Les libéraux français sont complices du meurtre de Nahel par la police

Cette semaine, la police française a brutalement tué un jeune de 17 ans en plein jour lors d’un contrôle routier. La police a d’abord menti et accusé le jeune d’avoir tenté d’écraser un agent. Et, comme c’est souvent le cas, les médias nationaux ont rapporté les fabrications de la police comme des faits jusqu’à ce que la vidéo d’un téléphone portable d’un passant montre la vérité dévastatrice.

À ce jour, les gens du monde entier ont vu les images horribles de la police française brandissant des fusils et menaçant les occupants d’un véhicule jaune dans la banlieue parisienne de Nanterre avant d’exécuter sommairement le conducteur adolescent d’une balle dans la tête alors qu’il s’éloignait. Contrairement aux fausses déclarations de la police, aucun agent ne se tenait devant la voiture ou n’était physiquement menacé par le jeune qui s’éloignait.

Les images de la fusillade ont produit ce que le sociologue classique français Mile Durkheim appellerait un choc pour la conscience collective. Des manifestations ont éclaté à travers le pays, pour se heurter au déploiement de milliers de policiers, à des gaz lacrymogènes et à des promesses de rétablir l’ordre public.

Malheureusement, il n’est pas surprenant que Nahel, l’adolescente française dont la vie a été tragiquement interrompue par la police, soit d’origine algérienne.

La France a une longue et sordide histoire de racisme colonial et de violence contre les personnes racisées comme non blanches, qui s’étend d’Haïti, de la Guadeloupe et de la Martinique dans les Caraïbes à l’île de la Réunion dans l’océan Indien, en Afrique du Nord et de l’Ouest ainsi qu’au Vietnam, parmi tant d’autres. populations. La France a impitoyablement opprimé le peuple algérien en particulier, y compris ceux qui sont citoyens français.

En effet, la colonisation française de l’Algérie remonte au début des années 1800 et impliquait l’utilisation généralisée de la violence brutale et des massacres pour établir la domination française.

Pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie (1954-1962), des centaines de milliers et peut-être plus d’un million d’Algériens ont été massacrés et systématiquement torturés par le régime français dans une tentative désespérée de maintenir leur empire colonial au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. liberté, égalité et fraternité.

Les violences policières ont également historiquement ciblé les Arabes et les Noirs en France. En 1961, la police française a tué plus de 100 Arabes français qui manifestaient pacifiquement à Paris.

Des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté en faveur de l’indépendance de l’Algérie et pour protester contre un couvre-feu imposé pour réprimer la dissidence. En réponse, la police a tué des Algériens français dans les rues, noyant même des manifestants dans la Seine. Le plus jeune décès documenté est celui d’une autre adolescente de 15 ans, Fatima Beda. À une époque bien antérieure aux téléphones intelligents, les autorités françaises se sont livrées à une dissimulation effrontée et largement réussie qui a duré des décennies. Il a fallu plus de 50 ans à un président français pour reconnaître ce qui s’était passé. Même maintenant, il n’y a pas eu d’excuses officielles.

Le contexte historique du racisme colonial et de la police qui a conduit au meurtre de Nahel à Nanterre est largement absent des récits dominants des politiciens français blancs et des experts des médias.

Malgré le fait que les meurtres par la police en France sont en augmentation, la majorité des victimes étant noires ou arabes, la réalité du racisme systémique en France est systématiquement et agressivement niée par les autorités françaises sous le double voile du daltonisme et de l’arrogance culturelle.

Les Français blancs en particulier sont plus à l’aise d’interpréter l’exécution d’un jeune maghrébin français en 2023 comme résultant de problèmes insolubles d’immigration et de pauvreté dans les banlieues (appelées les banlieues) ou comme la conséquence d’un policier mal formé appuyant sur la gâchette le pomme pourrie proverbiale.

À la suite de manifestations massives, le président français Emmanuel Macron a qualifié le meurtre d’inexplicable. Mais cela aussi est encore une autre invention française et une forme de déni persistant. La mort de Nahel n’est pas un mystère insoluble, c’est le résultat d’un racisme systémique.

Des études ont depuis longtemps démontré des préjugés raciaux importants dans la police française ciblant en particulier les Arabes et les Noirs. En 2020, le propre médiateur des droits de l’homme de France a constaté que les jeunes hommes racialisés comme arabes ou noirs sont 20 fois plus susceptibles d’être profilés et arrêtés par la police.

La Commission européenne contre le racisme et l’intolérance a longtemps mis en garde contre la discrimination raciale perpétrée par la police française, et les communautés sur le terrain reconnaissent fréquemment le lourd tribut d’être diabolisées et harcelées en raison d’une idéologie raciste. Les noms des minorités racisées victimes des violences policières en France au cours des deux dernières décennies Zyed et Bouna, Adama Traor, Tho, entre autres, ont laissé un bilan angoissant de l’impunité policière.

Lorsque ce type d’assassinats par la police se produit aux États-Unis, comme c’est si souvent le cas, les médias, les libéraux et les gauchistes reconnaissent généralement que le racisme est une cause fondamentale.

En France, les libéraux et les gauchistes s’associent souvent aux extrémistes de droite pour nier l’existence du racisme français. En fait, comme je l’affirme dans mon livre Resurrecting Slavery: Racial Legacies and White Supremacy in France, la réputation mondiale des États-Unis en tant que société particulièrement raciste est un facteur clé qui permet à la France et à d’autres nations européennes de minimiser et de nier leur propre sectarisme et discrimination.

De nombreux écrivains et intellectuels afro-américains de premier plan qui ont déménagé en France du début au milieu du XXe siècle ont également alimenté le mythe du daltonisme français. James Baldwin était une exception notable à la règle. Réfléchissant à son expérience en France, il écrit : J’ai vécu principalement parmi les misérables et, à Paris, les misérables [were] Algérien.

Aujourd’hui, les misérables, ceux qui se retrouvent visés par le racisme, l’islamophobie et les fusils de la police, sont toujours algériens.

Le moment est venu pour la France de dépasser le cycle familier de la violence et du déni de l’État pour une reconnaissance honnête du racisme systémique ainsi qu’un engagement à mettre en œuvre des politiques pour lutter contre la discrimination et les préjugés généralisés dans la police, l’emploi, l’éducation et la politique.

La véritable violence en jeu n’est pas simplement l’incendie de bâtiments et la destruction de biens, c’est le coût humain très réel de victimes comme Nahel qui s’ajoute au nombre de corps produits par des siècles d’oppression française.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale d’Al Jazeera.

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