L’histoire de 2022, en dix images amateurs

1. L’armée malienne est accusée d’avoir perpétré des exécutions extrajudiciaires

En janvier 2022, notre équipe a utilisé des images satellites, des vidéos amateurs (que nous avons analysées et géolocalisées) et des témoignages oculaires pour enquêter sur le meurtre de plusieurs civils à Nia Ouro, un village du centre du Mali.

Nous avons retrouvé les quatre corps : ils avaient les mains liées dans le dos et une balle dans la tête, raconte l’un de nos Observateurs, qui accuse l’armée malienne d’avoir perpétré les tueries.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS – Enquête : l’armée malienne accusée d’avoir procédé à des exécutions sommaires au Mali

2. Des bombes à fragmentation russes frappent des zones civiles à Kharkiv, en Ukraine

Le 24 février 2022, l’armée russe lance son invasion de l’Ukraine. Tout au long de l’année 2022, les journalistes qui composent l’équipe des Observateurs de France 24 ont identifié et vérifié des centaines de photos et vidéos de la guerre partagées sur les réseaux sociaux. Ces images nous ont permis de suivre au jour le jour l’évolution du conflit. En mars, nous avons enquêté sur la façon dont les Russes avaient ciblé des zones civiles à Kharkiv avec leurs bombes à fragmentation.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS – Enquête : des zones civiles à Kharkiv touchées par des bombes à fragmentation russes

3. Ukraine : Des personnes accusées de pillage attachées à des poteaux, déshabillées et battues

Des images circulaient en ligne au début de la guerre en Ukraine montrant des personnes battues alors qu’elles étaient attachées à des poteaux dans la rue. Certains avaient leur pantalon baissé.

En avril, notre équipe a géolocalisé 17 de ces vidéos qui avaient été partagées en ligne. De nombreuses personnes ainsi punies et humiliées ont été accusées d’avoir pillé des maisons et des magasins abandonnés.

Notre équipe a interrogé plusieurs sources qui ont déclaré que les forces de sécurité ukrainiennes et les citoyens procédaient à ce type de châtiments. Et si une partie de la population semblait soutenir cette pratique, qui, à l’occasion, était également encouragée par le gouvernement, elle est finalement illégale et inacceptable, selon les ONG.

>> RELIRE SUR LES OBSERVATEURS – Ukraine : Des personnes accusées de pillage attachées à des poteaux, déshabillées et battues

4. « Nous allons vers la mort » : en Arabie saoudite, quatre Ouïghours risquent d’être extradés vers la Chine

Le 9 avril, un appel à l’aide est apparu sur les réseaux sociaux. La vidéo a été filmée par une femme ouïghoure nommée Buheliqiemu Abula et la montre avec sa fille de treize ans à l’arrière d’une voiture de police en Arabie saoudite. Elle dit que les autorités saoudiennes prévoyaient de les renvoyer en Chine.

Des rapports d’ONG, des enquêtes journalistiques et des témoignages oculaires ont tous confirmé que le gouvernement chinois est engagé dans une répression féroce des Ouïghours, une minorité musulmane. On pense qu’il y a des centaines de milliers de Ouïghours piégés dans des camps, où ils sont forcés de travailler et parfois torturés. Alors que Pékin nie ces allégations, plusieurs pays, dont la France, ont condamné le traitement réservé aux Ouïghours par la Chine.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS – « Nous allons vers la mort » : en Arabie saoudite, quatre Ouïghours risquent l’extradition vers la Chine

5. Les talibans imposent la burqa aux femmes journalistes : nous sommes les dernières à résister

Le 19 mai, des femmes travaillant encore comme journalistes ou animatrices à la télévision afghane ont reçu l’ordre de se couvrir le visage. Yalda Ali, présentatrice télé sur TOLOnews, a posté une vidéo la montrant enfilant toutes les couches de vêtements qu’elle devait porter pour se conformer aux codes vestimentaires imposés par les talibans.

