Le chef du nucléaire de l’ONU a des pourparlers constructifs en Iran après la découverte d’uranium de qualité militaire
La visite de deux jours du directeur général en chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) intervient alors que l’organisation basée à Vienne cherche à renforcer la coopération avec l’Iran sur ses activités nucléaires.
« En ayant une discussion constructive (…) et en ayant de bons accords, comme je suis sûr que nous allons en avoir, nous allons ouvrir la voie à des accords importants », a déclaré Grossi lors d’une conférence de presse aux côtés du haut responsable nucléaire iranien Mohammad Eslami.
Dans sa série de rencontres avec des responsables iraniens, Grossi a rencontré le président Ebrahim Raisi.
Raisi a reconnu que « la coopération est une voie à double sens… (et) peut continuer sur la base du maintien de l’indépendance de l’agence et des droits de la nation iranienne », a tweeté le député politique de la présidence iranienne, Mohammad Jamshidi.
Une source diplomatique avait déclaré plus tôt à l’AFP que la rencontre avec Raisi visait à « relancer le dialogue » sur les travaux atomiques de l’Iran et à « réinitialiser les relations au plus haut niveau ».
Grossi est arrivé vendredi en Iran au milieu d’une impasse dans les négociations sur la relance d’un accord historique de 2015 sur l’activité nucléaire de l’Iran, connu officiellement sous le nom de Plan d’action global conjoint, ou JCPOA.
Des particules d’uranium enrichies jusqu’à 83,7% juste en dessous des 90% nécessaires pour produire une bombe atomique ont été détectées dans l’usine souterraine iranienne de Fordo à environ 100 kilomètres (60 miles) au sud de Téhéran, selon un rapport confidentiel de l’AIEA consulté par l’AFP cette semaine.
L’Iran nie vouloir acquérir des armes atomiques et affirme qu’il n’a fait aucune tentative pour enrichir de l’uranium au-delà de 60 % de pureté.
Le gouvernement iranien a cependant déclaré que « des fluctuations involontaires… peuvent s’être produites » pendant le processus d’enrichissement.
La découverte est intervenue après que l’Iran eut substantiellement modifié une interconnexion entre deux clusters de centrifugeuses enrichissant de l’uranium, sans le déclarer à l’AIEA.
‘Obligations’
Samedi, Eslami, qui dirige l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a appelé toutes les parties à l’accord de 2015 à remplir leurs « obligations ».
« Trois pays européens et quelques autres pays se concentrent uniquement sur les obligations de l’Iran dans le cadre du JCPOA », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse. « Eux aussi ont des obligations qu’ils doivent respecter. »
« Nous nous sommes mis d’accord (avec Grossi) pour définir notre coopération dans le cadre des garanties » sur l’activité nucléaire, a-t-il ajouté.
« Les autorités compétentes prendront une décision » si une résolution est trouvée, et l’agence atomique iranienne respectera cette décision, a-t-il déclaré.
« L’Iran ne sacrifie jamais ses intérêts nationaux pour quoi que ce soit d’autre », a déclaré Eslami.
Selon le résultat du voyage de Grossi, les États-Unis ainsi que la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne décideront de soumettre ou non un projet de résolution censurant l’Iran au conseil des gouverneurs de l’AIEA, qui doit se réunir la semaine prochaine à Vienne.
Grossi a également rencontré samedi le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, a rapporté l’agence de presse officielle IRNA.
Et lors de sa visite, il visait à obtenir « plus d’accès au site (de Fordo), plus d’inspections », a indiqué la source diplomatique.
« Une plus grande coopération »
L’accord de 2015 entre l’Iran et les puissances mondiales promettait à Téhéran un soulagement des sanctions économiques mordantes en échange de restrictions sur ses activités nucléaires.
Les restrictions énoncées dans l’accord, y compris le seuil d’enrichissement de 3,67 %, visaient à empêcher l’Iran de développer une arme nucléaire.
Les États-Unis se sont retirés unilatéralement du pacte en 2018 sous le président de l’époque, Donald Trump, et ont réimposé des sanctions, incitant l’Iran à suspendre la mise en œuvre de ses propres engagements.
Les négociations visant à relancer l’accord ont commencé en 2021 mais sont au point mort depuis l’année dernière.
La visite de Grossi est considérée en Iran comme une autre indication qu’une approche basée sur le dialogue pour résoudre l’impasse nucléaire est possible.
« On espère que ce voyage constituera la base d’une plus grande coopération et d’un horizon plus clair entre l’Iran et l’AIEA », a déclaré le porte-parole de l’agence atomique iranienne Behrouz Kamalvandi avant la visite de Grossi.
En novembre 2022, les pays occidentaux ont critiqué l’Iran pour son manque de coopération après la découverte de traces d’uranium enrichi sur trois sites non déclarés.
Grossi, qui s’est rendu pour la dernière fois en Iran début mars 2022, doit tenir une conférence de presse à son retour à Vienne samedi en fin d’après-midi.
(AFP)