Opinion: la réinitialisation post-émeutes de Macron ne réparera pas une France brisée – The Globe and Mail

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Le président français Emmanuel Macron s’adresse aux médias à Bruxelles, en Belgique, le 18 juillet.

JOHANNA GÉRON/Reuters

À la mi-avril, après des semaines de protestations parfois violentes contre les propositions de réforme des retraites de son gouvernement, le président Emmanuel Macron a promis aux citoyens français un sursis face au chaos dans les rues en dévoilant un plan pour apaiser la colère au sein de son pays divisé.

Dans une allocution télévisée depuis le Palais de la Lyse, M. Macron a promis d’attirer l’attention de son gouvernement sur des préoccupations essentielles telles que le coût de la vie, la sécurité et les soins de santé, après avoir fait adopter une proposition impopulaire visant à relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Il a juré que, d’ici le 14 juillet, la plupart des Français commenceraient à voir des améliorations dans tous les domaines. Nous avons devant nous 100 jours de guérison, d’unité, d’ambition et d’actions au service de la France, a-t-il déclaré.

Les choses ne se sont pas passées comme prévu. À l’exception de l’habituel défilé militaire le long des Champs-lys, avec le Premier ministre indien Narendra Modi comme invité d’honneur cette année, et des feux d’artifice officiels à Paris, la fête nationale du 14 juillet a été une sombre affaire dans la majeure partie de la France. M. Macron n’a même pas prononcé de discours ; la majeure partie du pays n’était pas d’humeur pour un.

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Les célébrations ont été annulées dans de nombreuses municipalités et la possession de feux d’artifice par les citoyens ordinaires a été interdite par décret à la suite de cinq nuits d’émeutes qui ont secoué le pays à la suite de la fusillade par la police le 27 juin d’un garçon de 17 ans dans une banlieue multiethnique de Paris. La fusillade, capturée sur une vidéo de téléphone portable, a déclenché un enfer de colère parmi les jeunes racialisés, qui se plaignent depuis longtemps de la brutalité policière et de la discrimination au sein de la société française. Plus de 500 villes et villages ont été victimes de violence et/ou de vandalisme.

La réaction de la classe politique française aux pires émeutes depuis 2005, lorsque deux jeunes ont été électrocutés alors qu’ils fuyaient la police dans une autre banlieue parisienne, n’a fait qu’empirer les choses. Pour les politiciens d’extrême droite, la cause des émeutes se résumait à l’immigration. Pour ceux d’extrême gauche, les émeutes étaient une réponse compréhensible à l’oppression étatique de la sous-classe française.

Le ministre de l’Intérieur Grad Darmanin, qui supervise la sécurité publique, a tenté de contrer ces deux récits. Il a cité des données policières montrant que presque tous les émeutiers arrêtés étaient des citoyens français, dont beaucoup portaient des noms français populaires tels que Kevin et Matto. Il a également salué le travail courageux des policiers, dont des centaines ont été blessés lors des émeutes.

Dans les jours qui ont précédé le déclenchement des émeutes, de nombreux médias français rapportaient que M. Macron s’apprêtait à remplacer la Première ministre Elizabeth Borne par M. Darmanin, ancien membre du parti de centre-droit Les Républicains (LR) et protégé de l’ancien président Nicolas. Sarkozy. Insatisfaite de la gestion par Mme Bornes du dossier de la réforme des retraites, elle n’a pas réussi à convaincre suffisamment de députés LR de l’Assemblée nationale de voter pour l’initiative. sorties sur les votes futurs.

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Les rumeurs de promotion de M. Darmanins ont déclenché une mini-révolte parmi les membres de centre-gauche du propre parti de la Renaissance de M. Macron. Une fois les émeutes éclatées, l’idée de promouvoir M. Darmanin comme politicien de la loi et de l’ordre et figure globalement polarisante a été abandonnée. Lundi, les médias français ont rapporté que M. Macron avait l’intention de conserver la technocratique Mme Borne au poste de Premier ministre dans le cadre d’un remaniement ministériel prévu cette semaine.

Le remaniement est présenté par la lyse comme une réinitialisation post-émeutes pour M. Macron et son gouvernement. Mais il est plus susceptible de représenter les affaires comme d’habitude pour un président qui risque de plus en plus de devenir un canard boiteux. Sa coalition centriste d’anciens socialistes et républicains est tendue par ses propres contradictions. Plusieurs ministres, dont M. Darmanin, ont d’ores et déjà jeté leur dévolu sur la course à la présidentielle de 2027 qui, en l’état actuel des choses, s’annonce perdante pour la leader du Rassemblement national Marine Le Pens. Les émeutes n’ont fait qu’augmenter cette probabilité ; la plupart des électeurs français sont favorables à une répression policière des émeutiers.

Peu d’hommes politiques ont quelque chose de concret à offrir aux habitants les plus touchés par les émeutes.

Les milliards d’euros dépensés depuis 2005 par les gouvernements successifs pour l’amélioration des logements sociaux et autres infrastructures dans les banlieues populaires, ou banlieues, à la périphérie des villes françaises n’a guère contribué à dissiper le sentiment d’aliénation des personnes qui y vivent. M. Macron lui-même a mis le doigt sur le problème lorsque, dans un discours de 2020, il a déploré la ghettoïsation de la France résultant d’une politique explicite des gouvernements précédents de concentration des populations selon leurs origines et leur milieu social.

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Cette ségrégation de facto est désormais une facette tellement ancrée de la société française que les récentes émeutes ne seront peut-être pas les dernières de la présidence de M. Macron. Remanier son cabinet ne fera rien pour apaiser les griefs de ceux qui se sentent condamnés à des vies ternes dans des banlieues ternes par une République qui applique ses nobles idéaux de liberté, galit et fraternité donc asymétriquement.

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