En réponse à la nouvelle exigence, un certain nombre de journalistes afghans portaient des masques noirs en solidarité avec leurs collègues féminines. L’action s’est propagée et de nombreux journalistes du monde entier ont publié des images d’eux-mêmes portant des masques noirs avec le hashtag #freeherface.

>> Equipe des Observateurs de FRANCE 24 – Les talibans font appliquer la burqa aux femmes journalistes : nous sommes les dernières à résister

6. États-Unis : des vidéos dénoncent les fausses cliniques d’IVG

En juin, la Cour suprême des États-Unis a annulé la décision de 1973 sur Roe contre Wade, donnant ainsi aux États le droit d’interdire l’avortement sur leur sol.

Entre-temps, des militants se sont tournés vers les médias sociaux pour appeler les soi-disant centres de grossesse, qui sont des cliniques qui semblent offrir des services d’avortement mais qui fonctionnent en fait dans le seul but de convaincre les femmes de ne pas se faire avorter. Pour ce faire, ils fournissent souvent de fausses informations ou font de fausses promesses.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS – Comment les « fausses cliniques » trompent les personnes cherchant à avorter aux États-Unis

7. Nous nous sommes habitués aux frappes aériennes : un Syrien documente les attaques russes à Idlib

Depuis 2013, des avions militaires russes ont mené une intense campagne de bombardements sur des zones civiles du nord-ouest de la Syrie, dans le cadre de leur soutien au régime syrien. Même si de nombreux cessez-le-feu ont été signés entre 2013 et 2021, l’armée russe a mené des dizaines de milliers de frappes aériennes ciblant des zones civiles, larguant souvent des armes illégales. Notre Observateur vit près d’Idlib, une ville du nord-ouest de la Syrie. Il poste sur Twitter des vidéos qui documentent son quotidien au rythme des bombes russes.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS – Nous nous sommes habitués aux frappes aériennes : un Syrien documente les attaques russes à Idlib

8. Une vidéo virale d’un vol de banque met en lumière la crise économique au Liban

Les gens du monde entier ont regardé une vidéo choquante filmée à Beyrouth, au Liban, le 14 septembre. La séquence montre une femme armée cambriolant sa propre banque. Dans les jours qui ont suivi, d’autres civils ont emboîté le pas, dévalisant leurs propres banques. Ces désespérés ne voulaient qu’une chose : avoir accès à leur épargne après trois ans de restrictions sur les retraits bancaires.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS -En pleine crise économique au Liban, les gens cambriolent leurs propres banques

9. Haïti, sous l’emprise des gangs

En novembre, l’équipe des Observateurs de France 24 diffusait un reportage spécial intitulé Haïti, en proie à des gangs. Dans le cadre de cette enquête, nos journalistes ont vérifié des dizaines de vidéos filmées à la fois par des habitants et des membres de gangs à Port-au-Prince.

Le gouvernement réagit rarement aux violences exercées par ces groupes armés et les autorités haïtiennes sont souvent accusées de rester passives même lorsque les gangs commettent des massacres. Plusieurs témoins ont accepté de témoigner.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS – Haïti, sous l’emprise des gangs

10. Comment les cartouches de fusil de chasse fabriquées dans l’UE ont fini par être utilisées pour réprimer les manifestations en Iran

En novembre et décembre, notre équipe a examiné des dizaines de photos et de vidéos prises en Iran montrant les armes utilisées par les forces de sécurité iraniennes pour réprimer les manifestants.

Alors que la plupart des cartouches qui apparaissent sur les photos et les vidéos ont été fabriquées en Iran, au moins 13 cartouches découvertes dans huit villages iraniens portent le logo de Cheddite, un fabricant franco-italien.

Les sanctions de l’Union européenne ont interdit la vente de ce type d’armes en Iran depuis 2011, ce qui signifie que le fabricant peut être tenu pour responsable.

Alors que les Iraniens exigent des réponses, notre équipe a enquêté.

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS -Comment les cartouches de fusil de chasse fabriquées dans l’UE ont fini par être utilisées pour réprimer les manifestations en Iran