Lettre : La politique de la France au Sahel ne tient qu’à un fil
Je fais référence à l’article sur l’avertissement donné par l’Institut Tony Blair sur la nécessité de parler aux putschistes au Sahel (Rapport, 19 avril).
L’article décrit comment la France est en train de perdre son influence en Afrique francophone et comment la Russie de Vladimir Poutine tente de la remplacer.
Les troupes françaises et américaines ont été invitées à combattre la menace des insurgés islamiques qui avaient pris le contrôle de zones isolées et peu peuplées en l’absence des forces gouvernementales. Cependant, les Français et les Américains n’ont pas pu inverser l’avancée de ces groupes et, dans des pays comme le Niger, ont été expulsés.
L’année dernière a été marquée par une augmentation spectaculaire du nombre de coups d’État militaires. Le Niger, où l’armée a renversé un président civil, n’est pas le premier et ne sera pas le dernier. Le Gabon est l’un des pays les plus récents. Le nombre de tentatives de coups d’État est encore plus élevé.
De plus, l’influence de l’UE a diminué avec le départ des soldats français. Les États membres de l’UE comme l’Allemagne ont toujours respecté la France pour sa présence de longue date et son expertise dans la région. Généralement, les Français étaient considérés comme les experts de cette partie de l’Afrique et les autres États membres de l’UE s’en remettaient souvent à Paris pour tout ce qui concernait l’Afrique.
Cependant, dans la région, c’est l’Africa Corps, le groupe paramilitaire anciennement connu sous le nom de Wagner, qui donne désormais une influence croissante à la Russie. Partout au Sahel, et désormais en Afrique centrale également, le groupe exerce une influence politique, mais pille également les richesses de la région en or et autres matières premières.
En République centrafricaine, les mercenaires de l’Africa Corps ont contribué à maintenir le président au pouvoir en lui permettant de faire avancer une modification de la constitution afin de prolonger son mandat.
La langue française restera probablement une marque durable de l’influence coloniale française. Cependant, même après le Brexit britannique, l’anglais reste la langue européenne la plus importante. En effet, un nombre d’anciennes colonies françaises ont rejoint le Commonwealth bien plus important que le nombre d’anciennes colonies britanniques qui ont rejoint l’organisation des pays francophones.
Joachim Remdé
Ancien diplomate allemand ; Ancien rédacteur Afrique, Die Welt
Londres W4, Royaume-Uni