Le Conseil constitutionnel français a approuvé la réforme des retraites de Macron

Vendredi, le Conseil constitutionnel français a décidé de maintenir l’essentiel de la réforme impopulaire des retraites du président Emmanuel Macron, donnant son feu vert à une loi qui fera passer l’âge de la retraite du pays de soixante-deux à soixante-quatre ans. C’était le résultat le plus probable de la décision du 14 avril, les arbitres de la loi fondamentale française s’en tenant à leur instinct conservateur pour protéger le paquet gouvernemental. Dans une décision parallèle, il a rejeté une demande de référendum sur la réforme, bien qu’une demande distincte de vote national ait été soumise jeudi et sera jugée dans les semaines à venir.

Après avoir empoché cette victoire, Macron espère que la décision du conseil fera le lien avec sa réforme controversée en lui donnant une dose de légitimité institutionnelle dont il a désespérément besoin. Comme Macron l’a affirmé le mois dernier, la décision couronnerait la voie démocratique des lois, un euphémisme flagrant pour ses gouvernements musclés d’un paquet de réformes rejeté par une nette majorité du public français, une alliance des syndicats du pays et des partis d’opposition de la gauche. et droite.

La réforme des retraites de Macron est devenue la loi du pays sans jamais avoir fait face à un vote direct des élus à l’Assemblée nationale, où la coalition des présidents est en deçà de la majorité absolue. Outre l’échec des votes de censure à la chambre basse le 20 mars, la chose la plus proche que le gouvernement Macron doit approuver des législateurs a été un vote forcé imposé au Sénat au début du mois dernier. Cette refonte majeure du système de retraite du pays a été adoptée dans un blitzkrieg de cinquante jours grâce à l’utilisation d’une voie législative spéciale conçue pour la budgétisation des projets de loi.

Le déploiement sans scrupules de Macron de l’arsenal complet des prérogatives exécutives a poussé les partis d’opposition à prétendre qu’il a enfreint le Parlement, alors que les Français se penchent sur les éléments les plus obscurs d’une constitution conçue pour favoriser la présidence. Mais selon le Conseil constitutionnel, le déploiement de ces tactiques sur un sujet aussi important pour le pacte social du pays que l’âge de la retraite restait dans les limites des stipulations constitutionnelles sur le respect du délibéré parlementaire.

Le conseil a jugé que s’il y avait un caractère inhabituel aux pouvoirs déployés par le gouvernement Macron, cela n’avait finalement pas pour effet de rendre le processus législatif contraire à la Constitution.

Le texte est arrivé au terme de son processus démocratique, la Première ministre Elizabeth Borne tweeté peu de temps après la décision du conseil. Ce soir, il n’y a ni vainqueur ni vaincu.

Pour les opposants à la législation, cependant, cette décision ne fait pas grand-chose pour dissimuler ce qu’ils prétendent être les lois béantes de l’illégitimité démocratique. La décision de ce soir va relancer le mouvement d’opposition à cette réforme, a déclaré à la presse la nouvelle élue CGT Sophie Binet devant la mairie de Paris, où des milliers de personnes se sont rassemblées vendredi soir pour protester contre cette décision. Macron, quant à lui, a déclaré qu’il espérait maintenant reprendre un dialogue brisé avec les représentants des travailleurs, mais les dirigeants syndicaux ne demandent pas aux membres d’annuler les grèves et ont refusé de parler avec le président avant les manifestations du 1er mai. Tôt samedi matin, Macron a signé la législation. Il doit entrer en vigueur le 1er septembre.

J’espère que dans les prochains jours on continuera de voir une agitation populaire permanente, a déclaré Danile Obono, députée France Insoumise de Paris, à Jacobin. On n’allait pas tourner la page tant que cette réforme n’aurait pas été retirée. Ils ont remporté une victoire à la Pyrrhus. Ils vont payer pour ça pour le reste du mandat.

La décision de Macron d’écraser l’opposition parlementaire et publique était imprudente en soi et risque d’aggraver un certain malaise démocratique. C’est quelque chose que le Rassemblement national de Marine Le Pens espère exploiter dans les années à venir, même si la vedette politique lui a été volée ces derniers mois par des grèves ouvrières et des manifestations de rue. Quelle sera la valeur des avertissements sur la menace que Le Pen fait peser sur les institutions françaises, après qu’un président soi-disant modéré les ait si effrontément déformées à son gré ?

Le problème plus profond, comme l’indique peut-être la décision des conseils, est que Macron avait une voie qui a rendu son coup de force possible et il l’a prise. Si nous examinons strictement la loi, il n’est pas très facile de justifier l’affirmation selon laquelle le processus a été inconstitutionnel, déclare Bastien François, politologue et constitutionnaliste à la Sorbonne. Politiquement, il est plus que clair qu’il s’agissait d’une décision dangereuse. Juridiquement parlant, c’est plus compliqué.

Il y avait encore un certain nombre de motifs juridiques possibles pour censurer cette loi, soutient la députée européenne France Insoumise Manon Aubry. La sincérité du débat parlementaire n’a pas été respectée. . . . il y avait une série de pouvoirs techniquement constitutionnels utilisés de manière abusive pour faire passer une réforme des retraites par une voie destinée à la budgétisation de la sécurité sociale.

Mais même si l’on admet que la jurisprudence sur laquelle on aurait pu s’appuyer pour censurer la gestion gouvernementale de la réforme des retraites est faible, cela est lui-même en partie un symptôme de l’interprétation restrictive de la Constitution par le Conseil constitutionnel. Dans son travail opportun de 2023 La Constitution maltraitée : Anatomie du Conseil constitutionnella constitutionnaliste Laurline Fontaine appelle cela la désillusion sociale du Conseil constitutionnel avec les gardiens de la constitution au mépris des stipulations sur le caractère social de la République que Charles de Gaulle a admis à contrecœur dans le texte lors de son adoption en 1958. Le conseil constitutionnel a mettre de côté les dispositions sociales de la constitution française, dit Fontaine jacobin.

La décision de vendredi est un autre rappel de l’absence de véritables contrôles institutionnels sur l’exécutif dans la Ve République française. Si le Conseil constitutionnel est officiellement chargé de vérifier la constitutionnalité des lois, l’organe sert le plus souvent à valider la volonté du gouvernement en place.

Le traitement par les conseils de la réforme des retraites de Macron fournit un cas d’école de la compréhension minimale de l’organisme en matière de contrôle constitutionnel. Laissant la pièce maîtresse du paquet intacte (la hausse de l’âge de la retraite), le conseil a rejeté comme inconstitutionnels deux petits éléments inclus dans la législation en réponse aux critiques concernant le problème du chômage en fin de carrière. Il s’agissait de ce que l’on appelle l’indice des seniors, qui aurait permis à certains employeurs de communiquer des statistiques sur le nombre d’employeurs âgés dans le personnel ; puis la création de contrats spéciaux avec exonérations de charges sociales destinés à inciter les entreprises à embaucher des travailleurs en fin de carrière.

En fait, beaucoup pensent que le gouvernement a inclus ces mesures précisément pour donner au Conseil constitutionnel quelque chose à censurer. Les ministres macronistes ont même publiquement déploré que des mesures telles que les exonérations incluses dans le but de s’attirer les faveurs des parties de centre-droit de l’opposition saperaient la mission plus large d’une loi conçue pour faire des économies budgétaires.

Les conseils de sages de la rue de Montpensier, comme on les appelle dans le jargon politique français, réunissent neuf personnalités nommées séquentiellement par le président de la République et les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Six de ses membres actuels ont rejoint le banc depuis l’entrée en fonction de Macron, ce qui signifie qu’ils ont été choisis soit par le président lui-même, soit par le chef de son parti à l’Assemblée nationale, soit par le chef du sénat de l’opposition loyale de centre-droit.

Deux de ses membres ont été ministres sous Macron, Jacqueline Gourault ayant quitté le cabinet en mars 2022 pour rejoindre le conseil. Alain Jupp, ancien chef d’une faction clé du centre droit qui a rejoint la coalition des présidents depuis 2017, était Premier ministre lors d’une tentative ratée de réforme du système de retraite en 1995, un plan finalement retiré face à la pression populaire. Bien que l’actuel chef des conseils, Laurent Fabius, soit en désaccord personnel avec Macron, il a siégé aux côtés de Macron pendant deux ans de réunions du cabinet sous la présidence de François Hollande, lorsque lui et Macron étaient respectivement ministre des Affaires étrangères et ministre de l’Économie.

Cela fait deux anciens premiers ministres, deux anciens ministres, deux anciens députés et trois autres personnes intimement liées au pouvoir gouvernemental, dit Fontaine. Il est bien connu que vous nommez au Conseil constitutionnel des personnes qui veilleront à ce que l’instance agisse comme elle l’a fait pendant des décennies, modifiant peu les lois tout en prononçant de temps en temps une réprimande symbolique de mesures marginales.

Au-delà de la proximité idéologique, professionnelle et personnelle avec Macron, la culture du Conseil constitutionnel telle qu’elle s’est développée fait de celui-ci un groupe extrêmement sensible et familier aux souhaits d’un gouvernement en place. Le conseil a été conçu comme le miroir des acteurs qui l’entourent pour ne pas interrompre ce qu’ils veulent faire, explique Fontaine. [It] fonctionne plus comme une annexe du gouvernement que comme un véritable pouvoir de contrepoids fondé sur la volonté populaire.

On pourrait objecter qu’une cour constitutionnelle ne doit pas être poreuse aux aléas de l’opinion publique. Mais il y a des moments où la nécessité de préserver les institutions dirigeantes d’une société exige une sensibilité aux souhaits de cette société. Le président et sa bande ont également été confrontés à ce choix et ont décidé d’opposer l’autorité technique à la légitimité démocratique substantielle.

En fin de compte, il n’y avait aucun moyen que la décision de vendredi ne soit pas politique. [This decision] agite une crise politique croissante dans ce pays, dit Aubry. Que tout tombe sur ces neuf personnes ne peut pas être un moyen décent de sceller l’avenir du pays. Ce n’est pas crédible.

Macron se déchaîne, aidé par des institutions déconnectées qui laissent une société fatiguée avec peu de moyens de contrôler son pouvoir.

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