Macron face à la résistance en Nouvelle-Calédonie | Le stratège

La France fait face à des résistances alors qu’elle se prépare à accueillir une réunion des partis calédoniens à Paris à partir du 4 septembre. Les partis indépendantistes rejettent le troisième référendum sur l’indépendance de décembre 2021. Une visite du président français Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie, des violences dans une usine de nickel locale, la réélection d’un leader indépendantiste à la présidence du Congrès de Nouvelle-Calédonie et une réprimande du et le groupe Melanesian Spearhead Group soulignent tous les défis à venir.

Les indépendantistes indigènes kanak ont ​​boycotté le troisième vote sur l’indépendance après que la France a rejeté leur demande de report en raison de l’impact du Covid-19 sur leurs communautés. Le sondage de 2021 a donné un taux écrasant de 97 % d’opposition à l’indépendance, après une diminution de 56,7 % en 2018 et de 53,3 % en 2020. Les votes ont démontré le fort engagement des Kanak en faveur de l’indépendance et le pouvoir des dirigeants indépendantistes, alors qu’ils ont apporté un soutien croissant à l’indépendance au fil du temps. deux premiers votes (43,3 % en 2018 à 46,7 % en 2020) et un boycott retentissant du troisième.

La France et les partis loyalistes ont simplement revendiqué trois victoires et veulent ancrer fermement la Nouvelle-Calédonie au sein de la France.

Les dirigeants indépendantistes rejettent le résultat et souhaitent un nouveau vote, avec l’engagement des Nations Unies et de la Cour internationale de Justice. Ils n’ont jusqu’à présent discuté qu’avec la France, refusant de participer aux discussions trilatérales incluant les partis loyalistes.

Macron a effectué une visite à Nouméa le 26 juillet, au cours de laquelle il a salué les trois votes clairs en faveur du maintien avec la France, qui ont assuré à la France une place dans l’Indo-Pacifique et une protection du territoire contre les grandes puissances qui se bousculent pour l’influence. La France envisage d’accroître sa présence militaire en Nouvelle-Calédonie et de créer une académie de défense pour y former les militaires régionaux. Macron a déclaré qu’il promouvrait en premier lieu les partenariats avec l’Australie, et il s’est ensuite rendu au Vanuatu et en Papouasie-Nouvelle-Guinée après avoir quitté Nouméa.

En clin d’œil à ses engagements de 2018 visant à diversifier l’économie si la Nouvelle-Calédonie votait pour rester avec la France, Macron a évoqué l’aide que la France apporterait dans les domaines de l’exploitation minière, de l’agriculture, de l’énergie, du changement climatique et de l’égalité économique et sociale.

Macron a condamné l’isolement et le séparatisme de la non-participation aux discussions, qui, selon lui, risquaient de provoquer des violences. Il a appelé à un accord par consensus sur un nouveau statut politique, un amendement constitutionnel français associé et un assouplissement des restrictions controversées limitant le droit de vote aux seuls résidents de longue date aux élections locales, d’ici début 2024.

Les chances de respecter ce calendrier semblent minces. Malgré les manifestations joyeuses de Macron au milieu d’une mer de drapeaux tricolores et les milliers de partisans à son discours sur la place principale, un grand parti indépendantiste s’est absenté de sa table ronde précédente, et les dirigeants indépendantistes kanak sont restés particulièrement silencieux lors de sa visite.

Leur réaction, quelques jours après son départ de Nouméa, a été mitigée. L’Union caldonienne a qualifié la visite de non-événement, de one-man-show, semblant diviser les positions et aggraver les fractures avec une attitude impérialiste et condescendante à l’égard de l’indépendance. Il a réitéré son engagement à restreindre l’éligibilité électorale, qui définissait la citoyenneté et la nationalité des Calédoniens. Il a maintenu son opposition aux discussions trilatérales.

Palika-UNI a décrit le discours de Macron comme une vision paternaliste, impérialiste et néocoloniale de la future gouvernance de la Nouvelle-Calédonie, avec un long exposé de la stratégie géodiplomatique de la France dans le Pacifique. Le discours n’a pas répondu aux besoins du territoire, a ajouté à l’instabilité politique et institutionnelle et a menacé une discussion pacifique avec la coalition indépendantiste. Le parti s’est néanmoins engagé à discuter de l’avenir, pour un statut temporaire, mais en attendant un vote d’autodétermination sur la pleine souveraineté. Il rappelle de façon inquiétante que c’est la France qui n’a pas tenu compte des revendications kanak qui a conduit à la guerre civile. La coalition indépendantiste n’avait signé (des accords) que dans l’intérêt de la paix, sans renoncer à ses revendications de souveraineté.

Les autres développements locaux ne sont pas non plus prometteurs. Depuis avril, la menace de fermeture de la mine de nickel de Poum, dans le nord kanak, gronde. Quelques jours seulement après la visite de Macron, les manifestations syndicales dans la principale usine de nickel de Nouméa sont devenues violentes, causant d’importants dégâts. Le 10 août, la fermeture de Poum a été annoncée, une décision vivement critiquée par le leader indépendantiste Paul Naoutyine.

L’élection annuelle du président du congrès local a également révélé d’âpres divisions. Le 30 août, le leader indépendantiste Rock Wamytan a été réélu, rassemblant plus de voix que prévu. Wamytan a déclaré que sa présidence serait impartiale. Il a mis l’accent sur le dialogue et la fragilité de la paix, affirmant que la Nouvelle-Calédonie prendrait sa place avec vigilance en tant que petit pays dans le grand océan de ses ancêtres. Les dirigeants loyalistes ont dénoncé ceux qui le soutenaient, soulignant l’incohérence de son élection avec les trois voix pour le maintien en France.

Au niveau régional, dans un communiqué du 25 août, le Groupe fer de lance mélanésien, formé en 1986 pour soutenir la coalition indépendantiste en Nouvelle-Calédonie, a réitéré son soutien uni à la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie. Il a chargé son président d’écrire à Macron pour lui faire savoir qu’il ne reconnaissait pas les résultats du troisième référendum et s’opposait fermement à la manière dont il s’était déroulé. La réunion a également exploré les moyens par lesquels le groupe pourrait s’engager auprès de la Cour internationale de Justice.

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