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Le plan français de développement du nucléaire ne doit pas mettre en péril la croissance des énergies renouvelables

À la suite de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022 et de la forte réduction de l’approvisionnement en gaz par gazoduc russe vers l’Europe, les prix spot de l’électricité sur le continent ont grimpé en flèche et ont durement touché les consommateurs industriels et de détail. Les prix ont culminé en août 2022 et sont restés historiquement élevés jusqu’en 2023. Les prix sont désormais revenus aux niveaux d’avant 2022.

Au cours des deux dernières années, les importations européennes de gaz russe ont été largement remplacées par du gaz naturel liquéfié (GNL) provenant de sources alternatives. Les réductions et les mécanismes de réponse à la demande ont contribué à absorber le choc des prix. Les consommateurs de l’Union européenne ont fait preuve d’une grande résilience dans leur capacité à réduire leur consommation d’énergie. La part de la Russie dans les importations de gaz de l’UE est passée de 40 % en 2021 à moins de 15 % aujourd’hui (y compris les approvisionnements en gazoducs et en GNL).

Dans le cas de la France, cette crise énergétique a été particulièrement difficile car elle a coïncidé avec la mise hors service de nombreux réacteurs nucléaires pour des travaux de maintenance. En 2022, le pays était importateur net d’électricité pour la première fois depuis plus de 40 ans. En 2023, alors que la plupart des réacteurs nucléaires ont été remis en service, le pays est redevenu un exportateur net d’électricité. L’épisode illustre les risques d’exposition de la France à l’énergie nucléaire.

Le nucléaire domine le mix énergétique français depuis les années 1980

Le développement des centrales nucléaires en France a commencé dans les années 1970, en partie en réponse à l’embargo pétrolier de l’OPEP de 1973. L’énergie nucléaire était considérée comme un moyen d’assurer l’indépendance énergétique du pays. La première centrale a été mise en service en 1977. De nouvelles unités ont ensuite été ajoutées au système sur une base presque annuelle jusqu’en 1999 (voir graphique 1).

Durant cette période, la capacité nucléaire française a atteint 61,5 gigawatts (GW). Cela se traduit par une production moyenne de 400 térawattheures (TWh) par an, soit 70 à 80 % de la production totale d’électricité du pays, selon les années. La France possède la plus grande part du nucléaire dans son mix de production au monde et se classe deuxième derrière les États-Unis en termes de capacité installée. Ajoutées à sa capacité hydroélectrique de 25 GW, les deux technologies peuvent répondre en moyenne à 90 % de la demande électrique de base et de pointe de la France, sans CO2.

La France a également développé une industrie pour exporter ses réacteurs nucléaires. La dernière technologie, le réacteur pressurisé européen (EPR), a été livrée à la Finlande, à la Chine et au Royaume-Uni.

Cependant, comme le montre le graphique 1, la France n’a pas construit de réacteur nucléaire depuis 1999, ce qui signifie que son expertise en EPR n’a pas profité autant qu’elle aurait pu à son parc nucléaire national. La construction du dernier réacteur, Flamanville 3, a débuté en 2007. Il n’est pas encore mis en service. Jusqu’à présent, le projet a pris 12 ans de retard et dépasse presque quatre fois le budget prévu.

Alors que de nombreux réacteurs arrivent à la fin de leur durée de vie de 40 ans, les décideurs doivent choisir entre les arrêter ou prolonger leur exploitation de 10 ou 20 ans grâce à d’importants programmes de réaménagement.

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