L’ancien président Hollande fait un retour surprise aux élections françaises
L’ancien président socialiste français François Hollande a annoncé samedi qu’il se présenterait à nouveau aux élections parlementaires, dernier rebondissement politique après que son successeur Emmanuel Macron a convoqué de manière inattendue des élections législatives anticipées.
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La dissolution du Parlement par Macron après la victoire de l’extrême droite française aux élections parlementaires européennes a rapidement redessiné les lignes de la politique française.
Une nouvelle alliance de gauche a émergé et le chef du principal parti de droite a annoncé qu’il était prêt à soutenir une alliance avec l’extrême droite, déclenchant des luttes intestines au sein de son parti.
Samedi, la police a estimé qu’un quart de million de personnes avaient manifesté dans toute la France contre la perspective de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite.
Mais il est loin d’être sûr que la fortune de l’extrême droite diminuera lors des élections législatives.
Hollande, président français de 2012 à 2017, a quitté ses fonctions avec un niveau d’impopularité record. Il est détesté par une partie de la gauche radicale et même la direction socialiste le considère avec méfiance.
Il a déclaré qu’il se présenterait comme député du sud-ouest de la Corrèze au sein du Nouveau Front populaire, un groupe de gauche formé pour les élections qui comprend les socialistes, l’extrême gauche, les Verts et les communistes.
« Soyez au service »
« Une décision exceptionnelle pour une situation exceptionnelle », a déclaré Hollande aux journalistes à Tulle, chef-lieu du département, expliquant son retour surprise.
« Je ne cherche rien pour moi », a-t-il insisté, après qu’une série d’apparitions dans les médias ait suscité des spéculations selon lesquelles il pourrait envisager un retour à l’Elysée lui-même.
« Je veux juste rendre service. »
Hollande a déjà soutenu la nouvelle large alliance de gauche, affirmant que nous « devons tous faire tout pour garantir que l’extrême droite n’arrive pas au pouvoir en France ».
Officiellement, le Parti socialiste a réagi froidement à cette décision, le président de sa commission électorale, Pierre Jouvet, ayant simplement déclaré qu’il « prenait note » de la candidature.
Mais un haut responsable du parti, sous couvert d’anonymat, s’est dit « dévasté » par la nouvelle, tout en concédant : « Nous avons dit que nous voulions la gauche la plus large possible ».
Les élections ont été convoquées par Macron après que le Rassemblement national (RN) d’extrême droite ait battu son propre parti centriste au pouvoir lors des élections européennes de la semaine dernière, enregistrant plus du double de ses voix.
Le premier tour est fixé au 30 juin et le second au 7 juillet.
Manifestations contre l’extrême droite
Samedi, dans toute la France, des manifestants se sont mobilisés contre la perspective d’une victoire de l’extrême droite et la possibilité que le chef du parti RN Jordan Bardella, 28 ans, puisse devenir Premier ministre.
« Je pensais que je ne verrais jamais l’extrême droite arriver au pouvoir et que maintenant cela pourrait arriver », a déclaré Florence David, 60 ans, qui a participé à la manifestation à Paris.
La nouvelle coalition de gauche a été confrontée à sa première crise samedi après que certains députés éminents du parti d’extrême gauche La France Insoumise (LFI) ont constaté qu’ils n’avaient pas été proposés pour se représenter.
Beaucoup avaient, à un moment donné, publiquement été en désaccord avec la figure de proue de LFI, Jean-Luc Mélenchon, et eux et leurs partisans au sein de la nouvelle alliance ont dénoncé une « purge ».
Dans une interview au journal 20 Minutes, Mélenchon a déclaré que personne n’avait la garantie d’un siège à vie.
« La cohérence politique et la loyauté au sein du premier groupe parlementaire de gauche sont également une condition nécessaire pour gouverner », a-t-il ajouté.
Mais il y avait aussi de la colère qu’Adrien Quatennens, un proche allié de Mélenchon, figure sur la liste des candidats malgré une condamnation en 2022 pour violences conjugales.
Sarkozy s’exprime
Un autre ancien président, Nicolas Sarkozy, est entré en conflit avec la décision d’Eric Ciotti, le leader du parti de droite Les Républicains, de rechercher un pacte électoral avec le RN.
La décision de Ciotti a provoqué la fureur au sein du parti et une décision de la direction de le limoger, ce qu’un tribunal de Paris a bloqué vendredi.
Sarkozy a déclaré au Journal du Dimanche que Ciotti aurait dû consulter la direction du parti sur la coalition et la soumettre au vote des membres.
« La question aurait alors pu être réglée calmement et clairement », a-t-il déclaré.
Mais il doutait de la sagesse d’une telle alliance, affirmant que les Républicains seraient les partenaires juniors.
De plus, a-t-il ajouté, le futur Premier ministre Bardella « n’a jamais été en mesure de gérer quoi que ce soit ».
(AFP)