L’inflation ralentit en France ; la consommation reste faible
La tendance à la désinflation s’est amorcée et se poursuivra
L’inflation en France s’est établie à 4,3% en juin, contre 5,1% en mai. L’inflation indicielle harmonisée, importante pour la Banque centrale européenne, est désormais de 5,3 %, contre 6 % en mai. Cette baisse de l’inflation est due à la baisse des prix de l’énergie, désormais en baisse sur un an (-3%). La croissance des prix des denrées alimentaires a ralenti à 13,6 % en glissement annuel (contre 14,3 % en mai), bien qu’elle reste le principal contributeur à l’inflation. L’inflation manufacturière a légèrement augmenté à 4,3% sur un an (contre 4,1% en mai) en raison d’un démarrage plus tardif des soldes d’été. L’inflation des services est en très légère baisse, à 2,9% sur un an (contre 3% en mai).
Globalement, les chiffres d’aujourd’hui indiquent clairement que l’inflation recule en France, comme dans les autres pays européens. Cette tendance devrait s’accentuer au cours des prochains mois. La croissance des indices des prix à la production ralentit nettement. De plus, les intentions de prix des entreprises se modèrent fortement. Les enquêtes de l’INSEE et de la Commission européenne indiquent toutes deux que les intentions de prix dans le secteur manufacturier sont au plus bas depuis début 2021, tandis que dans le secteur des services, elles sont au plus bas depuis novembre 2021. Les données sur les produits agricoles montrent également que les prix sont en forte baisse. , ce qui devrait conduire à une forte baisse de l’inflation alimentaire dans les mois à venir.
La tendance à la désinflation est donc clairement enclenchée et va se poursuivre. Toutefois, cette tendance sera probablement plus lente en France que dans les autres pays, en raison d’effets de base moins favorables pour l’énergie. Le bouclier tarifaire et les rabais carburant ont empêché une forte hausse des prix de l’énergie à l’été et à l’automne 2022. En conséquence, l’inflation énergétique devrait revenir en territoire positif en France dans les mois à venir, contrairement à d’autres pays. Cela maintiendra probablement une inflation globale plus élevée en France qu’ailleurs cet automne et fin 2023. Mais cela ne change pas le tableau d’ensemble : finalement, bien que moins visible qu’ailleurs, la désinflation est bien engagée et continuera à se faire sentir en France au cours les mois à venir.
Si cette tendance est clairement encourageante et sera accueillie avec soulagement par la BCE, cela ne signifie pas pour autant que le problème de l’inflation est complètement résolu. Il existe toujours une poche de risque majeure, à savoir l’inflation des services, qui devrait augmenter dans les mois à venir et devenir probablement le principal contributeur à l’inflation française d’ici la fin de l’année. Les hausses successives du salaire minimum, notamment en janvier et mai 2023, continueront de faire monter les prix des services. Cela dit, compte tenu de la baisse des intentions de prix dans le secteur et de l’atonie de la demande que l’on s’attend à voir au cours des prochains trimestres, il est probable que ces pressions inflationnistes finissent par s’estomper elles aussi. Nous prévoyons une inflation de l’IPC en moyenne de 4,6 % en 2023 (5,6 % pour l’indice harmonisé) et de 2,1 % en 2024 (3,1 % pour l’indice harmonisé).
La consommation de biens rebondit légèrement, mais les perspectives restent moroses
La consommation des ménages en biens rebondit légèrement en mai, de 0,5 % sur le mois, sans compenser les baisses de 0,8 % observées tant en avril qu’en mars. Cette hausse est principalement due à un rebond de la consommation d’énergie, notamment de carburant, et à une reprise des dépenses d’habillement. Malgré le rebond de mai, la consommation des ménages en biens reste inférieure de 3,6 % à son niveau d’il y a un an. L’Insee a également publié des données sur la consommation de services d’avril (-0,5 % sur le mois) et sur le volume des ventes du commerce d’avril (-1,2 % sur le mois). Dans l’ensemble, les données indiquent que la consommation des ménages reste très faible au deuxième trimestre et devrait apporter une contribution négative à la croissance du PIB.
Au final, il semble que la France soit confrontée à une certaine modération dans ses perspectives de croissance. La croissance au deuxième trimestre sera faible et une baisse du PIB reste un risque. La croissance au troisième trimestre devrait être légèrement meilleure, soutenue par la bonne santé du secteur du tourisme, qui continue de bénéficier largement de la reprise post-pandémique. Mais cela devrait s’essouffler au quatrième trimestre, et les fins de 2023 et 2024 s’annoncent beaucoup plus faibles, dans un contexte de ralentissement économique mondial et de taux d’intérêt élevés qui auront un impact croissant sur la demande. Nous attendons toujours une croissance de l’ordre de 0,5% cette année, une prévision proche de celle de la Banque de France et de l’INSEE qui tablent sur 0,6%. Pour 2024, nous sommes moins optimistes que les banques centrales, qui prévoient une croissance du PIB français de 0,5 % (contre une prévision de 1 % par la Banque de France).
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