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Les partis rivaux se bousculent pour bloquer l’extrême droite à l’approche du second tour des législatives en France

La France se prépare à un second et dernier tour de scrutin le 7 juillet, après l’arrivée en tête du premier tour de l’extrême droite dimanche, obligeant les partis centristes et de gauche à lutter pour l’empêcher d’obtenir une majorité. FRANCE 24 examine certaines des possibilités qui s’offrent à elle.

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Les électeurs français sont confrontés à un choix décisif le 7 juillet lors du second tour d’élections législatives anticipées qui pourraient voir émerger le premier gouvernement d’extrême droite du pays depuis l’occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, ou aucune majorité du tout.

Les résultats officiels suggèrent que le parti anti-immigration, nationaliste et eurosceptique du Rassemblement national de Marine Le Pen a de bonnes chances de remporter pour la première fois le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale, la chambre basse, mais le résultat reste incertain en raison du système électoral complexe et des manœuvres politiques.

Au premier tour, dimanche, le Rassemblement national et ses alliés sont arrivés en tête avec 33% des voix. Le Nouveau Front populaire, coalition formée à la hâte pour vaincre l’extrême droite et réunissant centre-gauche, écologistes et extrême gauche, est arrivé en deuxième position avec près de 28%, largement devant l’alliance centriste du président Emmanuel Macron avec 20%.

Des dizaines de candidats ayant remporté au moins 50% des suffrages exprimés dimanche ont été élus d’emblée. Toutes les autres courses se dérouleront le 7 juin lors d’un second tour impliquant deux ou trois candidats de tête.

Les sondages suggèrent que le Rassemblement national aura le plus de sièges à la prochaine Assemblée nationale, mais il n’est pas certain qu’il obtienne la majorité absolue de 289 des 577 sièges.

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Les partis se bousculent pour faire barrage à l’extrême droite

Le système électoral français n’est pas proportionnel au soutien national accordé à un parti. Les députés sont élus par circonscription et tout candidat recueillant plus de 12,5 % des voix est éligible au second tour.

Les opposants à l’extrême droite se bousculent pour l’empêcher d’obtenir la majorité absolue. La coalition de gauche a annoncé qu’elle retirerait ses candidats des circonscriptions où elle a terminé troisième ou plus bas pour apporter davantage de soutien aux candidats mieux placés pour s’opposer à l’extrême droite dans cette localité. L’alliance centriste de Macron a également déclaré que certains de ses candidats se retireraient avant le second tour pour tenter d’empêcher le Rassemblement national de prendre le pouvoir.

Cette tactique a déjà fonctionné par le passé, lorsque le parti de Le Pen et son prédécesseur, le Front national, étaient considérés par beaucoup comme des parias politiques. Mais après une refonte agressive de son image et une campagne de « dédiabolisation », le parti de Le Pen bénéficie désormais d’un soutien plus large dans tout le pays.

Alors que la France possède l’une des plus grandes économies du monde et est une puissance diplomatique et militaire importante, de nombreux électeurs français sont aux prises avec l’inflation, de faibles revenus et le sentiment d’être laissés pour compte par la mondialisation.

Le parti de Le Pen, qui impute à l’immigration la plupart des problèmes de la France, a su exploiter la frustration des électeurs et construire un réseau de soutien à l’échelle nationale, notamment dans les petites villes et les communautés agricoles qui considèrent que Macron et la classe politique parisienne sont déconnectés de la réalité.

Cohabitation

Si le Rassemblement national ou un autre bloc politique obtient la majorité, Macron sera contraint de nommer un Premier ministre appartenant à ce parti ou à cette coalition.

Dans une telle situation appelée cohabitation en France, le gouvernement mettrait en œuvre des politiques qui s’écarteraient du plan du président.

La Ve République française a connu trois cohabitations, la dernière sous la présidence conservatrice de Jacques Chirac, qui avait eu un Premier ministre socialiste en la personne de Lionel Jospin de 1997 à 2002.

Le Premier ministre est responsable devant le Parlement, dirige le gouvernement et présente les projets de loi.

Le président est affaibli sur le plan intérieur pendant la cohabitation, mais il conserve certains pouvoirs en matière de politique étrangère, d’affaires européennes et de défense et est chargé de négocier et de ratifier les traités internationaux.

Le président est également le commandant en chef des forces armées du pays et celui qui détient les codes nucléaires.

L’Assemblée nationale, chambre basse du Parlement, est la plus puissante des deux chambres du Parlement français. Elle détient le dernier mot dans le processus législatif, devant le Sénat, dominé par les conservateurs.

Macron a un mandat présidentiel jusqu’en 2027 et a déclaré qu’il ne quitterait pas le pouvoir avant la fin de son mandat. Mais un président français affaibli pourrait compliquer de nombreux dossiers sur la scène internationale.

Lors des cohabitations précédentes, la défense et la politique étrangère étaient considérées comme le champ réservé informel du président, qui savait généralement trouver des compromis avec le Premier ministre pour permettre à la France de parler d’une seule voix à l’étranger.

Mais aujourd’hui, les positions des coalitions d’extrême droite et de gauche dans ces domaines diffèrent radicalement de l’approche de Macron et seraient probablement un sujet de tension lors d’une éventuelle cohabitation.

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Le leader d’extrême droite Jordan Bardella, qui pourrait devenir Premier ministre si son parti remporte la majorité des sièges, a déclaré qu’il s’opposerait à l’envoi de troupes françaises en Ukraine et refuserait les livraisons françaises de missiles à longue portée et d’autres armes capables de frapper des cibles en Russie.

Le président peut nommer un Premier ministre issu du groupe parlementaire qui détient le plus de sièges à l’Assemblée nationale même s’il ne dispose pas de la majorité absolue, ce qui était le cas de l’alliance centriste de Macron depuis 2022.

Le Rassemblement national a pourtant déjà fait savoir qu’il rejetterait une telle option car cela signifierait qu’un gouvernement d’extrême droite pourrait être renversé par une motion de censure si d’autres partis politiques s’unissaient.

Une autre option serait de nommer un gouvernement d’experts non affiliés à des partis politiques mais qui devrait néanmoins être accepté par une majorité à l’Assemblée nationale. Un tel gouvernement s’occuperait probablement principalement des affaires courantes plutôt que de mettre en œuvre des réformes majeures.

Si les négociations politiques durent trop longtemps entre les vacances d’été et les Jeux olympiques du 26 juillet au 11 août à Paris, le gouvernement centriste de Macron pourrait conserver un gouvernement de transition en attendant de nouvelles décisions.

(FRANCE 24 avec AP)


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