Pas un vote de plus : réactions après la victoire de l’extrême droite française aux élections anticipées
Marine Le Pen et son parti d’extrême droite, le Rassemblement national (RN), ont remporté haut la main les élections anticipées en France, suscitant les réactions des partis rivaux nationaux et des hommes politiques étrangers.
Le RN a remporté près de 34 pour cent des voix au premier tour des élections législatives, une victoire majeure qui ne donne cependant pas au parti la majorité absolue au parlement.
Marine Le Pen, suivie par la coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) avec environ 29 pour cent et l’alliance centriste Ensemble du président Emmanuel Macron avec environ 20,5 pour cent, a appelé les citoyens français à voter pour son parti lors du second tour.
Malgré sa défaite, Macron s’est félicité du taux de participation élevé de 65,8%, et a réitéré son appel à tenir tête à l’extrême droite au second tour.
Face au Rassemblement national, l’heure est à une grande union, clairement démocratique et républicaine pour le second tour, a souligné le président dans un communiqué officiel.
Jean-Luc Mélenchon, le chef de file du centre gauche, a déclaré que le président avait subi une défaite dure et indiscutable et qu’il était responsable de la décision choc de dissoudre le Parlement, mais qu’arrêter l’extrême droite était la priorité.
Pas une voix de plus pour le RN, pas un siège de plus pour le RN, a-t-il souligné.
Chaos et échec
La percée du RN a été saluée par l’extrême droite de la politique européenne.
Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, a exprimé son optimisme après le résultat du premier tour.
Les commentaires d’Orban interviennent alors que la Hongrie prend la présidence tournante de l’Union européenne, dans un contexte d’inquiétudes généralisées concernant ce que les critiques considèrent comme un gouvernement autoritaire et favorable à la Russie.
A Bruxelles, les choses ne peuvent pas continuer comme ça, il faut que les choses changent. C’est pour cela que le Premier ministre belge est tombé, c’est pour cela que le gouvernement français est tombé, a déclaré Viktor Orban à la chaîne de télévision hongroise M1 dans une interview lundi soir.
La première raison de notre optimisme est que les citoyens veulent du changement. Mais les bureaucrates de Bruxelles pensent le contraire, ils ne veulent pas de changement, a-t-il dit. Mais cela renforce notre optimisme car cela rend encore plus évident le fait que le changement est nécessaire.
Giorgia Meloni, également membre de l’extrême droite, a affirmé que les tentatives visant à diaboliser les électeurs d’extrême droite échouaient.
La tentative constante de diaboliser et de coincer les gens qui ne votent pas pour la gauche est un piège dans lequel de moins en moins de gens tombent, a déclaré Meloni à l’agence de presse Adnkronos.
Au Royaume-Uni, le chef de l’opposition et du parti travailliste, Keir Starmer, a déclaré que la progression du RN en France était la preuve que la gauche doit montrer que seuls les progressistes ont des réponses aux problèmes du Royaume-Uni et de toute l’Europe. Les élections générales britanniques auront lieu jeudi.
« Nous devons prendre cette décision progressiste. Mais ce faisant, nous devons comprendre pourquoi, surtout au Royaume-Uni, après 14 ans de chaos et d’échecs, les gens se sentent désintéressés de la politique, remettent la politique au service de la cause et continuent à affirmer que la politique est une force du bien », a-t-il déclaré.

Le ministre israélien de la diaspora, Amichai Chikli, s’est dit impressionné par les positions adoptées par Le Pen, ajoutant que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu était apparemment du même avis.
Chikli a déclaré lundi à la radio publique Kan qu’il serait excellent pour Israël que Marine Le Pen devienne présidente de la France, les prochaines élections pour le poste de président étant prévues en 2027, compte tenu de sa position ferme contre le Hamas, la Cour pénale internationale et l’antisémitisme. La plupart des dirigeants juifs en France sont contre Marine Le Pen et le RN.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a quant à lui lancé un avertissement à l’égard de l’extrême droite.
« Ils aiment Poutine, l’argent et le pouvoir sans contrôle. Et ils sont déjà au pouvoir ou cherchent à l’obtenir à l’Est ou à l’Ouest de l’Europe », a-t-il écrit dans un message en ligne.
« Ils se regroupent au Parlement européen. En Pologne, nous avons inversé cette tendance fatale au tout dernier moment. Ne gâchons pas cette opportunité », a-t-il ajouté.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et son cabinet semblent respecter l’interdiction officieuse de commenter les élections étrangères.
Mais Michael Roth, membre des sociaux-démocrates de Scholz, a déclaré que le parti était responsable de ne pas avoir davantage soutenu Macron.
« Nous ne faisons pas preuve de suffisamment de considération pour les débats politiques et les problèmes des autres pays », a-t-il ajouté, notant que l’alternative à Macron n’est en effet plus (l’ancien président français Nicolas) Sarkozy mais plutôt un nationaliste d’extrême droite comme Marine Le Pen.
Le leader socialiste espagnol, le Premier ministre Pedro Sanchez, a également vu un avertissement dans la victoire de l’extrême droite en France.
L’avancée de l’extrême droite en France n’est pas sans rapport avec ce qui se passe dans d’autres parties du monde, notamment en Espagne, où nous constatons comment, directement ou indirectement, l’extrême droite avance institutionnellement et dans les sondages, a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne de radio Cadena Ser.
Dans le même temps, les marchés français et européens ont réagi favorablement au résultat de l’élection de lundi.
Les actions françaises et l’euro ont progressé, l’indice CAC 40, qui représente 40 des plus grandes entreprises cotées à Paris, gagnant 2,7% à l’ouverture avant de légèrement ralentir.
L’euro, qui avait été touché par l’annonce surprise de Macron à la suite des élections européennes début juin, a atteint son niveau le plus élevé face au dollar américain depuis plus de deux semaines.
Les actions européennes ont également progressé, l’indice européen STOXX 600 rebondissant après les pertes de la semaine dernière, en partie grâce à la hausse de l’indice CAC 40.