Les grèves qui secouent le secteur électrique français provoquent des pénuries de carburant
PARIS, 23 mars (Reuters) – Une action syndicale perturbant les raffineries françaises a laissé certaines stations-service à court de carburant alors que les grèves se sont prolongées jusqu’à un 16e jour jeudi, touchant également les terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL), l’alimentation électrique et la maintenance des réacteurs nucléaires.
Cette action fait partie d’un mouvement national contre les changements du système de retraite défendu par le président Emmanuel Macron, qui comprend l’augmentation de l’âge de la retraite de deux ans à 64 ans.
Mercredi soir, quelque 15% des stations-service étaient à court d’au moins un produit, selon les données du ministère de l’Energie citées par l’Union française des industries pétrolières (UFIP). Plus d’un tiers des stations étaient confrontées à des pénuries dans trois régions de l’ouest de la France et du sud de la France, a-t-il déclaré.
Il n’y avait pas lieu de paniquer, a déclaré un porte-parole de l’UFIP, ajoutant: « Nous voyons des gens se précipiter pour acheter (du carburant) alors nous essayons de les calmer. »
Le gouvernement français a renouvelé un ordre de réquisition du personnel du dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer exploité par les Dépôts de gaz de Fos (DPF) dans le sud du pays durement touché, a déclaré un porte-parole du ministère de l’Energie.
Un arrêté de réquisition a également été préparé pour le site de Gonfreville dans le nord de la France, mais la notification formelle n’a pas été émise à ce stade, a ajouté le porte-parole.
Alexis Antonioli, secrétaire général à Gonfreville du syndicat dur CGT, a déclaré à Reuters que le préfet (administrateur régional) de cette zone tentait de forcer le personnel à reprendre le travail pour fournir du kérosène aux aéroports parisiens.
« Pour nous, c’est inacceptable. C’est pourquoi, depuis hier, nous refusons de procéder à la (réquisition), car nous sommes ici pour défendre le droit de grève », a déclaré Antonioli.
L’autorité de l’aviation civile a émis un avertissement le 17 mars indiquant que l’approvisionnement en kérosène des aéroports parisiens devenait critique et a conseillé aux compagnies aériennes de ravitailler les avions autant que possible avant de s’envoler vers la capitale française, a rapporté l’AFP jeudi.
La raffinerie de Gonfreville, la plus grande de TotalEnergies dans le pays, a été fermée mardi en raison de la grève, a déclaré un porte-parole, qui a laissé des réservoirs de stockage presque pleins.
« Je le dis avec force : si la grève est un droit constitutionnel fondamental, le blocage (des infrastructures) ne l’est pas… », a déclaré la ministre de l’Energie Agns Pannier-Runacher.
Les syndicats ont déclaré qu’ils poursuivraient leur protestation.
« Nous n’avons pas d’autre choix que de faire grève et de bloquer l’économie jusqu’à ce que (Macron) renonce et retire son projet », a déclaré Fabrice Criquet, secrétaire général du syndicat FO-ADP.
La force majeure a été déclarée jeudi au terminal GNL de Dunkerque, dans le nord de la France, après que les opérations ont été interrompues par la grève, a déclaré l’opérateur Fluxys (FLUX.BR) dans un bulletin en ligne.
L’action devrait durer jusqu’à vendredi matin, limitant la capacité de livraison du site à 70 gigawattheures par jour (GWh/j), selon le bulletin.
Une assemblée générale se tiendra vendredi avec les travailleurs pour décider si la grève sera prolongée, a indiqué une source syndicale.
Onze réacteurs nucléaires ont vu leur maintenance bloquée, a indiqué un responsable syndical CGT. Ils comprenaient le réacteur Penly 1, dont on a découvert de nouvelles fissures de corrosion sous contrainte au début du mois. Les interruptions de maintenance ont duré 11 jours.
Le marché a déjà en partie réagi aux retards, a déclaré l’analyste de Rystad Fabian Ronningen, car la différence entre les prix de l’électricité français et allemand de l’année précédente – presque disparue au début de l’année – a dépassé 50 euros par mégawattheure (MWh).
« Plus nous constatons de retards, plus le risque de hausse des prix sera également élevé », a-t-il ajouté.
Reportage de Forrest Crellin, Benjamin Mallet, Lucien Libert et Marc Leras; édité par Silvia Aloisi et Mark Heinrich
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