Les professionnels de santé français tirent la sonnette d’alarme face à la montée des idées suicidaires chez les jeunes

La crise environnementale sans fin, les guerres, les menaces sanitaires, le manque d’opportunités : « Vous n’avez aucune idée de l’impact que peuvent avoir tous les discours sur le ‘désespoir’ et les messages fatalistes à un âge où vous façonnez qui vous êtes », a déclaré Charles. -Edouard Notredame, psychiatre au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Lille, qui coordonne la ligne téléphonique nationale de prévention du suicide 3114.
Médecins, psychiatres et pédopsychiatres, en première ligne face à la souffrance des adolescents et des jeunes adultes, s’accordent à dire que si ce contexte anxiogène est loin d’être la seule explication du mal-être ressenti par certains jeunes, il pèse fortement dans leur esprit. Pourtant, si certains sont amenés à des « idées noires » ou à des tentatives de suicide, c’est à cause d’un enchevêtrement de facteurs. Le baromètre sur la question, publié le 6 février par Sant Publique France, le service national de santé, montre également que Cette tendance semble toucher un nombre croissant de jeunes.
Ce déclaratif Une enquête menée au cours de la deuxième année 2021 de la crise du Covid-19 auprès d’un échantillon de près de 30 000 personnes âgées de 18 à 85 ans, a mis en évidence la dégradation de la santé mentale des 18-24 ans. Les pensées suicidaires signalées ont plus que doublé depuis 2014 dans ce groupe d’âge, passant de 3,3 % à 7,2 %. Cette évolution est d’autant plus frappante que les données pour les autres tranches d’âge tendent à stagner, 4,2 % de l’ensemble des répondants déclarant des tendances similaires.
Des services médicaux débordés
Chez les jeunes adultes, les tentatives de suicide signalées au cours des 12 derniers mois ont augmenté de plus de 60 % (de 0,7 % en 2017 à 1,1 % de cette tranche d’âge en 2021), tandis que les tentatives de suicide au cours de la vie ont augmenté de 50 % sur la même période (de 6,1 % en 2021). % à 9,2 %). Cela marque une rupture avec les précédentes enquêtes réalisées depuis le début des années 2000, puis à intervalles réguliers, où les résultats pour cette tranche d’âge étaient inférieurs ou comparables à ceux des répondants plus âgés.
Sant Publique France a qualifié cela de « changement significatif », confirmé par d’autres indicateurs. L’organisme public a indiqué que le nombre d’admissions aux urgences pour les pensées et actes suicidaires était plus élevé en 2022 et 2023 qu’en 2021.
Cette observation a été largement reprise par les praticiens. Même si le choc du Covid-19 et des confinements s’estompe, la demande de soins chez les jeunes adultes et les adolescents ne montre aucun signe de ralentissement. Au contraire, services de pédopsychiatrie et de psychiatrie débordés, allongement des délais d’attente pour les consultations (jusqu’à six mois après une tentative de suicide, alors qu’il est habituellement recommandé de consulter un médecin dans le mois), urgences pédiatriques réservées aux « tentatives de suicide », lits occupés. par de petits patients « suicidaires » en pédiatrie : ni les hôpitaux ni les soins ambulatoires ne signalent que cette vague commence à s’atténuer.
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