Macron a du mal à se débarrasser des habitudes de consommation de la France
PARIS, 1er juin (Reuters) – Le président Emmanuel Macron a assoupli la législation du travail et réduit les impôts entre autres réformes pour transformer l’économie, mais n’a pas brisé la dépendance de la France à dépenser gros pour acheter la paix sociale.
Désireux de tourner la page de mois de protestations contre son projet de relever l’âge de la retraite de deux ans à 64 ans, Macron a promis le mois dernier de réduire les impôts de la classe moyenne de 2 milliards d’euros (2,2 milliards de dollars).
Avec la dette de la France parmi les plus élevées d’Europe à près de 110% de la production économique, ses plans ont rencontré des avertissements sévères de la part du bureau d’audit public et de la banque centrale que la France ne peut pas se permettre des réductions d’impôts sans réduire autant les dépenses.
« Nous devons faire un effort plus important sur les finances publiques, nous devons faire attention aux réductions d’impôts non financées et laisser les dépenses augmenter trop rapidement », a déclaré jeudi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, lors d’une conférence.
Les agences de notation notent également l’absence de progrès de la France dans la réduction de la dette nationale, qui a grimpé en flèche pendant la crise du COVID-19 et se situe désormais à un peu moins de 3 000 milliards d’euros.
Alors que la réforme des retraites vise à alléger le fardeau financier, l’agence de notation Fitch a néanmoins dégradé la dette publique française fin avril, affirmant qu’une paralysie politique potentielle et des troubles sociaux constituaient des risques pour le programme de réforme de Macron.
Le ministre des Finances Bruno Le Maire s’est affairé ces dernières semaines à convaincre S&P Global de ne pas en faire autant, alors qu’il doit mettre à jour son opinion sur la France ce vendredi soir.
« Contrairement à ce qu’a dit Fitch, nous sommes capables de faire des réformes, de les faire passer et de les appliquer », a déclaré mercredi Le Maire à la radio France Inter, citant le régime des retraites et une réforme de l’assurance-chômage à la fin de l’année dernière.
Il a déclaré qu’il détaillerait les plans de limitation des dépenses plus tard ce mois-ci après avoir ordonné à chaque ministère de réduire de 5% son budget. En plus de cela, il a demandé la semaine dernière aux ministères de geler également 1% de leurs dépenses pour maintenir les finances publiques du gouvernement sur la bonne voie.
Sinon, le risque est que la France ne respecte pas les promesses faites aux partenaires européens de Paris de réduire le déficit budgétaire de 4,9 % de la production cette année à moins d’une limite européenne de 3 % en 2027, ce qui, selon certains économistes, manque déjà d’ambition.
« Ce qui m’inquiète, c’est que la France semble être le seul pays qui n’ait pas compris que 3% n’est pas un objectif mais une limite à ne pas franchir », a déclaré l’économiste senior de Barclays, Philippe Gudin, ancien haut responsable du Trésor français. .
Alors que la dette française ne risque pas de se heurter aux marchés financiers, le coût de l’échec de la réduction du déficit et de la dette augmente rapidement.
La flambée des taux d’intérêt de l’année dernière signifie que le ministère des Finances s’attend désormais à ce que le coût du service de la dette française passe de 41 milliards d’euros cette année à plus de 70 milliards d’ici 2027, soit plus que ce que le gouvernement dépense pour l’éducation ou la défense.
« Nos politiques pour les Français depuis six ans portent leurs fruits sur la croissance, l’emploi et la réindustrialisation. Nous ne le faisons pas pour les agences de notation », a déclaré Le Maire.
(1 $ = 0,9084 euro)
Reportage de Leigh Thomas à Paris Montage par Matthew Lewis
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