Macron a commis une grave erreur de calcul sur la dette nationale française
Le gouvernement français affirme qu’il peut réduire ses emprunts plus rapidement, ramenant le déficit à 2,7 % du PIB d’ici 2027.
Mais le Haut Conseil des Finances publiques, l’équivalent du Bureau britannique pour la responsabilité budgétaire, est sceptique.
Même après que le gouvernement ait revu à la baisse ses prévisions de croissance économique, l’organisme a déclaré que la trajectoire du PIB potentiel adoptée était surestimée.
Cela augure mal des espoirs de Macron de maîtriser ses emprunts.
Le retour du déficit en dessous de 3 % du PIB en 2027 nécessiterait un ajustement structurel massif entre 2023 et 2027 qui, selon le gouvernement, reposerait essentiellement sur un effort d’économies sur les dépenses, ont indiqué les responsables.
Au final, le Haut Conseil estime que les prévisions présentées par le gouvernement manquent de crédibilité et de cohérence.
Le seuil de 3% mis en avant par le Haut Conseil est important. Les règles de la zone euro exigent que les pays aient des déficits inférieurs à ce niveau, et la Commission européenne peut soumettre les pays à sa procédure de déficit excessif s’ils échouent de manière persistante.
Il s’agit en fait d’un exercice de garde d’enfants, surveillant par-dessus l’épaule du gouvernement pour le ramener dans le droit chemin.
Ces règles ont été suspendues en 2020 et, après de nombreuses négociations, reviennent en vigueur. La France semble être un test pour le nouveau régime et la volonté de Bruxelles de faire respecter les règles.
Ne pas répondre à une exigence aussi fondamentale sur une base apparemment permanente mine le statut de la France en tant qu’autorité centrale au sein de la zone euro, et constitue également une menace pour la situation financière du pays dans son ensemble.
C’est aussi une humiliation personnelle pour Macron et ses rêves de revitaliser l’économie et l’État français.
Les économistes attribuent la responsabilité à la combinaison d’une croissance faible et de la dépendance traditionnelle de la France à l’égard des dépenses publiques élevées.
Erik-Jan van Harn, de Rabobank, estime que Macron a fait des débuts prometteurs, mais sept ans après son entrée à l’Élysée, les normes politiques françaises semblent se réaffirmer.
C’est une sorte de chose culturelle. Les gens attendent beaucoup du gouvernement, dit-il.
Macron a tenté de remettre les finances publiques sur les rails dès ses débuts en 2017. Au début, il s’en est plutôt bien sorti. Il a aussi eu beaucoup de chance, car l’économie française se portait plutôt bien.
Mais ensuite le Covid a frappé, puis la crise énergétique et en ce moment, c’est vraiment la question de savoir s’il peut prendre les décisions difficiles.
Les tentatives antérieures visant à améliorer les finances publiques, notamment en supprimant de manière controversée l’impôt sur la fortune et en taxant à la place la propriété et en fixant un taux forfaitaire de 30 % sur les plus-values, semblent n’avoir pas réussi à augmenter les revenus de manière significative.
Le déficit inconfortablement élevé reflète également une vision culturelle de la dette, dit Kenningham.
Le centre de gravité politique de la France est différent de celui de l’Allemagne, par exemple, ajoute-t-il. Là-bas, les hommes politiques rivalisent pour proposer la politique budgétaire la plus austère. Ils promettent de respecter la règle de l’équilibre budgétaire, de réduire leur dette, et cela bénéficie d’un large soutien populaire. En France, ce n’est absolument pas le cas. Vous ne gagneriez pas les élections en promettant l’austérité.
Réduire le déficit est encore plus difficile en raison de la menace imminente de guerre. Alors que la France a augmenté ses dépenses pour renforcer considérablement ses capacités militaires, les dirigeants européens reconnaissent déjà qu’il reste encore beaucoup à faire.