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Le Nouveau Front Populaire français peut-il surmonter la menace électorale de l’extrême droite ?

Les quatre principaux partis français de gauche et verts, visant à bloquer l’avancée de l’extrême droite, ont formé une alliance pour présenter une liste unique de candidats lors des élections anticipées convoquées par le président Emmanuel Macron à la fin du mois.

Qui fait partie du Nouveau Front Populaire (NFP), quelle est sa plateforme, quelles sont ses chances de réussite et, compte tenu des désaccords politiques majeurs entre ses membres et de l’animosité personnelle de ses dirigeants, survivra-t-il ?


Pourquoi la gauche s’est-elle unie ?

Le vote aux élections présidentielles et législatives françaises se déroule en deux tours. Un candidat peut gagner au premier tour s’il recueille plus de 50 % du total des suffrages exprimés, représentant au moins 25 % des électeurs inscrits, mais cela est rare.

Dans la majorité des 577 circonscriptions françaises, les deux candidats arrivés en tête du premier tour, ainsi que tous les autres candidats ayant recueilli au moins 12,5 % des électeurs inscrits, accèdent au second. Unir nos forces augmente considérablement les chances d’avancement des candidats de gauche.

Le nom de l’alliance est un clin d’œil au Front populaire, une alliance politique éphémère entre les socialistes et les communistes en France en 1936 pour lutter contre le fascisme qui a conduit l’homme politique socialiste Lon Blum à devenir Premier ministre.


Quels partis sont impliqués et combien de candidats chacun présentera-t-il ?

Le plus grand parti du NFP est Unbowed France (LFI), dirigé par le brandon de la gauche radicale Jean-Luc Mlenchon. Fondé en 2016, il est d’extrême gauche et populiste, estimant que les partis et organisations politiques traditionnels ne servent plus la démocratie. Il comptait 75 députés au parlement sortant.

LFI souhaite une réforme constitutionnelle, 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050, le retrait des accords de libre-échange, une refondation démocratique de l’UE, la séparation des banques de détail et d’investissement, un plafonnement des prix des aliments de base et de l’énergie et un salaire minimum plus élevé.

Le Parti socialiste (PS) est le parti dominant de centre-gauche de François Mitterrand et François Hollande. Social-démocrate et pro-européen, il a été pendant des décennies le plus grand parti de la gauche française, mais a obtenu moins de 2 % à l’élection présidentielle de 2022 et comptait 31 députés.

Le français Parti communiste (PCF), l’un des plus anciens d’Europe, a longtemps été la principale force de la gauche française d’après-guerre et a servi dans un gouvernement de coalition avec le PS de 1997 à 2002. Son objectif est toujours de vaincre le capitalisme, mais il se montre pragmatique dans sa démarche. Il comptait 22 députés lors du parlement précédent.

Le français Parti vert (LE-EELV) souhaite une réduction de 40% du CO2 émissions, une sortie du nucléaire et des emplois, des logements, des transports publics et une agriculture plus verts. Pro-européen, il a un programme économique nettement de gauche, comprenant des augmentations d’impôts pour les hauts revenus. Il comptait 21 députés.

Selon cet accord, sur les 546 candidats présentés par la nouvelle alliance au premier tour des élections du 30 juin, 229 seront soutenus par LFI, contre 175 pour le PS, 92 pour les Verts et 50 pour le PCF communiste.


Qu’est-ce que le programme NFP ?

Même si les quatre partis ont déclaré avoir fait des concessions, le programme NFP est clairement influencé par celui de la gauche dure LFI, avec notamment des promesses d’augmentation considérable des dépenses publiques. À 110 %, le taux d’endettement de la France est le troisième plus élevé de la zone euro.

Il promet d’annuler les réformes controversées des retraites de Macron et de ramener l’âge de la retraite à 60 ans ; augmenter les salaires du secteur public; lier les salaires à l’inflation ; accroître les allocations de logement et les allocations aux jeunes ; réduire l’impôt sur le revenu et la sécurité sociale pour les plus faibles revenus ; et introduire un impôt sur la fortune pour les riches.

Il vise également à augmenter le salaire minimum, à financer 500 000 places en garderie, à plafonner les prix des aliments essentiels, de l’électricité, du gaz et de l’essence, à renforcer les mesures vertes, notamment en légiférant sur la neutralité carbone d’ici 2050, et à réformer la politique agricole commune de l’UE.

Sur le plan des affaires étrangères, l’alliance a déclaré qu’elle exigerait un cessez-le-feu immédiat à Gaza, reconnaîtrait l’État de Palestine, mettrait fin à la guerre d’agression de Moscou en Ukraine, continuerait à fournir des armes à Kiev et défendrait sans faille la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien.

Mlenchon lui-même est connu pour ses nombreuses déclarations favorables à Moscou, mais il a modéré sa position après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.


Quelle est la solidité de l’alliance ?

Les quatre mêmes partis ont formé un pacte comparable, connu sous le nom de Nupes, au lendemain des élections présidentielles de 2022 et avant le scrutin parlementaire qui a suivi. L’alliance a ainsi gagné un peu plus de 150 députés à l’Assemblée nationale.

Bien qu’elle n’ait jamais été formellement dissoute, cette alliance s’est effectivement effondrée l’année dernière en partie à cause du caractère dominateur et agressif de Mlenchon et de ses positions de plus en plus radicales, mais aussi à cause de profondes divergences politiques sur le soutien à l’Ukraine, la guerre à Gaza et l’UE.

LFI a refusé de qualifier le Hamas de groupe terroriste, et le parti, et en particulier Mlenchon, dont certaines remarques ont provoqué l’indignation de politiciens rivaux et de la communauté juive, a été accusé de courtiser les électeurs musulmans en colportant des clichés antisémites. Ils le nient.

Les partis semblent déterminés à faire en sorte que cela fonctionne, gagnant le soutien du farouche critique de Mlenchon, Raphal Glucksmann, qui a mené une liste socialiste modérée à la troisième place aux élections parlementaires européennes, et de l’ancien président du PS François Hollande.

Mais on ne sait pas clairement qui dirigera le NFP ou qui sera son candidat au poste de Premier ministre. Glucksmann et d’autres ont exclu Mlenchon, affirmant que le NFP a besoin d’un organisme qui parvient à un consensus, et d’autres à gauche ont évoqué l’alliance comme étant simplement une ouverture de discussions.

Mlenchon a promis de se retirer, mais pour l’instant son emprise de fer sur LFI demeure ; le parti a refusé de reconduire cinq députés sortants qui ont osé critiquer son fougueux leader, une décision que les trois candidats à la présidentielle ont qualifiée de purge et typiquement autocratique.


Dans quelle mesure le PFN fonctionnera-t-il ?

Les sondages placent le NPF entre 28 et 30 % des suffrages nationaux, contre environ 33 % pour le Rassemblement national (RN) d’extrême droite de Marine Le Pen et à peine 19 % pour la coalition centriste de Macron. La plupart des experts disent qu’ils ne s’attendent pas à une victoire de l’alliance de gauche.

Cependant, le résultat final en termes de nombre réel de sièges à l’Assemblée nationale est difficile à juger. Selon les sondages actuels, les candidats à la présidentielle pourraient être exclus du second tour dans des centaines de circonscriptions.

Si cela se produit, les électeurs modérés de gauche, comme ceux qui ont soutenu Glucksmann, seront probablement le facteur décisif. Face au choix entre le NFP et le RN, on ne sait pas exactement combien soutiendront une alliance incluant LFI, ou préféreront s’abstenir.

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