Le gouvernement sénégalais coupe l’accès à Internet mobile au milieu d’émeutes meurtrières

DAKAR, 4 juin (Reuters) – Le gouvernement sénégalais a coupé l’accès aux services Internet mobiles dans certaines zones en raison d’émeutes meurtrières au cours desquelles des messages « haineux et subversifs » ont été diffusés en ligne, a-t-il déclaré dimanche dans un communiqué.

Le pays d’Afrique de l’Ouest a été secoué par trois jours de violentes manifestations au cours desquelles 16 personnes sont mortes, l’un de ses épisodes de troubles civils les plus meurtriers depuis des décennies.

La semaine dernière, le gouvernement a limité l’accès à certaines plateformes de messagerie, mais de nombreuses personnes ont pu contourner la panne grâce à l’utilisation de réseaux privés virtuels qui masquent la localisation de l’utilisateur. Il a prolongé la panne dimanche pour inclure toutes les données sur les appareils Internet mobiles dans certaines zones et à certains moments, selon le communiqué.

Il n’a pas précisé quelles zones ont été touchées ni à quelles heures, mais les habitants de Dakar ont déclaré qu’ils n’étaient pas en mesure d’accéder à Internet sans connexion wifi dimanche après-midi, une heure de la journée où les manifestations ont généralement commencé à prendre de l’ampleur.

« En raison de la diffusion de messages haineux et subversifs (…) l’Internet mobile est temporairement suspendu à certaines heures de la journée », indique le communiqué.

Le catalyseur des troubles a été la condamnation jeudi du chef de l’opposition populaire Ousmane Sonko à deux ans de prison, ce qui pourrait l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de février.

Les manifestants ont également été irrités par le refus du président Macky Sall d’exclure la possibilité de briguer un troisième mandat. Le Sénégal a une limite présidentielle de deux mandats.

Les coupures d’Internet pour étouffer la dissidence sont courantes en Afrique et remontent au printemps arabe de 2011, lorsque les dirigeants égyptien, tunisien et libyen ont cherché à contrôler la diffusion de l’information. Depuis lors, le Gabon, la Gambie, la République démocratique du Congo et d’autres ont fait de même en période d’instabilité.

Les groupes de défense des droits affirment que cette décision viole la liberté d’expression. Elle peut également ébranler des économies déjà fragiles.

« Ces restrictions (…) constituent des mesures arbitraires contraires au droit international et ne peuvent être justifiées par des impératifs de sécurité », a déclaré Amnesty International dans un communiqué vendredi lors de la première vague de pannes au Sénégal.

Reportage de Bate Felix Écriture d’Edward McAllister Montage de David Holmes et Frances Kerry

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