Marine Le Pen ou l’extrême gauche ? Macron a laissé aux électeurs français un choix effrayant | Paul Taylor
jeC’est le choix entre la peste et le choléra. Des millions d’électeurs français sont angoissés à l’idée de devoir choisir entre un candidat du Rassemblement national anti-immigration d’extrême droite de Marine Le Pens. RN) et le mouvement d’extrême gauche La France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mlenchon lors du second tour des élections législatives du 7 juillet.
Sauf retour spectaculaire du bloc centriste du président Emmanuel Macron au premier tour du 30 juin, le second tour de scrutin dans environ la moitié des 577 circonscriptions opposera un représentant des national-populistes antilibéraux de Le Pen à un candidat du Nouveau Front Populaire NFP. ), une alliance bricolée à la hâte de partis de gauche dominée par les gauchistes radicaux de Mlenchon.
Je n’ai jamais vu un choix aussi effrayant, a déclaré un voisin de ma petite ville de Provence, où le RN a remporté la circonscription pour la première fois en 2022, évinçant le conservateur sortant gaulliste.
Compte tenu du fonctionnement du système électoral législatif français, de nombreux candidats centristes et de centre-droit risquent d’être éliminés dès le premier tour de dimanche parce que leurs partis sont divisés et entachés par leur association avec un président profondément impopulaire. Les candidats doivent interroger au moins 12,5 % des électeurs inscrits pour pouvoir participer au second tour. Avec un taux de participation prévu d’environ 65 %, cela signifie que le seuil sera proche de 19 %.
Macron n’est responsable que de lui-même pour avoir plongé le pays dans des élections anticipées inutiles que son propre parti de la Renaissance et ses alliés semblent sur le point de perdre. Le président, profondément impopulaire, a pris le pari contre l’avis de son Premier ministre, de son ministre des Finances et de ses principaux alliés politiques, après que le RN soit arrivé en tête des élections au Parlement européen de ce mois-ci avec 31,37 %.
Sa dissolution surprise de l’Assemblée nationale, autorisant le strict minimum de trois semaines de campagne, a semé la consternation parmi de nombreux électeurs de la classe moyenne qui craignent des turbulences économiques, des troubles sociaux et d’éventuelles violences de rue si l’un des deux blocs radicaux l’emportait, et une impasse politique si l’un des deux blocs radicaux l’emportait. il y a un parlement sans majorité, sans majorité.
Il nous a vraiment jetés dans la merde, dit le vendeur d’huîtres au marché de Saint-Rémy-de-Provence. Nous n’en avions pas besoin maintenant. Les gens n’ont pas d’argent.
Même si le président a encore près de trois ans de son deuxième mandat à remplir, la France est déjà entrée dans l’ère post-Macron. Ses propres partisans l’exhortent à se retirer de la campagne et à laisser à son Premier ministre le plus populaire, Gabriel Attal, le soin de tenter de renverser la situation.
Longtemps paria accusé de racisme et d’antisémitisme sous son fondateur Jean-Marie Le Pen, père des Marines, le RN cherche quotidiennement à changer la perception de son bagage idéologique alors que son candidat au poste de Premier ministre, Jordan Bardella, 28 ans, s’empresse de le rendre élu. Les promesses de quitter le commandement militaire de l’OTAN, d’abolir la réforme des retraites de Macron et de réduire la TVA sur les biens essentiels ont été abandonnées ou reléguées à une lointaine deuxième phase, au risque de semer la confusion chez les électeurs. Marine Le Pen, qui reste en retrait pour préparer l’élection présidentielle prévue en 2027, a renoncé depuis longtemps à sa promesse de 2017 de sortir la France de la zone euro.
La stratégie montre des signes de succès. La cote d’opinion du RN s’est élevée à 34 % après que le chef du parti conservateur Les Républicains, ric Ciotti, ait conclu un accord secret avec Le Pen et présenté 62 de ses propres candidats soutenus par le RN. Ses collègues de la direction du parti gaulliste historique ont voté à l’unanimité son exclusion, mais le mal était fait. Le cordon sanitaire isolant l’extrême droite a été brisé. Ciotti, un homme politique de deuxième rang qui a remporté l’année dernière la direction d’un parti rétréci et en conflit alors que celui-ci déraillait vers la droite, pourrait entrer dans l’histoire comme le petit homme qui a ouvert les portes du pouvoir au RN.
