L’équilibre intérieur de la France, par Dario Pio Muccilli, Star-Revue Foreign Desk

UNAlors que le président français Macron a lancé le processus d’adoption d’une réforme visant à faire passer l’âge de la retraite de 62 ans à 64 ans, la France a plongé dans une flambée de protestations et de manifestations de masse marquant janvier et février avec cinq grèves générales et un nombre incalculable de blocages des transports. par les syndicats.

La réforme, visant à rendre la France économiquement crédible aux yeux de grands partenaires européens comme l’Allemagne, intervient dans un pays où l’État a historiquement eu un leadership économique fort et où le libéralisme n’a jamais vraiment trouvé sa place. La tentative de Macron de changer le système de retraite en réduisant ses coûts se heurte au pouvoir des syndicats, qui se sont montrés capables de contrecarrer tout le pays à plusieurs reprises.

Les syndicats ont pu faire ce que leurs collègues étrangers n’ont pas fait : créer une alliance intergénérationnelle. Alors que d’autres pays européens, comme l’Italie, ont vu l’âge de la retraite relevé par des gouvernements proches de la direction de l’UE, les syndicats ont joué le rôle de sauveurs de la jeunesse, affirmant que le coût des retraites aurait été un fardeau pour les générations à venir. En France ce n’est pas le cas, lycées, universités, grandes écoles : des étudiants de tout âge ont rejoint les manifestations à Paris boulevards. Il arrive même, comme le 16 février dernier à Palaiseau, petite commune de l’arrière-pays sud de la capitale, que les affiches les plus vues soient celles du lycée local plutôt que celle du syndicat.

Un mouvement aussi massif contre Macron a également rendu possible le manque d’emprise de la droite sur les manifestations, à peu près le contraire de ce qui s’est passé en Italie avec Matteo Salvini et Giorgia Meloni.

Marine Le Pen, leader de l’extrême droite française, a proposé un référendum populaire sur la question, mais a eu du mal à porter une opposition structurée au Parlement, où les députés de gauche du NUPES l’alliance ont joué le plus grand rôle dans l’obstruction systématique et l’opposition au projet de loi.

La plus grande manifestation doit avoir lieu le 6 mars. Elle rassemblera des centaines de milliers de personnes, mais Macron ne semble pas trembler. Il est habitué à gouverner sans soutien populaire, favorisé par un système électoral majoritaire qui a toujours mis les Français face au choix entre lui et Le Pen.

Cette réforme est pour Macron une occasion de montrer sa force à ses alliés en Europe, principalement des Allemands, car il veut prendre la direction de l’UE, un défi quasiment impossible sans avoir de solides références libérales. Ce qu’il fait, c’est un compromis, le démantèlement partiel de l’État-providence français, déjà expérimenté auparavant sur l’assurance-chômage, pour diriger le continent. C’est un mélange de français à l’ancienne grandeur et post-libéralisme : une formule qui provoque la délégitimation totale de la présidence Macron auprès des siens, tant son taux de désapprobation selon politique dépasse 60 %.

Détruire la solidarité entre les peuples et les institutions n’est pas un bon début pour un éventuel leadership européen. Une France pourrie dans un paysage politique aussi imbriqué que l’Europe provoquerait une instabilité incroyable. C’est une vérité qui devrait probablement conduire Macron à ne pas emmener la France au bord d’une nouvelle saison révolutionnaire.

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