Macron promet de ramener la production pharmaceutique « à la maison » en France

Emmanuel Macron a annoncé que la production d’une cinquantaine de médicaments serait délocalisée sur le territoire français, dont la moitié « dans les prochaines semaines ».

S’exprimant depuis le site du laboratoire d’Aguettant en Ardèche mardi, il a qualifié d' »inacceptables » les pénuries et les difficultés d’accès aux soins vitaux.

Une enquête menée en mars par les sondeurs BVA a révélé que 37% des personnes avaient déjà rencontré des pénuries à la pharmacie.

Jusqu’à 80% des médicaments familiers comme les antibiotiques et les analgésiques utilisés en France sont produits à l’étranger, notamment en Chine.

Certains médicaments sont toujours fabriqués en France, mais à des volumes qui ne correspondent pas à la demande.

« Comme la crise du Covid nous l’avait déjà appris, déléguer la production de nos produits pharmaceutiques essentiels à d’autres est une impasse pour le pays. La solution pour éviter une pénurie des stocks des pharmacies est de reconstruire nos usines », a déclaré Macron.

Il a cité les ingrédients actifs de la morphine, de l’amoxicilline et de six médicaments anticancéreux parmi les cibles de production.

« Le groupe britannique GSK va investir 22 millions sur son site de Mayenne » (dans l’Ouest de la France) a-t-il déclaré. Cela comprendra la mise à niveau de ses unités de production existantes, ainsi qu’un plan de recrutement.

« Rien de concret »

Pourtant, ses annonces de mardi ont été jugées « dogmatiques » par certains détracteurs, notamment l’Observatoire de la transparence des politiques du médicament (OTMeds).

« Aucune avancée en matière de transparence n’est annoncée (…) Aucune production publique n’est annoncée (…) Ses annonces n’ont rien de concret », écrit OTMeds dans un communiqué.

« 538 pénuries ont été signalées à l’agence du médicament en 2017 quand Emmanuel Macron a pris la présidence contre plus de 3000 début 2023. Le storytelling du président a atteint ses limites », a déclaré mardi à France Info Pauline Londeix, co-fondatrice d’OTMeds. .

Elle affirme que les médicaments et les produits de santé ne doivent pas être traités comme des produits de consommation ordinaires qui dépendent de la logique du marché, des bénéfices et des règles de propriété intellectuelle.

Selon OTMeds, Macron « continue de donner des chèques en blanc à des groupes privés, qui sont pourtant directement responsables de la situation et de la délocalisation ».

« Depuis le début de la guerre en Ukraine, nous alertons sur les risques géopolitiques de dépendre de la Chine et de l’Inde pour la production de principes actifs. Il est urgent de sortir de cette dépendance pour assurer notre sécurité sanitaire », a déclaré Londeix.

« Triplédémique »

En décembre dernier, les hôpitaux français ont subi la pression d’un nombre croissant de patients alors que le pays faisait face à une « tripledémie » de Covid-19, de grippe et du virus respiratoire syncytial (VRS), qui provoque une bronchiolite chez les jeunes enfants.

L’ANSM a indiqué qu’il y avait eu « de fortes tensions d’approvisionnement » pour la version de l’amoxicilline (pénicilline) et du paracétamol utilisée pour les enfants et les pharmacies ont été invitées à trouver des substituts et à limiter leurs prescriptions.

L’objectif que Macron a qualifié de « souveraineté pharmaceutique » nécessitera un investissement total de plus de 160 millions d’argent public.

Les 50 médicaments signalés par Macron font partie d’une liste de 450 établie par le ministère de la Santé pour laquelle « nous devons absolument sécuriser nos chaînes d’approvisionnement, soit en relocalisant complètement, soit en diversifiant (l’offre) et en continuant à innover », a déclaré le président.

Macron a souligné une réduction globale de l’industrie française au cours des 40 dernières années, qui avait conduit à une « dépendance excessive » vis-à-vis de sources extérieures. Cela s’appliquait non seulement aux produits pharmaceutiques, mais à de nombreux autres secteurs.

« La seule solution pour nous est donc de localiser nos secteurs stratégiques en France ».

Les annonces de mardi marquent la première étape d’une semaine consacrée aux projets industriels, qui, espère Macron, détourneront l’attention du public des batailles sur sa réforme des retraites largement détestée.

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