Macron, promettant une France plus dynamique, s’engage à briser les tabous
S’engageant à briser les tabous, à déréguler l’économie et à lutter jusqu’au bout contre l’extrême droite, le président Emmanuel Macron a présenté sa vision d’une France plus forte et plus juste lors d’une conférence de presse télévisée qui s’est déroulée jusque tard dans la nuit parisienne de mardi.
Nous mettrons fin aux normes inutiles, a déclaré M. Macron devant plus de 100 journalistes, promettant de favoriser ceux qui innovent et créent, de réduire les formalités administratives, de faciliter l’embauche et d’encourager les chômeurs à accepter les offres d’emploi. Son objectif, ajoute-t-il, est une France de bon sens plutôt qu’une France de tracas.
Le président a souligné qu’il avait battu Marine Le Pen, leader d’extrême droite et éternelle candidate à la présidentielle, en 2022 et 2017, et je ferai tout pour l’arrêter à nouveau. Il a qualifié le programme de son parti du Rassemblement national d’incohérent et de garant d’une France plus faible.
Jusqu’aux 15 dernières minutes de ma présidence, je me battrai, a-t-il déclaré.
Dans une France déjà troublée par les changements favorables au marché imposés au cours du premier mandat de M. Macron, qui ont ramené le chômage à son plus bas niveau depuis de nombreuses années, sa promesse d’une nouvelle déréglementation se heurterait certainement à la résistance de nombreux Français attachés au plus haut degré. de protection sociale financée par l’État.
Nous avons eu trop de tabous, a déclaré M. Macron. L’une des plus fortes en France concerne toute suggestion selon laquelle un trop grand nombre de droits pourrait conduire à une diminution de la compétitivité.
La décision de M. Macron de s’adresser à la nation, une semaine après avoir nommé un nouveau gouvernement dirigé par le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Cinquième République, était une réponse au sentiment de dérive qui a caractérisé son deuxième mandat présidentiel.
Audace ! Action! Audacieux! Ce sont les mots que M. Macron a adoptés comme battement de tambour d’un spectacle qui a duré plus de deux heures, comme s’il souhaitait qu’une France divisée et douteuse s’unisse et avance avec Gabriel Attal, 34 ans, son nouveau Premier ministre.
Au cours des 20 mois qui ont suivi sa deuxième prise de fonction, M. Macron, dont le mandat est limité et doit partir en 2027, a présidé à des révisions tumultueuses de l’âge légal de la retraite et de la politique d’immigration, tandis que Mme Le Pen progressait régulièrement. dans les sondages. Son remaniement au début de la nouvelle année vise, au moins en partie, à garantir que Mme Le Pen ne lui succède pas.
Son parti est le parti du mensonge, dit-il. Son parti est celui de la colère facile. Dans un monde marqué par des changements technologiques rapides, l’instabilité et la guerre, il se demande si une France seule dans une Europe affaiblie serait une bonne chose.
Assis sur un podium, méprisant les journalistes, M. Macron a proposé une longue dissertation, parfois professorale, sur l’état de la France et sa place dans un monde troublé. Il a décrit les États-Unis comme une démocratie en crise, ce qui, selon lui, renforce la nécessité pour l’Europe de s’unir et de devenir capable de se protéger.
Une Russie qui a bafoué le droit international en envahissant un voisin ne peut pas être autorisée à gagner en Ukraine, a-t-il déclaré.
Si l’un des thèmes de M. Macron était la promotion d’un plus grand dynamisme, un autre était la quête d’un pays plus juste.
M. Macron a déclaré que le gouvernement redoublerait d’efforts pour réduire les inégalités, notamment dans les écoles où, selon lui, l’aide aux devoirs serait renforcée, l’accès à la culture amélioré et les étudiants mieux aidés à planifier leur avenir.
Il a également annoncé une expérimentation d’utilisation de l’uniforme dans 100 écoles cette année, qui, en cas de succès, conduirait à leur adoption dans l’ensemble du système scolaire français en 2026. Il a décrit l’uniforme scolaire comme un niveleur qui avait le mérite de masquer les différences sociales.
Nous avons amélioré certaines choses mais ne les avons pas radicalement modifiées, a déclaré M. Macron. La pire des injustices est l’inégalité sur la ligne de départ. Il a ajouté : « Je veux en finir avec la France de ceci n’est pas pour moi », qu’il a qualifié de trahison de la promesse de la République.
L’amélioration de l’éducation sera clairement une préoccupation centrale du nouveau gouvernement de M. Attal. Mais encore à moitié formé, son démarrage est fragile.
Après avoir affirmé que l’éducation était sa priorité absolue, M. Attal a vu sa nouvelle ministre de l’Éducation, Amlie Ouda-Castra, commettre une série de bévues si grossières que des appels à sa démission ont été lancés.
Lorsqu’il est apparu, peu après sa nomination, qu’elle et son mari, cadre dans le secteur pharmaceutique et ancien directeur général d’une des plus grandes banques françaises, envoyaient leurs trois enfants dans une école privée d’élite, elle a expliqué son rejet du système éducatif public français. en disant que son fils aîné avait perdu d’innombrables heures parce qu’aucun professeur n’était venu dans sa classe.
Le personnel de l’école publique du centre de Paris que son fils aîné avait fréquentée avant que ses parents ne l’envoient dans une école catholique privée conservatrice a contesté cette affirmation. Le tollé a été tel que Mme Ouda-Castra a été obligée de s’excuser pour avoir mis en cause la performance des enseignants. Elle a été huée mardi à son arrivée à l’école publique.
Lorsqu’on lui a demandé si la ministre devait démissionner, M. Macron a répondu qu’elle avait été maladroite mais qu’elle avait présenté des excuses, ce qui était la bonne chose à faire. Son choix d’une école privée pour ses trois fils doit être respecté, a-t-il ajouté, suggérant qu’avec le temps et la coopération des enseignants, Mme Ouda-Castra réussirait.
Aurélien Breeden rapports contribués.