Omar Daf, de Dakar à Dijon, rare entraîneur subsaharien d’un club professionnel en France – US Sports
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Quand on lui parle d’avenir, Omar Daf (45 ans), que certains imaginent un jour siéger sur le banc de la sélection sénégalaise, répond que seul le présent l’intéresse. Un cadeau qui s’écrit à Dijon, où il a été nommé en juin, après quatre ans à Sochaux, son club de prédilection. « Mon objectif est d’amener Dijon, un club ambitieux qui a les moyens d’y parvenir, en Ligue 1, ce que nous avons failli réaliser avec Sochaux la saison dernière »il dit.
Son équipe, qui reste sur une séquence négative (un nul, quatre défaites), après avoir occupé la première place du classement, se déplace à Amiens, co-leader, samedi 8 octobre, pour une rencontre de la plus haute importance. « C’est une nouvelle aventure qui commence pour moi qui ne m’étais jamais entraîné ailleurs qu’à Sochaux », précise-t-il.
Le natif de Dakar est l’un des rares Subsahariens à entraîner une équipe professionnelle en Europe. » Il n’est pas illogique que les clubs européens choisissent d’abord des techniciens européens, qui connaissent mieux le football européen, dans un marché où il y a beaucoup de concurrence.croit-il, espérant toutefois que cette situation ne sera pas figée.
Du Sénégal à la Belgique
Sa passion pour le football a des racines familiales. Son père Mamadou, aujourd’hui décédé, évoluait en Division 1 à l’US Gorée en plus de son travail d’inspecteur commercial à Yoplait, tandis que son oncle Habib, également passé par ce club, portait le maillot de la sélection. nationale.
Ce prisme familial pour le football, parfois tempéré par une mère compréhensive mais qui n’oubliait jamais de lui rappeler l’importance des études, le fit quitter le Sénégal à 17 ans pour la Belgique, où il vécut une expérience si douloureuse. utile pour sa construction d’adulte. Repéré par un agent lors d’un match disputé avec son équipe de lycée, il songe à rejoindre le prestigieux Standard Liège, l’un des meilleurs clubs du royaume. Ce sera finalement Westerlo, en D2 belge, en Flandre où le français est peu utilisé.
» Je ne comprenais pas grand-chose, je ne jouais pas beaucoup, je m’entraînais sur mon vélo, et ce n’était pas près de chez moi. Ils ne m’ont pas aidé et cela m’a fait comprendre qu’au contraire, je devais m’ouvrir aux autres. Parfois, j’avais envie de retourner à Dakar, mais je me suis accroché. « Loin des plages de la capitale, de sa famille et de ses amis, » nostalgique des odeurs de Dakar aussi », Omar Daf retrouve un de ses frères à Thonon-les-Bains, en Division 4 française, où il est détecté par Sochaux.
» Je savais qu’il avait galéré en Belgique, qu’à Thonon il faisait des petits boulots la journée et s’entraînait le soir. Il est arrivé à Sochaux, quelques mois avant moi, et c’était un de ces gars qui l’ont voulu, qui ont un gros mental », raconte Jean-Claude Plessis, président emblématique du FC Sochaux (1999-2008). L’ancien entraîneur se souvient d’un joueur » calme, posée, qui est allée parler aux jeunes du centre de formation quand certains ont dérapé. Omar pense d’abord collectivement et c’est tout naturellement qu’il est devenu entraîneur ».
« Un élément modérateur »
Fidèle au FC Sochaux, où il est resté de 1997 à 2009, avant de revenir y terminer sa carrière de joueur en 2012-2013, après trois saisons à Brest et y amorçant sa reconversion, Omar Daf a aussi été l’un des piliers de la sélection sénégalaise. . Avec les Lions de la Teranga, il a notamment participé à la folle année 2002, rythmée par une finale de la Coupe d’Afrique des nations perdue contre le Cameroun et un quart de finale de la Coupe du monde.
International Ferdinand Coly, qui l’a côtoyé dans une tanière peuplée d’égos et de fortes personnalités, le décrit comme « un élément modérateur. Il s’entendait bien avec tout le monde, savait parler quand il le fallait et sa pondération imposait le respect. On devinait en lui, alors qu’il était encore joueur, une attirance pour le métier d’entraîneur, car il était curieux et avait déjà ce souci de transmettre ».
Au cours de sa carrière de joueur, en club comme en sélection, Omar Daf a rencontré des entraîneurs qui l’ont parfois inspiré, au point d’inscrire ses notes dans un carnet qui ne le quittait plus. Dont l’entraîneur français Bruno Metsu (décédé en 2013), qui avait mené le Sénégal si haut en 2002. Il m’a influencé, dans le sens où il a su être très proche des joueurs, permettant parfois à une forme d’autogestion de s’installer dans le groupe, tout en étant hyper exigeant. »
Omar Daf utilise aussi sa foi musulmane pour améliorer sa relation avec ses joueurs : « je suis très religieux et la spiritualité m’aide à réfléchir sur le comportement que j’ai eu avec eux. Une ouverture aux autres qu’il essaie de pratiquer dans d’autres domaines de sa vie. Dès qu’il le peut, Omar Daf se libère de son quotidien pour chercher un moyen d’aider un village au Sénégal ou ailleurs sur le continent africain. « Vous envoyez 1 500 euros et ça va financer un ou deux projets dans une commune mal équipée et ça va améliorer la vie des gens »il décrit.
Voilà Omar Daf enfin prêt à évoquer son avenir, pas forcément là où on l’aurait imaginé : « Il viendra un moment dans ma vie où je m’investirai totalement dans l’humanitaire. » Et pour préciser : Le foot prend beaucoup de place dans nos viesil dit, mais il est important d’avoir d’autres centres d’intérêt. »