Le retard des énergies renouvelables coûte des milliards à la France : rapport
La France perd 6 à 9 milliards par an d’importations de gaz parce que le pays n’a pas atteint ses objectifs en matière d’énergies renouvelables convenus au niveau européen, selon une nouvelle étude d’un groupe de réflexion dévoilée jeudi 8 décembre.
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La part de la France dans les énergies renouvelables s’élève à 19 % de la consommation finale brute d’énergie du pays, bien en deçà de l’objectif de 23 % que Paris s’est engagé à atteindre d’ici 2020 dans le cadre de la directive européenne sur les énergies renouvelables.
Ce manque à gagner devra donc être compensé par d’autres sources d’énergie, selon l’étude menée par l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), l’Institut Jacques Delors, l’Institut d’économie du climat (I4CE) et l’Observatoire français de l’économie conjonctures (OFCE).
Le coût d’un retard de la France dans l’atteinte de son objectif s’élèverait à 6 à 9 milliards d’importations de gaz par an, pour un prix du gaz compris entre 100 et 150 par mégawattheure (MWh), selon Andreas Rdinger de l’Iddri.
Selon le chercheur, le gaz plutôt que l’électricité est la bonne métrique car « le déficit français se situe surtout dans le domaine de la chaleur renouvelable qui aurait pu se substituer au gaz ou au fioul ».
Il ajoute que le manque à gagner observé dans ce secteur est de 70 térawattheures (TWh), alors que ces coûteuses importations de gaz fourniraient 65 TWh.
D’ailleurs, la France pourrait mettre du temps à combler ce vide puisque le projet de loi sur le développement des énergies renouvelables actuellement débattu à l’Assemblée nationale est muet sur le sujet, a ajouté Rdinger.
De plus, pour atteindre son objectif en matière d’énergie renouvelable pour 2030, la France devra investir 7 à 11 milliards supplémentaires par an, a souligné I4CE.
En plus de cela, le gouvernement devra dépenser 500 millions pour atteindre ses objectifs en achetant des soi-disant « mégawatts statistiques » du « surplus » que d’autres pays de l’UE comme l’Italie génèrent par rapport à leurs objectifs.
Sanctions possibles ?
Cependant, compte tenu de la nature contraignante de ces objectifs de l’UE, il existe un risque que les institutions de l’UE sanctionnent la France pour ne pas les avoir atteints.
Interrogée par EURACTIV France, la Commission européenne a refusé de dire si des sanctions sont envisagées et de quel montant. « S’il y a des sanctions, nous les communiquerons lorsqu’elles seront adoptées », a déclaré un porte-parole.
Une sanction financière pourrait s’élever à environ le prix des « mégawatts statistiques », IDDRI a dit.
Pourtant, la France devrait également investir environ 30 milliards de plus par an pour atteindre ses objectifs de décarbonation, selon I4CE.
Lors de la campagne présidentielle de cette année, le président français Emmanuel Macron a promis d’augmenter les investissements et le cofinancement public pour les énergies renouvelables de 10 milliards par an à partir de 2023.
« En l’état des discussions entre le gouvernement et le Parlement, l’augmentation sera de 3,5 milliards. Un tiers de ce qui était prévu », indique le groupe de réflexion.
[Edited by Frdric Simon/Alice Taylor]