Macron et les syndicats à la tête de la confrontation sur la réforme des retraites en France | SelFil
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Par Caroline Pailliez et Ingrid Melander
PARIS (Reuters) – Les Français devraient travailler deux ans de plus jusqu’à l’âge de 64 ans avant de prendre leur retraite, a déclaré mardi le gouvernement, annonçant une refonte impopulaire du système de retraite qui a immédiatement incité les syndicats à appeler à des grèves et à des manifestations.
Le droit de prendre sa retraite à un âge relativement jeune est profondément chéri en France et la réforme sera un test majeur de la capacité du président Emmanuel Macron à apporter des changements alors que le mécontentement social monte sur le coût de la vie.
Le passage de la réforme au parlement ne sera pas facile. Le gouvernement Macron affirme qu’il est vital de maintenir le budget des retraites hors du rouge. Les syndicats soutiennent que la réforme est injuste et inutile.
« Rien ne justifie une réforme aussi brutale », a déclaré aux journalistes Laurent Berger, dirigeant du syndicat modéré et réformateur CFDT, après que les dirigeants syndicaux se soient mis d’accord sur une grève nationale pour le 19 janvier, qui donnera le coup d’envoi à une série de grèves et de manifestations.
Un sondage Odoxa a montré que quatre citoyens sur cinq s’opposent à l’augmentation de l’âge de la retraite.
« Je suis bien consciente que changer notre système de retraite suscite des interrogations et des craintes chez les Français », avait déclaré peu avant la Première ministre Elisabeth Borne lors d’une conférence de presse.
« Nous proposons aujourd’hui un projet d’équilibre de notre système de retraite, un projet qui est juste », a-t-elle déclaré, ajoutant que la France devait faire face à la réalité.
La refonte du système de retraite était un pilier central du programme réformiste de Macron lorsqu’il est entré à l’Elysée en 2017. Mais il a mis de côté sa première tentative en 2020 alors que le gouvernement luttait pour contenir le COVID-19.
La deuxième tentative ne sera pas plus simple.
« C’est une gifle après l’autre », a déclaré Frédéric Perdriel, 56 ans, lors d’une petite manifestation dans la ville occidentale de Rennes avant l’annonce de Borne. « Il existe d’autres moyens de financer les retraites que de relever l’âge de la retraite. »
« BRUTALE, CRUELLE »
Macron et Borne devront gagner le soutien des législateurs conservateurs Les Républicains (LR) dans les mois à venir pour faire adopter la réforme au parlement.
Cela semble moins difficile qu’il y a quelques semaines après des concessions sur l’âge de la retraite – Macron avait initialement voulu qu’il soit de 65 ans – et une pension minimale.
Olivier Marleix, qui dirige le groupe LR à la chambre basse du parlement, a réagi positivement aux annonces de Borne.
« Ils nous ont entendus », a-t-il déclaré, tout en demandant plus d’efforts pour assurer l’emploi des personnes proches de l’âge de la retraite.
Même ainsi, LR est divisé sur la question, donc chaque vote compte.
Les socialistes, la France insoumise d’extrême gauche et le Rassemblement national d’extrême droite ont rapidement dénoncé la réforme. La députée de gauche Mathilde Panot a qualifié le plan de « archaïque, injuste, brutal, cruel ».
« Les Français peuvent compter sur notre détermination à bloquer cette réforme injuste », a déclaré Marine Le Pen d’extrême droite.
Dans le cadre du plan gouvernemental, l’âge de la retraite sera relevé de trois mois par an à partir de septembre, pour atteindre l’âge cible de 64 ans en 2030.
A partir de 2027, soit huit ans plus tôt que prévu dans les réformes passées, il faudra avoir travaillé 43 ans pour toucher une retraite à taux plein.
D’autres mesures visent à relancer le taux d’emploi des 60-64 ans, qui est l’un des plus faibles des grands pays industrialisés.
Avec l’un des âges de la retraite les plus bas du monde industrialisé, la France dépense également plus que la plupart des pays pour les retraites, à près de 14 % de la production économique, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques.
(Reportage d’Elizabeth Pineau, Leigh Thomas, Stéphane Mahé, Tassilo Hummel, Blandine Henault; écrit par Ingrid Melander; édité par Richard Lough, Alexandra Hudson et Josie Kao)