Les émeutes en France ont été alimentées par le racisme, la brutalité policière et la mauvaise loi
(GIN) Des dizaines de milliers de policiers ont affronté de jeunes manifestants après qu’un adolescent d’origine nord-africaine a été tué par balle à bout portant par des agents lors d’un contrôle routier.
Des funérailles ont eu lieu pour Nahel M., 17 ans, dans la banlieue parisienne de Nanterre alors que la police a procédé à plus de 700 arrestations dans tout le pays. Ce fut le pire bouleversement social en France depuis des années.
La manifestation s’est terminée par des tirs de gaz lacrymogène et des voitures incendiées.
Le meurtre de l’adolescent a été capturé sur des vidéos et a contredit le rapport de police initial. Les vidéos partagées en ligne montrent deux policiers se penchant par la fenêtre côté conducteur d’une voiture jaune avant que le véhicule ne s’éloigne alors qu’un policier tire dans la fenêtre. Les vidéos montrent que la voiture s’est écrasée plus tard dans un poteau à proximité.
Le conducteur est décédé sur les lieux, a indiqué le parquet. Cela a conduit le procureur, Pascal Prache, à conclure que les conditions pour l’utilisation légale de l’arme n’étaient pas réunies lors de la fusillade.
Le policier a été placé en détention provisoire, selon le parquet.
L’incident a fait la une des journaux : la France fait face à un moment George Floyd, comme si on prenait soudain conscience de la question des violences policières racistes, a observé l’écrivaine Rokhaya Diallo. Cette comparaison naïve reflète elle-même un déni de la violence systémique et raciste inhérente depuis des décennies à la police française.
Pendant ce temps, a poursuivi Diallo, le nombre de cas de brutalités policières croît inexorablement chaque année. En France, les jeunes hommes perçus comme noirs ou d’origine maghrébine sont 20 fois plus susceptibles d’être soumis à des contrôles d’identité par la police que le reste de la population Pourquoi n’aurions-nous pas peur de la police ?
En 1999, poursuit Diallo, notre pays, berceau supposé des droits de l’homme, a été condamné par la Cour européenne des droits de l’homme pour torture, suite à l’abus sexuel par la police d’un jeune homme d’origine maghrébine. Maintenant, après la mort de Nahel, un organe des droits de l’homme de l’ONU a exhorté la France à s’attaquer aux problèmes profonds de racisme et de discrimination raciale au sein de ses forces de l’ordre.
Plus récemment, en décembre 2022, le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) a dénoncé à la fois le discours raciste des politiciens et les contrôles d’identité de la police pour cibler de manière disproportionnée certaines minorités.
Malgré ces conclusions accablantes, notre président, Emmanuel Macron, considère toujours que l’utilisation du terme violence policière est inacceptable. Pourtant, je crains que l’accent ne soit mis sur un policier individuel au lieu de remettre en question les attitudes et les structures enracinées au sein de la police qui se perpétuent. racisme. Et pas un seul des rapports et décisions accablants n’a conduit à une réforme significative de la police en tant qu’institution.
Pire encore, une loi adoptée en 2017 a permis à la police de tirer plus facilement pour tuer sans même avoir à se justifier en invoquant la légitime défense. Depuis cette modification de la loi, le nombre de tirs mortels contre des véhicules en mouvement a quintuplé. L’année dernière, 13 personnes ont été abattues dans leurs véhicules.
Quel que soit notre âge, nous sommes nombreux, Français issus de l’immigration postcoloniale, à porter en nous cette peur conjuguée à la rage, résultat de décennies d’injustices accumulées.
Cette année, nous marquons les 40 ans du meurtre de Toumi Djadja, un jeune de 19 ans d’un bidonville lyonnais, victime de violences policières qui l’ont plongé dans le coma pendant deux semaines. Ce fut la genèse de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, la première manifestation antiraciste d’envergure nationale, à laquelle participèrent 100 000 personnes.
Les crimes de la police sont à l’origine de nombreux soulèvements dans les zones urbaines les plus pauvres de France, a déclaré Diallo, et ce sont ces crimes qui doivent être condamnés en premier.