulations 2008. À court terme, la CMA devrait acquérir de nouvelles pouvoir d’infliger des amendes aux entreprises pour violation du droit de la consommation, comme expliqué ci-dessus.

L’AMC a publié son Green Claims Code (« GCC ») en septembre 2021, qui visait à aider les entreprises à se conformer à leurs obligations en vertu de la loi sur la protection des consommateurs lorsqu’elles font des allégations environnementales sur leurs produits et services. Le CCG ne crée pas de nouvelles obligations légales pour les entreprises, mais clarifie le point de vue de l’AMC sur la manière dont les lois sur la protection des consommateurs s’appliquent dans la pratique aux allégations environnementales. Par exemple, dans le cadre du CCG, les entreprises doivent s’assurer que leurs déclarations sont (i) véridiques et exactes ; ((ii) clair et sans ambiguïté ; (iii) n’omettez ou ne cachez pas d’informations pertinentes importantes ; (iv) comparez les biens et les services de manière juste et significative ; (v) tenez compte du cycle de vie complet du produit ou du service ; et ( vi) sont justifiés.

En juillet 2022, la CMA a publié un communiqué de presse indiquant qu’elle enquêterait sur le secteur de la mode et, en particulier, sur trois grandes marques de mode, concernant les allégations de durabilité et de respect de l’environnement afin de déterminer si elles étaient trompeuses, en violation du CPUT (ASOS , Boohoo et Asda ont enquêté sur les allégations «vertes» de la mode). Avance rapide jusqu’en janvier 2023, le PDG de l’AMC a déclaré : « [l]L’année dernière, nous avons ouvert une enquête pour examiner de près les affirmations écologiques et durables d’un certain nombre d’entreprises du secteur de la mode. Et, comme nous l’avons dit dans notre projet de plan annuel, nous nous préparons à lancer des travaux d’examen des revendications écologiques dans d’autres domaines également. » (Discours de Sarah Cardell, PDG de la CMA au Scottish Competition Forum : « Sustainability – Exploring the possible », 25 janvier 2023).

La CMA a publié un autre communiqué de presse fin janvier 2023 indiquant qu’elle étendrait ses travaux en cours sur l’écoblanchiment pour examiner l’exactitude des affirmations écologiques faites par les entreprises concernant leurs biens de consommation à rotation rapide afin de s’assurer que les consommateurs britanniques ne sont pas induits en erreur ( Autorité britannique de la concurrence et des marchés, communiqué de presse : « CMA to scrutize ‘green’ claims in sales of Household Essentials », 26 janvier 2023). Les pratiques concernant l’emballage ou la commercialisation de produits comme « durables » ou comme étant meilleurs pour l’environnement sans aucune preuve, et les allégations trompeuses sur l’utilisation de matériaux recyclés ou de matériaux naturels.

COMME UN. L’ASA est chargée de résoudre les plaintes présumées d’écoblanchiment dans les publicités et le matériel promotionnel. Le UK Code of Non-broadcast Advertising and Direct & Promotional Marketing (« CAP Code ») et le UK Code of Broadcast Advertising (« BCAP Code ») (ensemble, les « Codes ») établissent tous deux les règles selon lesquelles les entreprises font de la publicité dans le Le Royaume-Uni doit suivre. Comme son nom l’indique, le code CAP s’applique aux publicités non diffusées qui incluent les publicités apparaissant sur le propre site Web d’une entreprise.

Les règles 9 et 11 du Code BCAP et du Code CAP (respectivement) se rapportent directement aux allégations environnementales contenues dans le matériel publicitaire. Par exemple, les deux codes exigent que le fondement de toute allégation environnementale soit clair pour les consommateurs et qu’il soit fondé sur le cycle de vie complet du produit ou du service annoncé. Les Codes exigent également que toute allégation absolue soit étayée par un « niveau élevé de justification ».

En octobre 2022, l’ASA a statué qu’une campagne publicitaire à l’échelle du Royaume-Uni d’une banque internationale qui présentait des panneaux d’affichage dans les rues principales liés au changement climatique omettait des informations importantes et était donc trompeuse. L’ASA a conclu que la publicité, qui mettait en évidence les initiatives environnementales de la banque, ne sensibilisait pas les consommateurs au fait que la banque continuait de financer des investissements qui contribuaient à des niveaux notables de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre. L’ASA a considéré qu’il s’agissait d’informations importantes susceptibles d’affecter la compréhension du message global par les consommateurs. Elle a jugé que les publicités enfreignaient le Code CAP et qu’il leur était interdit d’apparaître sous la forme incriminée. La banque a été informée qu’elle doit s’assurer que toute future publicité est adéquatement qualifiée et n’omet pas d’informations importantes (Code PAC, règles 3.1 et 3.3 (publicité trompeuse) ; règle 11.1 (allégations environnementales)).

