L’Inde déroule le tapis rouge à Macron alors que la France espère tirer parti des accords commerciaux
Le président Emmanuel Macron a reçu jeudi un tapis rouge et une garde d’honneur d’éléphant alors qu’il entame une visite de deux jours en Inde, la France envisageant des accords lucratifs avec la cinquième économie mondiale.
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Atterrissant à Jaipur, capitale de l’État du Rajasthan, Macron sera accueilli par le Premier ministre Narendra Modi lors d’un banquet dans le palais d’un maharaja du XIXe siècle.
Vendredi, il sera l’invité principal à New Delhi lors d’un défilé militaire coloré avec des rangs massifs de chars, des troupes de danse, une cavalerie de chameaux et un défilé aérien d’avions de combat.
Le ministère indien des Affaires étrangères affirme que New Delhi et Paris sont des « partenaires stratégiques », tandis que la présidence française affirme que le voyage « consolidera et approfondira les relations diplomatiques et économiques ».
Malgré les inquiétudes sur les droits de l’homme, les divergences sur la guerre en Ukraine et les liens étroits de Delhi avec Moscou – le principal fournisseur militaire de l’Inde – les États-Unis et leurs alliés européens courtisent New Delhi comme contrepoids militaire et économique à la Chine.
La France espère renforcer ses contrats militaires après que le ministère indien de la Défense a acheté des avions de combat Rafale et des sous-marins de classe Scorpène de fabrication française dans le cadre d’accords de plusieurs milliards de dollars.
Macron – qui, selon les médias indiens, intervient après que le président américain Joe Biden n’a pas pu répondre à une invitation – espère également que la France pourra vendre six réacteurs nucléaires EPR.
« Un partenaire clé »
Modi était l’invité d’honneur des célébrations annuelles du 14 juillet en France, et Macron devrait recevoir un accueil similaire.
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Le président français était pour la dernière fois en Inde pour le sommet du G20 en septembre.
Paris et New Delhi collaborent dans le domaine de la technologie spatiale et satellitaire, et la délégation française comprend l’astronaute Thomas Pesquet.
La visite comprend un arrêt au site d’observation astronomique Jantar Mantar, datant du XVIIIe siècle, à Jaipur, avant un dîner avec Modi au Rambagh Palace, un hôtel de luxe.
Vendredi, Macron assistera à un défilé militaire à New Delhi pour le Jour de la République, le 75e anniversaire de la constitution indienne.
Tout comme les soldats indiens ont défilé dans les rues de Paris en 2023, un contingent français se joindra au spectacle militaire, tandis que des avions à réaction de construction française survoleront leur ville.
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L’Inde est « un partenaire clé dans la contribution à la paix et à la sécurité internationales », a déclaré la présidence française avant la visite.
L’année dernière, Macron s’est rendu au Bangladesh et au Sri Lanka voisins, et a également effectué un voyage dans le Pacifique visant à « réengager » la France dans la région Asie-Pacifique plus large.
« Pas de sujets tabous »
Les questions de droits seront également abordées. Des journalistes, des militants et des minorités religieuses se plaignent de harcèlement depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement nationaliste hindou de Modi en 2014, accusant la montée de l’intolérance religieuse à l’égard de la minorité musulmane du pays.
Le gouvernement de Modi a été accusé d’étouffer les médias indépendants, l’Inde ayant perdu 21 places, à 161 sur 180 pays, dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières depuis l’arrivée au pouvoir de Modi il y a dix ans.
La journaliste française Vanessa Dougnac a appris ce mois-ci qu’elle risquait d’être expulsée après plus de deux décennies en Inde pour ce que les autorités ont qualifié de reportages « malveillants et critiques ».
Cette visite intervient également quelques jours après que Modi a inauguré un temple hindou, construit sur le terrain où se trouvait une mosquée pendant des siècles avant qu’elle ne soit démolie en 1992 par des fanatiques hindous incités par des membres de son parti.
Modi a déclaré que le temple annonçait une « nouvelle ère » pour l’Inde après une cérémonie qui incarnait le triomphe de sa politique nationaliste hindoue musclée et galvanisait les loyalistes avant les élections plus tard cette année.
Macron devrait visiter un sanctuaire musulman soufi dans le quartier Nizamuddin West de New Delhi lors de sa visite.
Un groupe sikh en Grande-Bretagne a également appelé Macron à sauter le défilé « ou à faire part de ses préoccupations directement » à Modi après le ciblage présumé des séparatistes sikhs à l’étranger, une question qui a déclenché une dispute diplomatique majeure avec le Canada l’année dernière.
« Il n’y a pas de sujets tabous », a déclaré un conseiller présidentiel français avant la visite.
« Mais le but est d’en discuter dans le respect et dans le but d’aboutir à des résultats concrets ».
(AFP)