La vague de soutien à l’ancien Front National, que certains voient encore comme une vague brune mais qui se fait appeler Bleu Marine (un jeu sur la couleur bleu marine et le prénom de Le Pens), est la plus forte dans le sud de la France, où de nombreux descendants de les anciens colons français d’Afrique du Nord vivent côte à côte avec des immigrants d’Algérie, du Maroc, de Tunisie et d’Afrique francophone.
Nous avons essayé tout le monde. Pourquoi ne pas leur donner une chance ? » a demandé une vendeuse de fromage sur le marché, qui a cité l’insécurité et la baisse du niveau de vie comme ses principales préoccupations. L’année dernière, une semaine d’émeutes a suivi la fusillade mortelle par un policier contre un adolescent conducteur non armé d’origine nord-africaine. La violence liée à la drogue est endémique. Le RN surfe sur un état d’ordre sécuritaire.
D’autres commerçants et acheteurs ont exprimé leur inquiétude face à la plateforme économique de l’alliance de gauche consistant à taxer et à dépenser, qui est bien plus Jeremy Corbyn que Keir Starmer. Il comprend l’augmentation du salaire minimum et des retraites de l’État, l’abaissement de l’âge de la retraite de 64 à 62 ans, l’augmentation de l’imposition des revenus de placement, l’imposition d’un nouvel impôt sur la fortune et un impôt exceptionnel sur les bénéfices des sociétés énergétiques.
Étant donné que le mouvement de Mlenchon comptait le plus grand nombre de députés sortants à gauche, il a eu son mot à dire dans le manifeste et a obtenu le plus grand nombre de circonscriptions dans le découpage du NFP, et surtout les sièges les plus gagnables.
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J’ai suspendu toutes les commandes non essentielles et j’attends de voir le résultat des élections. On ne peut pas faire de projets dans une telle incertitude, a déclaré un propriétaire de petite entreprise. Un riche architecte a déclaré qu’il se préparait à déménager sa résidence à l’étranger si la gauche gagnait.
Il est loin d’être certain que les élections permettront à la France de sortir de l’impasse politique. Le président ne disposait pas d’une majorité absolue au parlement sortant, mais son gouvernement centriste s’en est sorti, légiférant au cas par cas avec des députés conservateurs ou parfois de centre-gauche, et forçant l’adoption du budget en utilisant un dispositif constitutionnel par lequel il est considéré comme adoptée à moins qu’une motion de censure n’obtienne la majorité absolue. L’opposition étant divisée, ces motions ont régulièrement échoué, même si elle aurait pu s’unir plus tard cette année pour renverser le gouvernement face à l’augmentation de la dette publique.
La haine envers Macron est omniprésente malgré sa réussite à réduire le chômage de 10 % à 7,5 %, à attirer les investissements et à maintenir l’économie à flot pendant la pandémie de Covid-19. Après sept ans de mandat, le chef de l’Etat, âgé de 46 ans seulement, est perçu comme arrogant, technocratique et déconnecté de la réalité. L’étiquette de président des riches est restée après avoir allégé l’impôt sur la fortune, largement symbolique, au cours de son premier mandat.
Pourtant, la gauche risque elle aussi d’être stigmatisée par un sectarisme et un antisémitisme perçus en raison du refus obstiné de Mlenchon et de ses partisans de qualifier le Hamas d’organisation terroriste, de ses insultes à l’encontre de dirigeants politiques juifs et de sa purge impitoyable des dissidents de la liste des candidats de LFI. Mlenchon a nié les allégations d’antisémitisme, mais a néanmoins aliéné de nombreux sympathisants de gauche modérés avec sa rhétorique sur les actions d’Israël à Gaza.
Le chasseur de nazis Serge Klarsfeld, 88 ans, et le philosophe Alain Finkielkraut ont tous deux déclaré qu’ils voteraient RN plutôt que LFI s’ils étaient confrontés à ce choix malvenu, car à leurs yeux la gauche s’est laissée aller à l’antisémitisme tandis que Le Pen l’a purgé de son parti.
Que feront les électeurs centristes si tel est le choix auquel ils sont confrontés le 7 juillet ? À en juger de manière non scientifique par les conversations des deux dernières semaines, nombreux sont ceux qui se boucheront le nez et voteront pour la gauche, quelles que soient leurs réticences, pour tenter d’arrêter le RN, qu’ils considèrent comme raciste et antilibéral. Certains diront que c’est un fléau pour vos deux maisons et s’abstiendront, mais plus d’une poignée votera pour le RN, augmentant ainsi sa marée montante.
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Paul Taylor est chercheur invité principal au European Policy Center
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