Les hauts diplomates du G7 au Japon pour parler de l’Ukraine et de la Chine
Les ministres des Affaires étrangères sont arrivés par train à grande vitesse spécial pour des discussions qui prépareront le terrain pour un sommet des dirigeants à Hiroshima le mois prochain.
Les défis à relever ne manquent pas, mais les récents événements régionaux risquent de focaliser l’attention sur l’Asie.
La réunion intervient quelques jours après que la Chine a conclu d’importants exercices militaires autour de Taïwan autonome et après que la Corée du Nord a lancé ce qu’elle a qualifié de nouveau missile balistique intercontinental à combustible solide.
Le Japon hôte tient à ce que les défis régionaux figurent en tête de l’ordre du jour et soulignera sa conviction que l’invasion de l’Ukraine par la Russie renforce le besoin de vigilance en Asie.
« La position de base du Japon (…) sur l’Ukraine est que la sécurité de l’Europe et celle de l’Indo-Pacifique ne peuvent pas être discutées séparément », a déclaré un responsable du gouvernement japonais avant les pourparlers.
« Ils sont liés les uns aux autres. »
Le G7 a régulièrement mis en garde la Chine contre les tentatives de s’emparer de Taïwan, et des membres individuels ont tiré la sonnette d’alarme ces derniers jours.
« Une escalade militaire dans le détroit de Taiwan (…) serait un scénario d’horreur pour le monde entier », a déclaré vendredi à Pékin la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock.
Mais il y aura un regain d’attention sur la langue du groupe après les récents commentaires du président français Emmanuel Macron.
Son insistance, après un voyage à Pékin, pour que l’Europe évite « des crises qui ne sont pas les nôtres » a soulevé les sourcils et l’ire des alliés de Paris, tout en ravissant les responsables chinois.
Paris a travaillé pour tempérer la réaction, insistant sur le fait que les vues de la France n’ont pas changé, et la plupart des observateurs s’attendent à ce que le groupe réitère ses positions antérieures mettant en garde la Chine contre « un changement du statu quo par la force ».
« Liberté de manœuvre »
Pourtant, les commentaires de Macron reflètent la réalité selon laquelle les membres du bloc – qui regroupe le Japon, les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, la France, l’Italie, l’Allemagne et l’Union européenne – veulent une marge de manœuvre sur la politique chinoise, selon les experts.
Et cela signifie laisser la porte ouverte à la coopération, a déclaré le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, qui assiste à distance après avoir été testé positif au Covid.
« La Chine est devenue de plus en plus affirmée (…) mais nous devons continuer à dialoguer avec la Chine, à la recherche de solutions aux défis mondiaux », a-t-il déclaré aux journalistes.
Un haut responsable du département d’État américain a déclaré que les discussions refléteraient « l’inquiétude collective concernant un certain nombre d’actions entreprises par la Chine » et que les discussions se concentreraient sur « comment nous pouvons continuer à être pleinement alignés sur une approche commune et concertée ».
Le consensus sera plus simple sur l’Ukraine, mais aucune nouvelle mesure substantielle n’est attendue en plus des sanctions existantes du bloc.
« Nous allons renforcer notre engagement », a déclaré Baerbock lors d’une escale à Séoul avant d’arriver au Japon.
« Maintenant, il s’agit de montrer (au président russe Vladimir) Poutine que nous sommes déterminés à ne pas atteindre ses objectifs par l’usure et la fatigue. »
Le bloc pourrait offrir son soutien à un tribunal pour les crimes de guerre et exprimera probablement une inquiétude renouvelée face aux coups de sabre nucléaires russes.
L’invasion de la Russie et les inquiétudes croissantes concernant la Chine ont remis l’accent sur la sécurité économique et la nécessité de diversifier les chaînes d’approvisionnement pour tout, de l’énergie aux semi-conducteurs.
Tokyo et Washington ont mis en garde contre la « coercition économique », et les ministres du G7 devraient s’engager à prendre des mesures pour contrer le problème.
La réunion de deux jours abordera également les crises internationales, de l’emprise continue des talibans sur l’Afghanistan aux dernières attaques de la junte militaire au Myanmar.
La prolifération nucléaire fera également l’objet de discussions avant le sommet des dirigeants à Hiroshima en mai, où le Premier ministre Fumio Kishida souhaite que la promotion d’un monde sans nucléaire soit un sujet central.
Il a appelé dimanche le Japon à renforcer la sécurité pour protéger les événements du G7, un jour après s’être échappé indemne lorsqu’un explosif lui a été lancé lors d’un événement de campagne.