L’art et la littérature françaises font écho aux préjugés anti-islamiques (universitaire)
Le sentiment anti-musulman en France, en particulier dans la sphère publique, se reflète également dans l’art et la littérature françaises, selon un spécialiste turc du multiculturalisme.
S’adressant récemment à l’Agence Anadolu (AA), Nagihan Halilolu, qui enseigne la littérature comparée à l’Université Ibn Khaldun d’Istanbul, a évalué l’impact du sentiment anti-musulman croissant sur la littérature et l’art en France.
Halilolu a déclaré que le sentiment anti-musulman en Occident est le résultat d’une ingénierie sociale.
Elle a déclaré que les politiciens ciblent les musulmans, non pas pour résoudre des problèmes tels que les droits des femmes, l’égalité et la justice, mais pour apaiser les électeurs.
« En Occident, l’Islam et les valeurs islamiques ont été utilisés à chaque époque pour effrayer et maîtriser les communautés non musulmanes. Les politiciens disent au public : ‘Est-ce cela que vous voulez devenir ?' », a-t-elle déclaré.
Les questions non résolues
Halilolu a souligné que la tendance à présenter l’Islam de manière négative ne se limite pas à la politique, mais que les valeurs islamiques sont également ciblées à travers l’art et la littérature en France.
Elle a déclaré que l’auteur français primé Michel Houellebecq est l’un des représentants les plus éminents du sentiment anti-musulman dans la littérature.
« Dans son roman Soumission, Houellebecq aborde la question de ‘l’islamisation de la France’ et vise à faire comprendre aux Français à quel point il est éloigné de la culture européenne d’avoir un pays musulman à la tête du pays », a-t-elle déclaré.
Le roman représente une situation dans laquelle un parti musulman défendant les valeurs islamistes et patriarcales est capable de remporter l’élection présidentielle de 2022 en France.
« L’Islam aide la société européenne à discuter des questions dont elle veut parler mais qu’elle n’a pas formulées. Dans la France islamisée, la première chose que le public veut faire est de confiner les femmes chez elles, et cela devient une situation dont les Français se contentent. Les Européens qui connaissent le monde islamique uniquement grâce aux informations qui leur sont présentées croient que cela se produit dans les pays musulmans », a-t-elle déclaré à propos du roman.
Halilolu a déclaré que l’ampleur du sentiment anti-musulman en France est plus profonde que dans d’autres pays européens en raison des traumatismes passés.
« Tout au long de l’histoire, les Français ont toujours été les plus désireux de diffuser leur culture parmi les populations européennes. L’esprit français ne comprend pas très bien un musulman qui n’accepte pas pleinement la francité. Derrière cette non-acceptation se cachent des traumatismes importants. »
« Même la séparation délibérée de l’Algérie de la France est un traumatisme majeur pour les Français. Si l’on y ajoute les défaites coloniales, la situation actuelle apparaît. Le sentiment anti-islam en France est un moyen de réprimer la défaite », a-t-elle conclu.