Le cas de Betharram est-il un cas isolé? En France, violence éducative à longue durée

« Il est certain qu’il y aura d’autres Betharram en France », a assuré le 21 février Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de cette Lycée catholique située à Lestelle-Bétharram (Pyrénée-Atlantique). Depuis lors, les plaintes concernant cet établissement s’accumulent et partout en France, d’autres voix sont soulevées pour dénoncer La violence psychologique, physique et parfois sexuelle a souffert dans d’autres institutions privées de la France. Des accusations qui sembleraient tirer une époque lorsque la violence à l’école était courante.

Le Notre-Dame du Sacré Coeur College, connu sous le nom de « Cendrillon » à Dax (Landes), qui en 2003 est devenu Saint-Jacques-de-Compostela; Saint-François-Xavier d’Ustaritz College (Pyrénée-atlantique); Mais aussi Notre-Dame de Garaison à Monléon-Magnoac (Hautes-Pyrénée), un collège fréquenté par l’ancien Premier ministre Jean Castex; L’ancien collège catholique pour les garçons de Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon (Finistère). Les anciens étudiants de ces établissements ont dénoncé la violence qu’ils ont souffert entre la fin des années 1960 et le début des années 1990.

« C’était sadique, perverse. Hyperviolence. rappeler Sud-ouest Un ancien étudiant du Saint-François-Xavier College à Ustaritz. Violence physique « terrible », raconte Télégramme Un homme de 67 ans, a fait ses études dans les années 1970 au Saint-Pierre College de Relecq-Kerhuon.

« Nous nous sommes littéralement massacrés », a-t-il déclaré.

« Ce sont les mêmes établissements, les mêmes profils de prêtre, la même façon de maltraiter les enfants », déplore Gilles, à l’origine d’un collectif des victimes du Collège d’Ustaritz. Il dénonce la violence « utilisée comme prétexte pour nous éduquer soi-disant ».

Une tradition de punition corporelle

Les punitions du corps à l’école, une forme de tradition pendant l’histoire? C’est ce que cette gravure du XIXe siècle suggère qui présente un maître d’école avec une ferule dans la main (une baguette en bois à l’extrémité plate et prolongée utilisée pour frapper les mains des écoliers).

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« La violence physique en classe vis-à-vis des enfants a longtemps été considérée comme quelque chose de normal, ce n’était pas un débordement », souligne BFMTV.com l’historien de l’éducation Claude Lelièvre.

« Les sanctions corporelles ont été non seulement admises, mais elles faisaient partie de la pédagogie. »

Cependant, la punition corporelle est officiellement interdite depuis la fin du XVIIIe siècle en France. L’interdiction est renouvelée dans les collèges en 1809 et prolongée dans les décennies suivantes aux écoles primaires, rappelle l’historienne Isabelle Poutrin dans le Dictionnaire de fouet et de fessée, correct et punir qu’elle a co-écrit.

Statut sur les écoles primaires élémentaires municipales Indique en 1834 que « les étudiants ne pourraient jamais être frappés ». Les seules punitions admises sont alors « un ou plusieurs mauvais points », « la réprimande », « le retour d’un ou plusieurs billets de satisfaction », « la privation de tout ou partie des loisirs, avec une tâche extraordinaire », « à genoux pour une partie de la classe ou des loisirs », « l’obligation de porter un signe décevant la nature de la faute » ou même « le déclenchement provisoire de l’école ».

Sous l’impulsion de Jules Ferry, qui était ministre de l’Éducation publique et président du Conseil à plusieurs reprises, un nouveau règlement de 1882 réaffirme l’interdiction des châtiments corporels. « Pour Jules Ferry, c’était une pause républicaine, une façon de se démarquer des écoles religieuses où ce type de punition était traditionnellement plus pratiqué », analyse Claude Lelièvre.

Le « droit de correction »

Tout au long du XIXe siècle, «il y a une répétition des réglementations qui visent à interdire la punition corporelle», analyse pour bfmtv.com Isabelle Poutrin, professeur d’histoire à l’Université de Reims Champagne-ardenne. « Ce qui donne l’impression d’un certain piétinement. »

Et pourtant, malgré les réglementations, les décrets et la circulaire, le «droit de correction» se poursuit. Un exemple éloquent: la Lycée Louis-le-Grand, une prestigieuse école parisienne au deuxième degré, a eu environ 13 donjons en 1837 pour punir les élèves.

La justice semble également rester ambivalente sur le sujet. « En 1889, un jugement de la Cour de cassation a admis un droit de correction pour les enseignants de la même manière que celui attribué aux parents », a ajouté l’historien de l’éducation Claude Lelière.

Ceci est expliqué en particulier par le fait que les familles pratiquent également dans l’intimité les sanctions corporelles.

« Les parents demandaient à ce moment-là une punition, d’une éducation sévère pour élever des enfants au dure », souligne l’historien Isabelle Poutrin. « Le« dressage »des enfants dans des établissements connus pour visser les étudiants justifiait le« droit de correction »des maîtres. »

Le Notre-Dame de Garaison College de Monléon-Magnoac, était en effet réputé pour sa discipline envers les décrocheurs des étudiants. « C’était un dressage », dénoncé en ces termes Pour la radio France, un de ses anciens résidents.

Si au 20e siècle, le droit de la «correction» des enseignants disparaissait des textes officiels, le fait reste latent. « Nous avons trouvé une juridiction à Sarlat (Dordogne, note de l’éditeur) qui a reconnu en 1997 que le » droit de correction « était une utilisation », note Isabelle Poutrin.

Depuis 2019, la violence éducative ordinaire – ces violences verbales, psychologiques et physiques, y compris la fessée – a été réprimée par la loi. Le code pénal Rappelle également que la violence est passible d’une peine d’emprisonnement de trois ans et de 45 000 euros amende. En particulier lorsqu’ils sont commis sur une mineure de quinze ans et par une personne en charge d’une mission de service public.

Article original publié sur bfmtv.com

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