#image_title

Le président rwandais dénonce l’échec de la communauté internationale, 30 ans après le génocide

Le président rwandais Paul Kagame a déclaré dimanche que la communauté internationale avait « laissé tomber » son pays lors du génocide de 1994, alors qu’il rendait hommage aux victimes 30 ans après que les extrémistes hutus ont déchiré le pays.

Publié le: Modifié:

3 minutes

« Le Rwanda a été complètement touché par l’ampleur de notre perte. Et les leçons que nous avons apprises sont gravées dans le sang », a déclaré Kagame à Kigali lors d’une cérémonie solennelle de commémoration d’un massacre de 100 jours qui a coûté la vie à 800 000 personnes, en grande partie Tutsis mais aussi modérés. Hutus.

« C’est la communauté internationale qui nous a tous laissé tomber, que ce soit par mépris ou par lâcheté », a-t-il déclaré, s’adressant à un auditoire composé de plusieurs chefs d’État africains et de l’ancien président américain Bill Clinton, qui avait qualifié le génocide de plus grand échec de son administration. .

Conformément à la tradition, les cérémonies du 7 avril, jour où les milices hutues ont déclenché le carnage en 1994, ont commencé avec le dépôt de couronnes de fleurs par Kagame sur les fosses communes et l’allumage d’une flamme commémorative au Mémorial du génocide de Kigali, où plus de 250 000 victimes seraient enterrées.



Les Rwandais organiseront également une marche et une veillée aux chandelles dans la capitale pour les personnes tuées dans le massacre.

La petite nation a depuis trouvé sa place sous le règne d’une main de fer de Kagame, qui a dirigé la milice rebelle qui a mis fin au génocide, mais les cicatrices de la violence demeurent, laissant une traînée de destruction dans la région africaine des Grands Lacs.

L’incapacité de la communauté internationale à intervenir est une cause de honte persistante, le chef de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, ayant déclaré à Kigali que « personne, pas même l’Union africaine, ne peut s’exonérer de son inaction ».

« Ayons le courage de le reconnaître et d’en assumer la responsabilité. »

‘Infernal’

Le président français Emmanuel Macron a publié dimanche un message vidéo, affirmant qu’il maintenait ses propos de mai 2021 lorsqu’il reconnaissait le rôle de la France dans le génocide et son refus de tenir compte des avertissements concernant des massacres imminents, mais qu’il s’était abstenu de présenter des excuses officielles.

« Je n’ai aucun mot à ajouter, aucun mot à retirer de ce que je vous ai dit ce jour-là », a déclaré Macron dimanche.

« Nous avons tous abandonné des centaines de milliers de victimes à ce huis clos infernal. »

La Tour Eiffel affiche à Paris le 7 avril 2024 des lettres illuminées indiquant « Les 30 ans du génocide », dans le cadre des commémorations du 30e anniversaire du génocide rwandais de 1994.
La Tour Eiffel affiche à Paris le 7 avril 2024 des lettres illuminées indiquant « Les 30 ans du génocide », dans le cadre des commémorations du 30e anniversaire du génocide rwandais de 1994. Ludovic Marin, AFP

Au moment du génocide, le gouvernement français soutenait depuis longtemps le régime rwandais dominé par les Hutu, ce qui a conduit à des décennies de tensions entre les deux pays.

En savoir plusGénocide des Tutsis au Rwanda : comment les historiens mesurent l’horreur

La présidence française avait annoncé jeudi que Macron publierait un message affirmant que la France et ses alliés occidentaux et africains « auraient pu arrêter » l’effusion de sang mais n’avaient pas la volonté de le faire.

Le message final ne représente cependant pas une avancée significative par rapport aux commentaires antérieurs de Macron sur le génocide.

Les événements de dimanche marquent le début d’une semaine de deuil national, le Rwanda étant effectivement paralysé et les drapeaux nationaux mis en berne.

La musique ne sera pas autorisée dans les lieux publics ni à la radio, tandis que les événements sportifs et les films seront interdits à la télévision, à moins qu’ils ne soient liés à ce qui a été surnommé « Kwibuka (Remembrance) 30 ».

Fuir la justice

L’assassinat du président hutu Juvénal Habyarimana dans la nuit du 6 avril, lorsque son avion a été abattu au-dessus de Kigali, a déclenché le carnage des extrémistes hutus et des milices « Interahamwe ».

Les victimes ont été abattues, battues ou hachées à mort dans des meurtres alimentés par une propagande anti-Tutsi vicieuse diffusée à la télévision et à la radio. Au moins 250 000 femmes ont été violées, selon les chiffres de l’ONU.

Le pays abrite plus de 200 mémoriaux du génocide et de nouvelles fosses communes continuent d’être découvertes.

En 2002, le Rwanda a mis en place des tribunaux communautaires où les victimes entendaient les « aveux » de ceux qui les avaient persécutées, même si les organismes de défense des droits ont déclaré que le système avait également entraîné des erreurs judiciaires.

Aujourd’hui, les cartes d’identité rwandaises ne précisent pas si une personne est Hutu ou Tutsi.

Les survivants du génocide rwandais continuent de demander justice, 30 ans après



Les élèves du secondaire découvrent le génocide dans le cadre d’un programme scolaire étroitement contrôlé.

Selon le Rwanda, des centaines de suspects de génocide sont toujours en liberté, notamment dans les pays voisins comme la République démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda.

Seuls 28 d’entre eux ont été extradés vers le Rwanda en provenance du monde entier.

La France, l’une des principales destinations des Rwandais fuyant la justice nationale, a jugé et condamné une demi-douzaine de personnes pour leur implication dans les meurtres.

(AFP)

www.actusduweb.com
Suivez Actusduweb sur Google News


Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite