Le gouvernement français fait face à des poursuites judiciaires après avoir interdit aux parents de donner un prénom breton à leur enfant

Luc James
Le gouvernement français va être poursuivi en justice pour la deuxième fois en cinq ans pour avoir interdit aux parents de donner un prénom breton à leurs enfants.
Mlissa Yana et Étienne Pichancourt ont appris qu’ils ne pouvaient pas nommer leur fils nouveau-né Fach, l’équivalent de Francis ou Ffransis qui est associé à d’éminents écrivains bretons et défenseurs de la langue.
La décision du procureur français intervient alors que le plus haut tribunal civil du pays a confirmé le droit d’une autre famille bretonne de donner le même nom à son enfant en 2019.
Yana et Pichancourt se sont d’abord vu refuser l’autorisation d’utiliser ce nom, qui comporte un accent qui n’existe pas en français, lorsqu’ils sont allés déclarer la naissance.
Le maire de Lorient, où Fach est né le 17 juin, est alors intervenu pour approuver le nom et le couple a reçu des documents d’identité officiels avec le nom correct de leurs fils.
Mais ils ont maintenant reçu une lettre du procureur de la République de France qui indique qu’il ne peut légalement rien faire d’autre que de procéder à la rectification administrative de l’erreur d’écriture du prénom de votre enfant.
Nous sommes abasourdis, dit le père Etienne, qui a déjà deux filles qui fréquentent les écoles Diwan de langue bretonne.
Nous souhaitons que nos enfants soient immergés dans la culture bretonne ainsi que dans la culture française, a-t-il déclaré à Ouest France. Et nous voulions pouvoir utiliser le nom de notre choix.

Stipulation
La lettre cite la Constitution qui stipule que seule la langue française peut être utilisée en matière administrative, ce qui interdit l’utilisation d’accents autres que ceux utilisés dans l’alphabet français.
La décision a suscité l’indignation en Bretagne depuis sa publication en ligne en début de semaine.
Le maire de Lorient, Fabrice Loher, a répliqué à l’idée selon laquelle le nom aurait été approuvé en raison d’une erreur administrative : « C’était délibéré et non une erreur. Je n’ai pas l’impression de mettre en péril l’unité de la république. Je pense qu’il y a d’autres batailles à mener.
Log Chesnais-Girard, président de la Bretagne, a déclaré : « Fach ne met pas en danger l’unité du pays. Au contraire, l’accepter, c’est reconnaître notre diversité et nous renforcer collectivement.
L’édile de Lorient, Gaël Briand, a souligné que le nom de l’actuel chef de la police de Paris, Laurent Nuez, utilisait le même accent.
Paul Molac, qui représente Lorient à l’Assemblée nationale française, a déclaré : « En France, les parents ont la liberté de choisir le prénom de leur enfant à condition qu’il ne comporte pas d’accent d’une langue régionale. Quelle absurdité.
La seule solution à ce problème ? Changez la constitution. Aussi simple que cela.
L’Assemblée nationale française a adopté une loi sur les langues régionales en 2021, qui inclut le droit d’utiliser des accents comme le tild dans le nom Fach.
Mais cette partie de la législation a ensuite été invalidée par la Cour constitutionnelle, tout comme les dispositions relatives à l’enseignement immersif dans les langues minoritaires françaises.
Soutien
Les parents de Fach se disent prêts à aller en justice et préparent déjà leur dossier avec le soutien de militants linguistiques et de politiciens locaux.
Ils auront bon espoir de victoire après qu’une affaire similaire ait été résolue en faveur des parents d’un autre Fach.
En mai 2017, Jean-Christophe et Lydia Bernard se sont vu refuser l’autorisation d’enregistrer le nom de leur fils.
Le tribunal de Quimper/Kemper, où réside le couple, a estimé qu’autoriser l’usage de l’accent équivaudrait à briser la volonté de l’État de maintenir l’unité du pays et l’égalité sans distinction d’origine.
Ce jugement a été annulé en 2018, décision qui a finalement été confirmée par la Cour suprême de France en octobre 2019, plus de deux ans et demi après la naissance de l’enfant.
Le tild n’a pas été le seul sujet d’autoritarisme orthographique en France.
Le breton contenait également auparavant une lettre croisée K (), qui représentait le son Ker, qui, en vieux breton comme en gallois, signifie Caer, tel qu’il était utilisé à la fois dans les noms de lieux et de personnes.
Le gouvernement français a interdit l’utilisation de la lettre K barrée en 1985 et en 1955.
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