Allemagne

Actions en justice civile par des ONG et des concurrents. En Allemagne, les concurrents et les ONG peuvent porter plainte pour écoblanchiment présumé devant le tribunal civil. La base juridique d’une telle réclamation est la loi contre la concurrence déloyale qui interdit les déclarations fausses ou trompeuses ou les omissions concernant les critères commercialement pertinents d’un produit ou d’un service.

Actuellement, des ONG allemandes, telles que la Deutsche Umwelthilfe, sont très actives dans la poursuite en justice d’entreprises pour écoblanchiment présumé. Des revendications telles que « neutralité climatique » ou « compensation carbone » font l’objet de poursuites judiciaires contre plusieurs entreprises devant divers tribunaux civils en Allemagne.

En raison d’un manque de clarté persistant, notamment en ce qui concerne la signification et le contenu de termes tels que « respectueux de l’environnement », « compatible avec l’environnement » ou « biologique », ainsi que les signes les indiquant, le risque d’induire les consommateurs en erreur est considéré comme être particulièrement élevé dans le domaine de la publicité environnementale. Des informations de clarification peuvent être utilisées pour éviter d’induire le public en erreur, car les tribunaux évalueront généralement si la documentation fournie à l’appui d’une réclamation justifie le fond de la réclamation faite.

Procédures et enquêtes administratives ou pénales. Le droit allemand prévoit également des procédures administratives ou pénales en cas de publicité mensongère, permettant aux autorités d’enquêter sur de tels cas. Dans la pratique, cependant, ces procédures sont rarement utilisées car les autorités publiques ne surveillent pas activement le marché allemand en ce qui concerne les allégations de greenwashing. Mais il reste à voir comment l’Allemagne mettra en place à l’avenir un système de surveillance contre l’écoblanchiment, comme l’exige la nouvelle proposition de la Commission européenne.

France

En France, les allégations environnementales fausses ou trompeuses concernant des produits ou des services sont considérées comme un délit conformément à une mise à jour du Code de commerce français applicable à compter du 25 août 2022. Ces allégations peuvent entraîner des sanctions pénales ainsi que des poursuites civiles de la part des consommateurs, des ONG ou concurrents.

L’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (« ARPP »), qui est l’organisme français d’autorégulation de la publicité, publie régulièrement des recommandations en matière d’allégations environnementales, avec une version récente datée d’août 2020. L’ARPP recommande notamment à la publicité d’interdire toute représentation susceptible de banaliser ou de promouvoir des pratiques ou idées contraires aux objectifs de développement durable et impose à l’annonceur de pouvoir étayer les allégations de développement durable par des informations objectives, fiables, véridiques et vérifiables au moment de la publicité. Le JDP, une branche de l’ARPP qui traite les plaintes des consommateurs concernant les publicités qui semblent enfreindre le code de l’ARPP, a publié au fil des ans un certain nombre de décisions concernant des allégations environnementales qui font jurisprudence.

Par ailleurs, depuis le 1er janvier 2023, les allégations de neutralité carbone sont réglementées en application de l’article D. 229-106 du Code de l’environnement. Ces dispositions interdisent, en principe, de faire la publicité d’un produit ou d’un service comme « neutre en carbone », « compensé à 100 % » ou toute autre signification similaire. Cette interdiction s’applique aux communications en ligne, à la correspondance publicitaire, aux affichages publicitaires et aux emballages des produits. Un annonceur ne peut revendiquer la neutralité carbone que s’il rend un certain nombre d’informations et de documents facilement accessibles au public pour justifier la neutralité carbone revendiquée. Ces documents comprennent notamment un bilan des émissions de gaz à effet de serre prenant en compte l’ensemble du cycle de vie du produit ou du service faisant l’objet de la publicité. En pratique, répondre aux exigences des revendications de neutralité carbone risque d’être difficile pour les annonceurs en France.

Trois points clés :

  1. L’utilisation commerciale des allégations environnementales devient un domaine de plus en plus réglementé en Europe, fixant des normes élevées pour éviter le prétendu écoblanchiment.
  2. Les pouvoirs publics, les ONG et les concurrents s’emploient activement à répondre aux allégations d’écoblanchiment en Europe. Lors de la publicité d’allégations environnementales ou de la communication d’objectifs environnementaux, les entreprises doivent s’assurer que ces allégations sont étayées par des preuves scientifiques pertinentes.
  3. Les nouvelles lois à venir élargiront les possibilités pour les autorités publiques de poursuivre et de sanctionner les allégations d’écoblanchiment, y compris l’émission d’amendes dissuasives. Les entreprises seraient donc bien avisées de revoir et d’adapter leur communication commerciale conformément à la législation à venir.
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