Macron évite l’avertissement sur la dette alors que les sociétés de notation ont des opinions sur la France
(Bloomberg)– Emmanuel Macron a évité une réprimande pour ses efforts hésitants visant à réduire le fardeau de la dette de la France, alors que deux sociétés de notation ont maintenu leurs évaluations de la solvabilité du pays inchangées.
Moodys Ratings et Fitch Ratings n’ont apporté aucun changement à leurs perspectives ni à la note de la France vendredi, alors qu’elles avaient prévu d’éventuelles actions.
Ce sursis intervient alors que le gouvernement Macron a du mal à garder la main sur les finances publiques après que le déficit de l’année dernière ait été bien plus important que prévu initialement dans un contexte de croissance et de recettes fiscales faibles.
Le ministère des Finances a déjà réagi à cette détérioration en réduisant encore les dépenses cette année. Mais les mesures d’austérité ne suffisent pas pour remettre le pays sur les rails et les responsables ont également réduit leurs engagements à long terme pour combler les trous budgétaires.
Le Haut Conseil français des finances publiques a déclaré que le dernier plan budgétaire de Macron manque de crédibilité et de cohérence car il nécessite des coupes budgétaires sans précédent qui nuiraient à la croissance économique.
Macron est également confronté à un contexte politique difficile avec le Rassemblement national de Marine Le Pens qui devance largement son alliance centriste dans les sondages pour les élections européennes et certains législateurs menacent de déclencher des votes de censure qui pourraient finalement faire tomber son gouvernement.
Fitch, qui a abaissé la note de la France il y a un an à 7 niveaux au-dessus de la catégorie indésirable, à AA-, a déclaré vendredi que le niveau élevé de la dette et le piètre bilan en matière de consolidation budgétaire constituaient une faiblesse de la notation. Il a cité les emprunts et les déficits publics ainsi que les perspectives de croissance économique sensiblement plus faibles comme raisons pouvant conduire à une action négative.
De même, Moodys a mis en garde contre de telles mesures concernant sa notation Aa2 s’il concluait que la détérioration du coût de la dette française était nettement plus importante que celle de ses pairs. Il a également déclaré qu’un affaiblissement de l’engagement en faveur de la consolidation budgétaire augmenterait les pressions à la baisse sur le crédit.
Commentant ces annonces, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré que le gouvernement restait déterminé à ramener le déficit budgétaire à moins de 3 % de la production économique d’ici 2027.
Nous nous en tiendrons à notre stratégie basée sur la croissance et le plein emploi, les réformes structurelles et la réduction des dépenses publiques, a-t-il déclaré dans un communiqué.
La France sera confrontée à une nouvelle décision de notation le 31 mai, date à laquelle S&P, qui a une perspective négative sur sa note AA, devrait rendre son rapport.
Les investisseurs étaient conscients de la perspective d’une action sur les notations de la France. La dette du pays, longtemps considérée comme l’une des plus sûres de la zone euro, sans doute la deuxième derrière celle de l’Allemagne, s’est progressivement découplée à mesure que la situation budgétaire se détériore. Le rendement supplémentaire des obligations à 10 ans par rapport aux titres allemands a doublé par rapport aux niveaux d’avant Covid.
Il convient également de noter la sous-performance des dettes françaises par rapport aux titres espagnols, italiens et portugais, dont les scores de crédit sont inférieurs. Le surcoût payé par l’Espagne pour emprunter par rapport à la France a presque diminué de moitié au cours des six derniers mois.