Le porte-parole du gouvernement français attaqué pendant la campagne électorale, quelques jours avant une élection décisive
PARIS Dans la dernière ligne droite avant les élections législatives françaises à enjeux élevés dimanche, plusieurs candidats ont rapporté avoir été attaqués pendant la campagne, notamment la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot.
Le ministre français de l’Intérieur a annoncé jeudi que 30.000 policiers seraient déployés le jour du scrutin, dont 5.000 en région parisienne. La tension est vive alors que des groupes de gauche et modérés tentent d’empêcher le Rassemblement national (RN), un parti nationaliste et anti-immigration, de remporter une majorité absolue aux législatives, ce qui constituerait une première et un tournant historique majeur pour la France.
Les candidats se sont plaints à la fois de discours de haine et de violence physique au cours de la brève et polarisante campagne pour les élections anticipées.
La candidate du parti d’opposition Ensemble, Emmanuel Macron, a déclaré qu’elle, un député et un militant du parti étaient en train de coller des affiches électorales à Meudon, près de Paris, mercredi soir, lorsqu’un groupe les a attaqués. La députée et le militant du parti ont été transportés à l’hôpital.
La violence symbolique des mots a vite été remplacée par la violence physique, a-t-elle déclaré aux journalistes lors de son retour en campagne jeudi. On est encore un peu choqués… Je reste mobilisée.
Elle a indiqué que le motif de l’agression était en cours d’investigation. Le parquet a indiqué avoir ouvert une enquête pour agression armée en bande organisée contre un fonctionnaire. Quatre personnes, dont trois mineurs, sont en garde à vue, a précisé le parquet.
Les hommes politiques de tous bords ont condamné cette attaque ainsi que d’autres contre des candidats de différents partis.
Marie Dauchy, candidate du Rassemblement national en Savoie, a déclaré avoir été agressée mercredi sur un marché alimentaire alors qu’elle faisait campagne et a annoncé qu’elle abandonnait la course. La cheffe de file de son parti et candidate à trois reprises à la présidentielle, Marine Le Pen, a déclaré sur X que deux hommes avaient lâchement agressé Marie Dauchy.
Nicolas Conquer, candidat des Républicains, a déclaré sur les réseaux sociaux avoir été agressé alors qu’il distribuait des tracts électoraux mardi à Cherbourg. Il était accompagné d’un mineur au moment des faits et a signalé l’incident à la police, a-t-il précisé.
Dans les Alpes, Bernard Dupré, un élu local de 77 ans, a été battu alors qu’il collait des affiches de campagne de l’ancien ministre de la Santé Olivier Véran, a indiqué jeudi ce dernier. Des médias français ont diffusé des images de Bernard Dupré l’œil ensanglanté.
Rejetons le climat de violence et de haine qui s’installe, a déclaré jeudi le Premier ministre Gabriel Attal sur X.
Ce climat est déplorable, a déclaré Le Pen dans une interview télévisée.
Quelques heures avant d’être prise pour cible, Thévenot avait fait part à la chaîne française TF1 de son inquiétude en tant que personne de couleur confrontée à une situation politique compliquée. Ses parents sont originaires de l’île Maurice, en Afrique.
« Je ne dis pas cela seulement en tant que porte-parole du gouvernement, mais davantage en tant que fille d’immigrés et mère d’enfants métis », a-t-elle déclaré, évoquant des attaques racistes répétées et intensifiées. « Elles ne le font plus de manière anonyme, mais à visage découvert et même avec une certaine fierté.
De nombreuses personnes ont exprimé leur inquiétude quant au fait que la montée en puissance du soutien des électeurs au Rassemblement national, farouchement anti-immigration, ait poussé les gens à se sentir plus à l’aise pour utiliser un langage raciste, xénophobe et antisémite en public.
Une candidate qui a fait campagne dans la banlieue parisienne pour le camp de Macron s’est vu assigner des agents de sécurité privés par son parti après avoir déclaré avoir été la cible d’abus antisémites.
Des tracts ciblant les Noirs ont été distribués dans les boîtes aux lettres de Chatou, en banlieue parisienne, ce qui a choqué les habitants. L’association SOS Racisme a déposé plainte pour incitation à la haine et a déclaré que ses bureaux en France ont constaté une augmentation des signalements de propos et d’actes racistes pendant la campagne.
L’agence gouvernementale qui recense les actes racistes ne dispose pas de données récentes depuis le début de cette brève campagne.
Le Canard enchaîné rapporte que Fadila Khattabi, ministre des Personnes handicapées et fille d’immigrés algériens, était en larmes lorsqu’elle a raconté une histoire personnelle lors d’une réunion ministérielle à l’Elysée lundi. « Compte tenu de mes origines, j’ai peur des discours racistes », a-t-elle déclaré, selon le journal. Mon fils, symbole de la réussite républicaine, enfant de l’immigration devenu pharmacien, veut désormais quitter la France, par peur d’une victoire du Rassemblement national.
Un groupe appelé Action antifasciste Paris-Banlieue a appelé à manifester dimanche soir devant l’Assemblée nationale, chambre basse du Parlement, à l’approche des résultats du scrutin, pour s’opposer à l’extrême droite. Marine Le Pen a dénoncé cet appel.
Macron a convoqué des élections législatives surprises le 9 juin après que son alliance centriste ait subi une défaite cuisante face au Rassemblement national lors du vote pour le Parlement européen, plongeant le pays dans une campagne législative chaotique et soudaine.