Le Liban impose une interdiction de voyager au chef de la banque centrale à la suite d’un mandat d’arrêt français

Salameh a été la cible d’une série d’enquêtes judiciaires tant dans le pays qu’à l’étranger sur des allégations de détournement de fonds, de blanchiment d’argent, de fraude et d’enrichissement illicite, ce qu’il nie.

Les enquêteurs français soupçonnent qu’au cours de ses trois décennies à la tête de la banque centrale, Salameh a détourné des fonds publics pour accumuler des actifs immobiliers et bancaires dissimulés à travers un réseau financier complexe et frauduleux.

Mercredi, le juge Imad Qabalan a interrogé Salameh et « a décidé de le libérer dans l’attente de l’enquête, de lui interdire de voyager et de lui confisquer ses passeports libanais et français », a déclaré à l’AFP le responsable, sous couvert d’anonymat car ils n’étaient pas autorisés à parler aux médias.

Les militants affirment que l’interdiction de voyager imposée au chef de la banque centrale l’empêche d’être traduit en justice à l’étranger – et de potentiellement faire tomber d’autres membres de la classe politique libanaise enracinée.

« La justice libanaise, à l’exception de quelques juges, a montré qu’elle n’est pas indépendante. Elle est partiale pour les politiciens qui la dirigent comme ils l’entendent », a accusé l’avocat et militant Karim Daher.

« Le régime libanais corrompu (…) n’a aucun intérêt à ce que Salameh soit jugé à l’étranger et qu’il raconte des histoires » sur les activités financières de la classe politique, a-t-il déclaré à l’AFP.

Interpol a fait circuler une notice rouge la semaine dernière après qu’un magistrat français a émis un mandat d’arrêt contre Salameh, qui ne s’est pas présenté pour un interrogatoire à Paris devant les enquêteurs sondant ses importants actifs à travers l’Europe.

Une notice rouge d’Interpol n’est pas un mandat d’arrêt international mais demande aux autorités du monde entier de détenir provisoirement des personnes en attendant une éventuelle extradition ou d’autres actions en justice.

Le Liban n’extrade pas ses ressortissants mais Salameh pourrait être jugé au Liban si les autorités judiciaires locales décident que les accusations portées contre lui sont fondées, a précédemment déclaré à l’AFP un responsable.

Kabalan a demandé à la justice française de renvoyer le dossier de Salameh à Beyrouth afin de « déterminer si la justice libanaise le poursuivra ou non pour les crimes dont il est accusé en France », a ajouté le responsable. Salameh « a demandé au juge de le juger au Liban et de ne pas l’extrader vers la France », a déclaré le responsable.

Mandat allemand

Mercredi également, l’Allemagne a informé le procureur général du Liban qu’elle avait également émis un mandat d’arrêt contre Salameh, a déclaré le responsable judiciaire, ajoutant que le procureur de Munich soumettrait le mandat à Interpol sous peu.

Salameh a nié à plusieurs reprises tout acte répréhensible et continue d’exercer les fonctions de gouverneur de la banque centrale. Son mandat se termine en juillet.

En mars 2022, la France, l’Allemagne et le Luxembourg ont saisi des actifs d’une valeur de 120 millions d’euros (130 millions de dollars) dans le cadre d’une enquête sur la richesse de Salameh.

En février, le Liban a accusé Salameh de détournement de fonds, de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale dans le cadre de ses propres enquêtes.

L’enquête nationale a été ouverte à la suite d’une demande d’assistance du ministère public suisse chargée d’enquêter sur plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds par Salameh et son frère.

Cette année, les enquêteurs européens ont interrogé Salameh à Beyrouth, entendant également son assistante Marianne Hoayek, son frère Raja, un ministre libanais et des cabinets d’audit de banques centrales.

Le responsable judiciaire a déclaré mercredi qu’un juge avait notifié Raja Salameh et Hoayek qu’ils devaient comparaître devant la justice française respectivement les 31 mai et 13 juin.

Depuis 2019, le Liban est plongé dans une crise économique considérée par la Banque mondiale comme l’une des pires de la planète depuis le milieu du XIXe siècle.

(AFP)

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