Les ordures s’accumulent alors que la réforme des retraites frappe la France

Des manifestants allument des fusées éclairantes lors d’une manifestation à Marseille, dans le sud de la France, le mercredi 15 mars 2023. Les opposants au régime de retraite du président français Emmanuel Macron organisent une nouvelle série de grèves et de manifestations alors qu’un comité mixte de sénateurs et de législateurs de la chambre basse examine la contestation facture. (AP Photo/Daniel Cole)
Par Sylvia Corbet | Presse associée
PARIS Les Français espérant préserver leurs prestations de retraite sont descendus dans la rue lors d’une manifestation nationale mercredi alors qu’un comité de législateurs réuni à huis clos a validé le libellé du régime de retraite impopulaire du président Emmanuel Macron.
Macron avait les moyens au sein de la commission mixte du Sénat et de l’Assemblée nationale de faire avancer son projet de relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, mais il reste à voir s’il pourra disposer d’une majorité parlementaire. Sinon, Macron devrait imposer unilatéralement les changements impopulaires.
Les syndicats espèrent que quelque 200 manifestations à travers le pays démontreront les conséquences politiques du changement, que Macron a promu comme étant au cœur de sa vision de rendre l’économie française plus compétitive.
Les défis économiques ont provoqué des troubles généralisés dans toute l’Europe occidentale. Mercredi en Grande-Bretagne, les enseignants, les jeunes médecins et le personnel des transports publics ont fait la grève pour obtenir des salaires plus élevés pour correspondre à la hausse des prix. Et le gouvernement de gauche espagnol s’est joint aux syndicats pour annoncer un accord historique visant à sauver son système de retraite en augmentant les coûts de sécurité sociale pour les hauts salariés.
La solution espagnole correspond exactement à ce que souhaiteraient les syndicats français, mais Macron a refusé d’augmenter les impôts, affirmant que cela rendrait l’économie du pays moins compétitive. Il faut faire quelque chose, a soutenu le président, la population retraitée de France devant passer de 16 à 21 millions de personnes d’ici 2050.
De la musique forte et d’énormes ballons syndicaux ont lancé la manifestation parisienne, près de la tombe de Napoléon au dôme doré des Invalides. Une panoplie de banderoles donne le ton : On dit capitalisme. Nous disons combat, lisez-en un. D’autres ont dit Paris enragé, ou si les droits ne sont pas défendus, ils seront bafoués.
Si nous ne parlons pas maintenant, tous nos droits pour lesquels les Français se sont battus seront perdus. a déclaré Nicolas Durand, un acteur de 33 ans. Macron est déconnecté et au lit avec les riches. Il est facile pour les membres du gouvernement de dire travailler plus dur, mais leur vie a été facile.
Une grève des travailleurs de l’assainissement dans son 10e jour a laissé Paris inondé de tas d’ordures rances, que la police a ordonné de nettoyer le long du parcours de la marche après que des fauteurs de trouble aient utilisé des ordures pour allumer des incendies ou jeter des ordures sur la police lors de récentes manifestations.
Des manifestants accompagnés d’une importante force de sécurité ont parcouru la rive gauche le long de rues dégagées. Un groupe de fauteurs de troubles vêtus de noir s’est formé et a attaqué un petit commerce, a indiqué la police, ajoutant que neuf personnes avaient été arrêtées trois heures après le début de la marche.
Les forces de sécurité ont répliqué à la violence avec des accusations et des gaz lacrymogènes dans plusieurs autres villes, dont Rennes et Nantes dans l’est de la France et Lyon dans le sud-est, selon les médias français.
Le comité de sept sénateurs et sept législateurs de l’Assemblée nationale est parvenu à un accord sur le texte final du projet de loi mercredi après-midi. Le Sénat, dont la majorité conservatrice est favorable au relèvement de l’âge de la retraite, devrait l’approuver dès jeudi.
La situation à l’Assemblée nationale est beaucoup plus compliquée.
L’alliance centriste de Macron a perdu sa majorité aux élections législatives de l’année dernière, obligeant le gouvernement à compter sur les votes des conservateurs pour faire adopter le projet de loi. Les législateurs de gauche et d’extrême droite s’y opposent fermement.
Le chef de file des Assemblées conservatrices Les Républicains, Eric Ciotti, a déclaré au Journal du Dimanche que l’intérêt supérieur de la nation nous commande de voter la réforme. Mais son camp est divisé et certains envisagent de voter contre ou de s’abstenir, rendant le résultat imprévisible.
Sans garantie de majorité, le gouvernement Macron est confronté à un dilemme : un vote jeudi après-midi à l’Assemblée nationale donnerait plus de légitimité au projet de loi s’il était adopté, mais il y a un risque qu’il soit rejeté. Macron pourrait à la place forcer le projet de loi à être adopté par le Parlement sans vote, risquant de recevoir des critiques immédiates de la part de l’opposition politique et des syndicats concernant l’absence de débat démocratique.
Le porte-parole du gouvernement français, Olivier Vran, a déclaré mercredi que le projet de loi poursuivrait son chemin dans le processus législatif, en respectant toutes les règles prévues par notre Constitution.
Vran a pris la parole après une réunion hebdomadaire du Cabinet au cours de laquelle le gouvernement n’a pas discuté de l’opportunité d’utiliser son pouvoir constitutionnel spécial.
Le législateur du Parti républicain Aurélien Pradi, qui s’oppose aux réformes, a déclaré mercredi que si ce pouvoir spécial était utilisé, il contesterait sa légitimité démocratique en saisissant le Conseil constitutionnel, une instance judiciaire française supérieure.
Des conducteurs de train, des enseignants, des dockers, des raffineries de pétrole et d’autres se sont joints aux éboueurs pour quitter leur travail mercredi, manœuvrant devant des milliers de tonnes de déchets s’empilant sur les trottoirs de Paris et d’autres villes françaises.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a demandé à la mairie de Paris de forcer certains des éboueurs à reprendre le travail, qualifiant cela de problème de santé publique.
La maire de Paris, la socialiste Anne Hidalgo, a déclaré qu’elle soutenait la grève. La porte-parole du gouvernement, Vran, a averti que si elle ne se conforme pas, le ministère de l’Intérieur est prêt à agir à sa place.
Les transports publics, quant à eux, ont été perturbés par les grèves : environ 40 % des trains à grande vitesse et la moitié des trains régionaux ont été supprimés. Le métro parisien a ralenti et l’autorité de l’aviation française a mis en garde contre les retards, affirmant que 20% des vols à l’aéroport de Paris-Orly ont été annulés.
Ce seront ceux qui travaillent le plus qui feront une mauvaise affaire. C’est toujours comme ça, raconte Magali Brutel, une infirmière de 41 ans. Les personnes très riches pourraient payer plus d’impôts, c’est une bonne solution pour payer une population vieillissante. Pourquoi taxons-nous effectivement les plus âgés et les plus pauvres ?
Thomas Adamson à Paris a contribué.