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Les marchés craignent que l’extrême droite française ne déclenche une crise financière | Affaires CNN

Ammanuel Dunand/AFP/Getty Images

Le quartier d’affaires de La Défense au nord-ouest de Paris, photographié en juillet 2023.


Londres
CNN

Les investisseurs craignent que la France ne soit confrontée à une crise financière si le centre politique s’effondre lors des prochaines élections législatives, laissant les populistes d’extrême droite à la tête de la deuxième économie de l’Union européenne.

Le président Emmanuel Macron a convoqué des élections anticipées dimanche après la défaite de son parti face à l’extrême droite lors du vote pour les législateurs européens, une décision choc qui a secoué les marchés des actions et des obligations d’État françaises.

Depuis lors, de nombreuses spéculations circulent selon lesquelles le Rassemblement national, le parti de la doyenne d’extrême droite Marine Le Pen, est sur le point de devenir la force la plus puissante au Parlement, renversant ainsi le bloc centriste de Macron.

Un tel résultat pourrait rendre plus difficile la réduction de l’énorme dette publique française, égale à 110,6 % du produit intérieur brut à la fin de l’année dernière, et pourrait même l’alourdir. Un Parlement profondément divisé aurait également du mal à réduire le déficit budgétaire, l’écart entre les dépenses publiques et les recettes fiscales, qui a atteint 5,5 % du PIB l’année dernière.

Si Le Pen prend les devants au Parlement et poursuit une grande partie de son coûteux programme budgétaire et protectionniste en France, le résultat pourrait être une crise financière à la Liz Truss, ont écrit vendredi les économistes de Berenberg dans une note, ajoutant que, pour l’instant, c’était le cas. un risque sérieux, pas une prévision.

La livre sterling et les obligations du gouvernement britannique se sont fortement vendues en septembre 2022 après que l’ancien Premier ministre Truss a dévoilé son intention d’augmenter les emprunts pour financer les réductions d’impôts. Les taux hypothécaires ont grimpé en flèche alors que les investisseurs exigeaient des primes beaucoup plus élevées pour détenir de la dette britannique. Truss a démissionné peu de temps après, devenant ainsi le Premier ministre le plus court de l’histoire britannique.

Le risque que quelque chose de similaire se produise en France est réel, selon le ministre des Finances du pays, Bruno Le Maire.

Interrogé vendredi sur franceinfo, une station de radio française, si les troubles politiques déclenchés par la décision de Macron de convoquer le Des élections anticipées pourraient conduire à une crise financière, Le Maire a répondu oui.

Il a souligné que la France doit désormais payer un taux d’intérêt plus élevé que le Portugal, l’un des pays renfloués lors de la crise de la dette européenne il y a plus de dix ans, pour emprunter auprès des investisseurs. Cela dépend des projets (des partis) qui sont sur la table, si nous pouvons, oui ou non, financer cette dette, a déclaré Le Maire.

Les agences de notation surveillent déjà de près la France, l’un des trois pays les plus endettés de l’UE. En mai, S&P a abaissé la note de crédit à long terme du pays à AA-, invoquant la détérioration de sa situation budgétaire, tout en estimant que la France disposait toujours d’une capacité suffisante pour rembourser ses dettes. L’agence a déclaré qu’elle s’attend à ce que le déficit budgétaire se réduise à 3,5% du PIB en 2027, bien au-dessus des 2,9% visés par le plan actuel. gouvernement.

Les marchés sont déjà perturbés par la perspective de bouleversements politiques. Le rendement, ou taux d’intérêt recherché par les investisseurs, des obligations d’État françaises à 10 ans de référence s’est établi à 3,17% vendredi après-midi en Europe, contre 3,15% pour l’équivalent portugais.

Autre signe d’inquiétude des traders, la prime qu’ils exigent pour détenir des obligations d’État françaises au lieu de leurs équivalents allemands ultra-sûrs notés AAA a augmenté jeudi. à son plus haut niveau depuis 2017. L’écart s’est encore élargi vendredi.

Ludovic Marin/AFP/Getty Images

Le président français Emmanuel Macron s’exprime lors du sommet du G7 en Italie le 13 juin 2024.

Les marchés boursiers n’y ont pas échappé. Vendredi, l’indice de référence français des 40 principales valeurs a chuté bien plus que les indices allemands et paneuropéens similaires. L’euro a également baissé cette semaine.

Un sondage d’opinion Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche, affilié à CNN, a montré mercredi que le bloc centriste de Macron était en passe de n’arriver que troisième au premier tour des élections du 30 juin, loin derrière le Rassemblement national et une alliance de partis de gauche.

Le Rassemblement national a promis d’augmenter les dépenses publiques et de réduire la TVA sur l’électricité et les carburants. Le Maire a déclaré vendredi que la réponse des marchés à de telles mesures serait : Je suis désolé mais vous n’avez pas les moyens de payer ces dépenses.

De même, s’exprimant lors d’un webinaire jeudi, Frank Gill, spécialiste principal en Les notations souveraines européennes chez S&P Global Ratings ont déclaré que les politiques préconisées par le Rassemblement national pourraient peser davantage sur les finances publiques et seraient un facteur à prendre en compte pour la notation souveraine.

Moody’s a déclaré lundi dans une note que les élections anticipées augmentaient les risques de consolidation budgétaire en France, un crédit négatif.

La Banque centrale européenne aurait les moyens d’éviter toute véritable crise sur le marché des obligations d’État françaises, a indiqué une note de Berenberg en début de semaine. Mais à l’image de la séquence des événements de la précédente crise de l’euro, la BCE ne peut déployer ses instruments ou annoncer qu’elle pourrait le faire que si et quand le pays en question est revenu à des politiques budgétaires plus saines.

Joseph Ataman à Paris et Mark Thompson à Londres ont contribué au reportage.

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