Le nouveau bloc de gauche français commence à se fissurer avant les élections anticipées
Débloquez Editors Digest gratuitement
Roula Khalaf, rédactrice en chef du FT, sélectionne ses histoires préférées dans cette newsletter hebdomadaire.
Le nouveau pacte d’unité de la gauche française montre des signes de fissuration, à peine deux jours après sa signature, une décision qui menaçait d’éclipser l’alliance centriste d’Emmanuel Macron lors des prochaines élections anticipées.
Le leader d’extrême gauche Jean-Luc Mlenchon a lancé du jour au lendemain une purge des modérés de son parti qui prônaient l’unité, provoquant une réaction furieuse de la part d’autres dirigeants de gauche. Olivier Faure, le chef socialiste, a qualifié cela de scandaleux.
La création du Nouveau Front populaire pourrait sérieusement nuire aux perspectives des candidats pro-Macron en rendant beaucoup plus difficile leur qualification au second tour le 7 juillet. Le premier tour aura lieu le 30 juin.
La possibilité d’un gouvernement d’extrême droite avec la gauche comme principale force d’opposition, les deux groupes ayant des plans de dépenses massifs non financés, a ébranlé les marchés financiers, provoquant une liquidation de la dette et des actions françaises cette semaine.
Quelque 75 000 personnes ont participé samedi après-midi à Paris à une manifestation contre l’extrême droite, a indiqué la police. Le syndicat CGT a indiqué que 250 000 personnes avaient participé aux manifestations dans la capitale et 640 000 à l’échelle nationale.
Le NPF n’a été conclu que jeudi après d’intenses négociations entre quatre partis de gauche. Les partis sont profondément divisés sur l’économie, la politique européenne et l’Ukraine, mais ont enterré leurs divergences pour maximiser leurs chances contre Marine Le Pens Rassemblement National.
Mais la purge de Mlenchon a mis le NPF sous pression. Le chef de la France Insoumise a radié de la liste des candidats LFI plusieurs collègues qui avaient auparavant critiqué ses positions extrêmes. Il a inclus dans la liste Adrien Quatennens, un député LFI protégé et controversé, accusé par son épouse de violences conjugales.
La décision de Mlenchon, un homme politique profondément polarisant, a suscité une réaction furieuse de la part des membres purgés et de leurs sympathisants.
C’est tout à fait mesquin, petit de sa part, de régler des comptes alors que l’enjeu est désormais d’empêcher l’extrême droite de prendre le pouvoir, a déclaré à France Info Alexis Corbires, l’un des députés démis de ses fonctions.
Une autre, Raquel Garrido, a posté sur X : Honte à toi, Jean-Luc Mlenchon. C’est du sabotage. Mais je peux faire mieux. Nous pouvons faire mieux.
Les critiques de Mlenchon affirment que sa loyauté envers Quatennens est une trahison des principes féministes de gauche.
Suite à la fureur, Quatennens a retiré sa candidature dimanche matin, éliminant ainsi le risque qu’un autre homme politique de gauche se présente contre lui, ce qui aurait sapé le pacte d’unité.
Les partis politiques se démènent pour rassembler leurs listes de candidats pour les élections avant la date limite de dimanche après-midi.
L’ancien président français François Hollande a confirmé samedi qu’il se présenterait aux élections parlementaires pour le NPF.
La candidature de Hollande dans sa région natale de Corrze a surpris ses collègues. Faure, le leader socialiste, a déclaré qu’il n’était pas au courant.
S’il est élu, Hollande deviendra seulement le deuxième ancien chef d’État à siéger à l’Assemblée nationale sous la Cinquième République. L’autre était Valry Giscard d’Estaing.
Hollande a déclaré qu’il s’agissait d’une décision exceptionnelle pour une situation exceptionnelle, étant donné que l’extrême droite est plus proche du pouvoir qu’à aucun moment depuis la libération de la France de l’occupation nazie en 1945.
Pour sauver autant de sièges que possible, l’alliance centriste de Macron tente de conclure des accords locaux réciproques pour ne pas s’opposer aux candidats de centre-droit qui refusent de soutenir le RN.
Le parti de centre-droit Les Répubicains est également en plein désarroi après que son chef Eric Ciotti ait conclu unilatéralement une alliance avec l’extrême droite. Furieux, les collègues de l’exécutif du parti ont voté à l’unanimité en faveur de l’expulsion de Ciotti, mais la décision a été annulée par un tribunal de Paris vendredi soir, laissant planer un doute sur l’identité du responsable de la liste des candidats.