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Le Sénat français rejette le projet de loi visant à ratifier l’accord commercial UE-Canada en raison des inquiétudes des agriculteurs

PARIS Le Sénat français a voté jeudi à une écrasante majorité pour rejeter la législation visant à ratifier un accord commercial de 2017 entre l’Union européenne et le Canada qui a été critiqué par les agriculteurs comme entraînant une concurrence déloyale de l’étranger.

L’accord économique et commercial global UE-Canada, ou CETA, est entré provisoirement en vigueur en septembre 2017 après que tous les gouvernements de l’UE l’ont accepté, mais sa mise en œuvre complète nécessite l’approbation de chaque parlement national.

Le vote du jeudi 211 voix contre 44 au Sénat ne signifie pas nécessairement que la France rejettera finalement la ratification.

Le vote renvoie le projet de loi à la puissante Assemblée nationale, qui l’avait approuvé en 2019 et qui peut encore passer outre le rejet du Sénat et donner son approbation finale à la mesure.

Mais l’alliance centriste de Macron, qui plaidait pour l’adoption de l’accord CETA, a perdu sa majorité à la chambre basse en 2022, rendant incertain l’issue d’un nouveau vote.

Si l’Assemblée devait rejeter le projet de loi lors de son deuxième vote, cela signalerait l’échec de la France à le ratifier et pourrait mettre à mal l’accord commercial avec l’UE.

Au Sénat, l’opposition de la majorité conservatrice et des législateurs de gauche s’est concentrée sur le souci de protéger les agriculteurs locaux de ce qu’ils considèrent comme une concurrence déloyale et de protéger la souveraineté alimentaire de la France. L’Assemblée n’a pas encore fixé de date pour examiner le projet de loi.

Le processus de ratification dans l’Union européenne a été lent, la France et neuf autres pays de l’UE, dont l’Italie et la Belgique, n’ayant pas encore donné leur approbation.

Le volume des échanges commerciaux entre l’UE et le Canada a connu une augmentation significative depuis l’entrée en vigueur provisoire de l’accord commercial. De 2017 à 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays ont bondi de 51 %, et les exportations françaises vers le Canada ont augmenté de 33 %.

Malgré ces gains économiques, le CETA a fait l’objet de critiques, notamment en raison de son impact sur les agriculteurs européens et sur l’environnement. Les critiques affirment que cela pourrait nuire à l’agriculture locale et augmenter les émissions de gaz à effet de serre en raison de l’augmentation du transport de marchandises.

L’AECG vise à terme à éliminer près de 99 % des tarifs douaniers. Il comprend une reconnaissance particulière pour certains produits européens comme les pruneaux d’Agen et le reblochon de Savoie.

Le rejet du Sénat fait pression sur l’Assemblée nationale, qui n’a adopté que de justesse l’AECG en 2019. Si la France ou tout autre État membre de l’UE rejette définitivement le traité, celui-ci pourrait s’effondrer, affectant les parties de l’accord déjà en vigueur.

Le vote des sénateurs français intervient après que des agriculteurs de toute la France et d’Europe ont manifesté avec leurs tracteurs plus tôt cette année pour protester contre les faibles revenus, la lourde réglementation et ce qu’ils appellent la concurrence déloyale de l’étranger, critiquant souvent les accords de libre-échange, y compris l’AECG.

La rédactrice d’AP Sylvie Corbet a contribué à l’histoire

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