Manifestations à haut risque et appels au calme en Nouvelle-Calédonie
Deux immenses blocs de manifestants : les indépendantistes et les opposés à l’indépendance manifesteront à deux rues l’un de l’autre ce samedi 13 avril. Avec 20 000 manifestants attendus à Nouma, cette journée pourrait bien entrer dans l’Histoire. En Nouvelle-Calédonie, les tensions politiques restent vives.
La crise du nickel s’aggrave, avec le blocage du « pacte » gouvernemental et la fermeture jeudi des mines dans la province du nord du pays. Les mines sont prises dans une lutte acharnée entre les actionnaires de la Société Le Nickel (SNL), le groupe minier Eramet et la province dirigée par l’indépendantiste Paul Naoutyine. Alors que des élections provinciales sont également prévues d’ici la fin 2024, les politiciens sont dos au mur. Les loyalistes n’ont plus de siège au Congrès calédonien, où ils ont soudainement déclaré « illégitime » la majorité indépendantiste. Pendant ce temps, le Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste (une alliance indépendantiste bénéficiant d’un fort soutien indigène, FLNKS), craignant d’être mis en minorité lors du prochain scrutin, rejette le projet de loi constitutionnelle actuellement soumis au Parlement. Le projet de loi élargirait une liste électorale gelée depuis 2009.
Ce week-end, Nouma disposera de forces de sécurité plus nombreuses que Marseille, le ministère de l’Intérieur envoyant deux escadrons de 140 gendarmes. Le climat est instable, mêlé d’impatience et de craintes pour l’avenir, et des affrontements ont éclaté en plusieurs endroits ces derniers jours, notamment dans la commune du Mont-Dore, près de la tribu kanak de Saint-Louis, site historique de la révolte anticoloniale, où, selon nos informations, la police a tiré 500 grenades le 8 avril.
« Sur le chemin de la division »
Le 4 avril, le « comité d’action de terrain » du FLNKS a placé une tamiooc (une hache kanak) sur une urne lors d’une conférence de presse, pour protester contre « l’approche Macron » dans les discussions politiques en cours. C’est un rappel du geste symbolique d’Eloi Machoro en 1984, au début des « événements » qui finirent par déchirer les Calédoniens. Ensuite, le militant indépendantiste Machoro a détruit une urne pour protester contre le projet de règlement d’autonomie élaboré à Paris et pour appeler au boycott des élections territoriales.
« Nous poursuivons sur le chemin de la division », a déploré le député calédonien Philippe Dunoyer (Renaissance, parti de Macron). Membre du parti de droite modérée Caldonie Ensemble, il a critiqué la ligne dure adoptée par le reste de la droite locale sous l’impulsion de loyalistes, dont l’ancienne secrétaire d’État Sonia Backs et l’autre député calédonien de la majorité présidentielle, Nicolas Metzdorf. « Personne ne donne d’instructions pour se battre », a-t-il noté. « Il y a toujours des doutes quant à la capacité de contrôler des milliers de personnes. »
Il vous reste 60,82% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.