Macron français défiant la réforme des retraites malgré le tollé

La Première ministre Elisabeth Borne, agissant sur instruction du président, a invoqué jeudi dernier un article de la Constitution qui a adopté la réforme litigieuse sans vote parlementaire.

Lundi, le gouvernement a survécu de peu à une motion de censure, mais le tumulte a engendré la plus grande crise intérieure du second mandat de Macron, élu pour la première fois en 2017 avec des promesses de réformer radicalement la France.

Une autre journée de grèves nationales et de protestations contre les modifications des retraites, en particulier le recul de l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans, est prévue jeudi.

A Paris, les ordures continuent de s’entasser dans les rues en raison des débrayages des éboueurs municipaux qui ont juré de poursuivre une grève continue jusqu’à lundi.

Les tensions ont également soulevé des questions quant à savoir si la France peut accueillir le roi du Royaume-Uni Charles III lorsqu’il arrivera dimanche pour sa première visite d’État à l’étranger en tant que monarque.

Alors que la Cour constitutionnelle française doit encore donner son dernier mot sur la réforme, Macron a déclaré aux chaînes TF1 et France 2 dans une interview que les changements devaient « entrer en vigueur d’ici la fin de l’année ».

« Plus on attend, plus ça (le déficit) va se détériorer. Cette réforme est nécessaire, elle ne me fait pas plaisir. J’aurais préféré ne pas le faire », a-t-il ajouté dans ses premiers commentaires publics après des jours de silence sur la crise.

Macron, qui est interdit par la constitution de briguer un troisième mandat consécutif, a déclaré qu’il était prêt à « accepter l’impopularité » de la réforme.

« Avec le choix entre les sondages d’opinion à court terme et l’intérêt général du pays, je choisis l’intérêt général du pays », a déclaré Macron.

– ‘Mépris’ –

Une enquête réalisée dimanche a montré que le taux d’approbation personnelle de Macron n’était que de 28 %, son niveau le plus bas depuis l’apogée du mouvement de protestation anti-gouvernemental « Yellow Vest » en 2018-2019.

Philippe Martinez, chef du syndicat de la ligne dure CGT, a déclaré que les commentaires de Macron montraient « un mépris pour les milliers de personnes qui ont manifesté ».

Le chef du Parti socialiste, Olivier Faure, a ajouté: « C’est incroyable, il est dans le déni absolu. J’ai bien peur qu’il n’ait simplement mis plus de carburant sur un feu déjà bien allumé. »

Marine Le Pen, chef de file de l’extrême droite au Parlement, a déclaré que Macron n’avait fait que « renforcer le sentiment de mépris » ressenti par les Français.

De nouveaux affrontements ont éclaté mardi soir entre manifestants et forces de sécurité à Paris, dans une répétition des scènes de ces derniers jours qui ont vu des centaines d’arrestations et des accusations de tactiques brutales par la police.

Quarante-six personnes ont été arrêtées dans la nuit lors des derniers affrontements autour de la place de la République, tandis que la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestations dans d’autres villes, dont Rennes et Nantes.

Les blocages dans les raffineries de pétrole se poursuivent, créant potentiellement de graves pénuries de carburant.

Macron a passé la majeure partie de la journée précédente à discuter avec des ministres, des conseillers et d’autres poids lourds politiques de la voie à suivre, excluant des élections anticipées ou un référendum.

Mais dans un avertissement aux manifestants, il a déclaré à l’assemblée : « La foule, quelle que soit sa forme, n’a aucune légitimité face au peuple qui s’exprime à travers ses représentants élus » au parlement.

Interrogé dans l’interview pour s’expliquer sur ce propos dénoncé par l’opposition, il a déclaré que si les manifestations organisées étaient « légitimes », les violences devaient être condamnées et les blocages ne pas entraver l’activité normale.

Faisant référence aux insurrections des partisans des ex-présidents américain et brésilien Donald Trump et Jair Bolsonaro après les défaites électorales, il a ajouté : « Nous ne pouvons pas accepter des rebelles ou des factions ».

Borne a invoqué l’article 49.3 après avoir échoué à réunir une majorité parlementaire pour la réforme à la chambre basse de l’Assemblée nationale, conséquence de la perte par le parti au pouvoir de Macron de sa majorité absolue aux élections législatives de 2022.

Rejetant les appels à son départ, Macron a déclaré dans l’interview que Borne avait conservé sa confiance mais devrait maintenant créer un programme qui « change les choses pour nos compatriotes de manière plus tangible ».

– ‘Force excessive’? –

Des avocats, des magistrats et certains politiciens ont accusé la police de procéder à des arrestations arbitraires pour tenter d’étouffer les manifestations, bien que cela ait été rejeté par la police parisienne.

Amnesty International s’est dite alarmée « par le recours généralisé à une force excessive et les arrestations arbitraires signalées dans plusieurs médias » dans la manière dont la police gère les manifestations.

L’éminente députée verte Sandrine Rousseau a déclaré que la visite du roi Charles devrait être annulée.

C’était « incroyable » que le président dîne avec le monarque au château de Versailles en dehors de Paris « alors que les gens manifestent dans les rues », a-t-elle déclaré à la télévision BFM.

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